Tarnawa se fait un nom à Paris Trois Groupe I et nombre d’épreuves semi-classiques, où l’on parlait forcément d’Arc de Triomphe, le programme avait de quoi charmer les « galophiles » ce dimanche à ParisLongchamp. Les années passent, les générations s’enchaînent mais les couleurs de la casaque Aga Khan ne se délavent jamais. Douze ans après la championne Zarkava, dont le parallèle paraît évident, Christophe Soumillon a dû revivre les mêmes sensations en selle sur Tarnawa qui réalisait ses grands débuts sur le sol français dans le Prix Vermeille (Grp. I). Si la représentante de Dermot Weld n’avait jusqu’alors pu briller à ce niveau en son royaume, elle a surpris par son accélération à 300 mètres du but pour passer trois longueurs à Raabihah, quatrième du Prix de Diane, et à Diane Millot, le choix de Frankie Dettori. Christophe Soumillon avait déjà fait sien un peu plus tôt le Prix Dragon (Grp. I) avec Fazza Al Khaledia dont le jeu de jambes surprenait Messi pour son essai au plus haut niveau. Pas plus de victoire française il n’y eut dans le Grand Prix de Paris (Grp. I) où Mogul, fils de Galileo comme l’était Japan vainqueur de la précédente édition, stoppait net tout suspense à la distance. Encore une fructueuse première traversée de la Manche qui condamnait In Swoop à une belle deuxième place attestant de la qualité du lot que le poulain de Francis-Henri Graffard venait de devancer dans le Derby allemand. Galileo et les Britanniques en remettaient même une couche dans le Prix Foy (Grp. II) à l’issue d’une sèche explication entre Anthony Van Dyck et Stradivarius. L’orage passé, les professionnels français ont profité d’une éclaircie dans les Groupe III. Air de Valse fournissait sa meilleure valeur pour monter de catégorie avec à-propos dans le Prix du Petit Couvert alors que Earthlight réglait Tropbeau, sa compagne d’écurie, pour un jumelé Fabre dans le Prix du Pin.
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Facile Time Bourbon !!! 1'09''4 en tirant dessus comme on dit dans le jargon. Le champion de Sébastien Guarato n'a fait qu'égaler le record de Vincennes qu'il détenait déjà depuis le Prix René-Ballière sur 2100 mètres lancés. Dans le Prix de l'Etoile, couru ce samedi, il fallait pourtant composer avec cent mètres supplémentaires et une introduction voltée. La marge de progression de Face Time Bourbon reste donc à ce jour la seule vraie inconnue. Car d'un point de vue sportif, si Falcao de Laurma, Zacon Gio et Davidson du Pont sont déjà parvenus à le devancer, on voit mal qui pourrait, depuis cet été, se permettre de lui marcher sur les sabots. Face à des poulains de 3 ans, à qui il rendait cinquante mètres, mais qui ont tout donné à l'image de Hooker Berry pour éviter la correction, Face Time Bourbon a pris son temps pour faire la jonction avec l'élève de Jean-Michel Bazire et le tenant du titre Féliciano puis a terminé en roue libre, Björn Goop n'ouvrant les mains qu'à deux cents mètres du poteau sans voir poindre la moindre rébellion. Epoumonés, les 3 ans laissaient filer les accessits dans les derniers mètres au profit de Frisbee d’Am et de Fakir de Lorault. Ready Cash a peut-être conçu la plus belle machine à trotter de tous les temps. Avec onze Groupe I au compteur à seulement 5 ans, Face Time Bourbon est bien parti pour pulvériser des records. A son âge, Bold Eagle n’en comptait que huit, Ourasi six, son géniteur quatre. Un palmarès à son image : exceptionnel.
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Flamme du Goutier allume le feu Douze ans après Prince Gédé, Thierry Duvaldestin s’est offert ce samedi à Vincennes son deuxième Prix de Normandie (Grp. I). Presque à pas feutrés. Un coup de poker ! Un coup de maître. Débutant au trot monté, deux semaines après sa troisième place dans le Critérium des 5 ans, Flamme du Goutier, qui n’avait jusqu’alors jamais pour ainsi dire porté l’homme, s’est permis le luxe de décramponner le favori Feeling Cash (désormais huit fois placé au niveau Groupe I) avant de défier victorieusement (et facilement !) Flèche Bourbon qui n’est autre que l’une de nos « Président de la République ». A quatre mois du Prix de Cornulier et à seulement quinze jours du Prix des Elites les cartes sont redistribuées. Fado du Chêne, très plébiscité, parviendra t’il quant à lui à rassurer Julien Le Mer après sa nouvelle disqualification dans le bas de la descente ? Bien des questions restent posées sous le regard averti de Bilibili. Seules certitudes à l’issue de ce tournoi classique, Flamme du Goutier devrait nous réchauffer durant tout l’hiver, Feeling Cash n’aura toujours pas permis à Philippe Allaire d’avoir la panoplie complète des Groupe I monté de l’hexagone, et Antoine Wiels, l’homme de confiance de Jean-Paul Marmion, enrichit son patrimoine d’un premier Groupe I. Une distinction ô combien méritée.
