Et si Gras Savoye reversait l’assurance des amateurs aux soignants ? Les drivers amateurs Pascal-Maurice Allais et Jean-Philippe Bazire ont le cœur sur la main. Leur idée de reverser deux mois de cotisations des drivers amateurs privés de courses aux personnels soignants est une preuve de générosité qui pourrait séduire Gras Savoye, la société de courtage qui assure la profession. L’UNAT freinerait pourtant des quatre fers. Incompréhensible !
« Impossible n’est pas Français ». Faut-il rappeler cette citation de Napoléon 1er aux élus de l’UNAT (Union Nationale des Amateurs du Trot) ? « Impossible », voici le seul retour dont s’est fendu la haute instance du trot amateur à la proposition de Pascal-Maurice Allais, le driver aux plus de 180 victoires dans l’hexagone. Pourtant, tout part d’une question de bon sens, d’une remarquable solidarité, d’une idée que chacun de nous devrait applaudir comme le font des centaines de milliers de nos compatriotes chaque soir à 20 heures. « Je suis parti du constat qu’on a souscrit en tant que driver amateur une assurance à Gras Savoye (société de courtage d’assurance, ndlr) pour douze mois à hauteur de 120 €. Vu qu’on a connu deux mois d’arrêt, deux mensualités ont été prélevées à des fins inutiles. Le calcul est alors simple. Nous sommes environ 650 amateurs sur le circuit. Parmi nous, visiblement à la louche, 250 possèdent un permis d’entraîner. Pour ces gens-là l’assurance est normale et obligatoire car ils sortent chaque jour leurs chevaux. Cela dit, nous sommes 400 simples amateurs qui ne faisons que courir. Je considère que ces licenciés n’ont pas eu besoin de cette assurance, donc j’ai proposé à l’UNAT de se rapprocher de Gras Savoye pour tenter de récupérer cette somme dans le but de la reverser aux personnels soignants avec un grand « S ». Cette couverture nous coûte 10€ par mois. Vous la multipliez donc par deux mois et par 400 personnes ce qui donne un montant de 8000 € qui pourrait être alloué aux agents hospitaliers qui sauvent chaque jour des vies. Je ne demande rien d’autre à l’UNAT que de formuler cette requête à l’assureur afin d’obtenir un geste commercial pour la bonne cause. J’ai exprimé avec le soutien de mon ami Jean-Philippe Bazire cette hypothèse via les réseaux sociaux. Le seul retour qui me soit parvenu se résume à un mot sec et cinglant : « Impossible ! ». Ça m’a un peu agacé. J’aurai préféré qu’on me dise, on va voir et se renseigner ». "Mettre un coup de pression à l'UNAT" Agacé ou plutôt écoeuré par cet acte bienveillant non suivi de faits. Par ce non qui a tout de catégorique alors qu’il n’appartient qu’à quelques personnes, certes élues, tandis que de nombreux témoignages de soutien sont parvenus à Pascal-Maurice. « J’ai envie de mettre aujourd’hui un coup de pression à l’UNAT pour rappeler à ses responsables que je ne demande pas grand-chose, juste de prendre contact avec Gras Savoye. Mais au moins qu’ils fassent une démarche crédible et chiffrée. Je ne connais pas la santé financière de Gras Savoye, mais s’ils font un geste de 3000, 5000 voire 10000 €, je ne pense pas que ça va les faire couler », reprend l’amateur des Hauts de Seine. Avec un chiffre d’affaires oscillant en 2018 autour des 400 millions d’euros, la société rachetée en 2015 par Willis Towers Watson, leader dans son secteur d’activité, est même devenue le sponsor officiel du Prix d’Amérique 2020, de la Triple Couronne et du Tryptique. Ce courtier en assurances a en effet les reins solides. Et personne ne peut deviner si son pari réalisé sur les courses hippiques ne serait pas suivi d’un nouvel élan de solidarité. Car comme tout le monde le sait, les Britanniques ne sont pas les derniers à assurer, dans tous les sens du terme, dès qu’on touche au cheval sacré. Cependant, si l’UNAT ne fait pas le premier pas… "J’ai tendu la perche à tout le monde, personne ne l’a prise" « Si j’avais exigé une déduction l’an prochain sur les cotisations, si j’avais réclamé qu’on nous rembourse les 20€, on aurait pu me dire tu fais un peu chier le monde, mais il ne s’agit que d’une démarche humanitaire. On récupère cet argent et on fait une belle action. Si l’UNAT, la SECF et Gras Savoye veulent se donner la main, il y a un joli truc à faire. Pour l’heure, j’ai tendu la perche à tout le monde, personne ne l’a prise. Je n’ai aucune gloire à tirer de cette proposition si un jour ça fonctionne. On fait juste un geste à notre petit niveau envers les soignants. Je ne veux pas entrer en guerre avec qui ce soit, je veux simplement réveiller les consciences. Soyez gentils faites une bonne action ! Je bouillonne un peu même si pour l’instant je préfère rire devant tant de je-m’en-foutisme à l’heure où l’union est nécessaire ». Fabrice Rougier Photo : Pascal-Maurice Allais lors de la Coupe des Amateurs cet hiver à Vincennes. |