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Dostoïevski remporte sa série sur 400 mètres Elément à la générosité débordante et aux fins de courses tranchantes, Dostoïevski a accueilli ce samedi son troisième Quinté dans le Prix de Moulins-la-Marche. Sans Jean-Michel Bazire ni Eric Raffin, mais avec Nicolas dont l’entente avec ce représentant de l’écurie des Charmes fut une fois encore vérifiée. Au terme de 2850 mètres rondement menés, avec d’incessants relais, le fils de Ganymède n’a eu besoin que de la ligne droite et de son redoutable changement de vitesse pour écarter au sprint Black Jack From un autre spécialiste de ce type de joutes parisiennes. Déferré des quatre pieds pour l’occasion, Diablo du Noyer subtilisait côté corde le dernier accessit au favori Dreambreaker qui avait dû contrer cinq cents mètres plus tôt un Jerry Mom très menaçant. Malheureusement pour Luc Roelens, l’associé de David Thomain versait soudainement sur sa droite dans la partie rectiligne et perdait sa place dans la bonne combinaison au profit d’Alinéa qui figurera désormais en « black type » sur les carnets des turfistes. Son incroyable come-back, après avoir hypothéqué le plus clair de ses chances à la volte, ne peut pas rejoindre les vulgaires souvenirs sans lendemain.
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Queen of Love vers un couronnement classique Le Prix Coronation (Listed) ouvert aux pouliches de 3 ans (qui n’est en rien semblable à la Coronation Cup si chère à nos amis anglais, ndlr) édulcorait une réunion clodoaldienne de transition. Mais, assez souvent, émerge le sensationnel là où on ne l’attend pas toujours. Après avoir ouvert d’un nez, dans un lot d’inédits, son palmarès à Deauville, Queen of Love, une fille de Kingman, effectuait ce vendredi sa rentrée des classes n’ayant plus été revue depuis. Face à des adversaires de la taille de Speak of the Devil, battue du minimum dans la Poule d’Essai des Pouliches, ou de Bionic Woman, elle aussi placée de Groupe I, si la tâche n’était pas insurmontable, elle avait de quoi refroidir plus d’une cliente. Fraîche et ne demandant à Pierre-Charles Boulot dès la sortie des boîtes qu’à galoper librement, la pouliche présentée par André Fabre fût rapidement positionnée en tête par son jockey puis, sur un simple changement de vitesse, s’est débarrassée des sept autres ambitieuses pour rester invaincue dans une décontraction qui en dit long sur sa faculté à absorber goulûment les échéances classiques qui se présenteront à elle. Malgré une belle fin de course, Speak of the Devil devait encore se résoudre à la deuxième place devant Bionic Woman, Dream Memory et Ellerslie Lace finissant dans cet ordre mais au coude à coude. Queen of Love présente déjà quelques atouts pour prétendre au trône de sa génération. On peut confier en fermant les yeux l’organisation du couronnement aux royaux André Fabre et Pierre-Charles Boudot.
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Marie Vélon court vers le plus beau cadeau du monde Depuis trois saisons, Marie Vélon enfile les succès, notamment pour son patron Jean-Pierre Gauvin.
Passée professionnelle en fin d’année passée, Marie Vélon a su démontrer que la décharge n’était qu’un simple argument pour atteindre plus facilement le sommet. A 21 ans, la jockey au service de Jean-Pierre Gauvin effectue la course à la cravache d’or féminine avec une confortable avance après un fantastique meeting de Vichy où la pastille fut du reste dure à avaler pour l’opposition. Aux portes du Top 10 de la profession, elle peut aussi désormais s’appuyer sur l’agent Jules Susini pour toucher ses rêves. Sur les hippodromes, on se l’arrache. Plus une réunion ne se déroule sans que le nom de Marie Vélon s’invite sur les lèvres de la profession. A 21 ans, l’Aindinoise de Châtillon-sur-Chalaronne s’est frayé un chemin dans l’épineuse jungle des jockeys. Deux années, pas une de plus, lui ont suffi pour atteindre les 86 victoires synonymes d’un passage chez les pros et depuis… rien n’a changé. Mieux même, elle s’est emparée dans la foulée du leadership chez les femmes-jockeys, totalisant depuis le début de l’année 47 victoires tout en faisant jeu égal, aux portes du Top 10, avec des pilotes d’envergure comme Ioritz Mendizabal, Julien Augé, Anthony Crastus ou Eddy Hardouin. Cette cravache d’or féminine qui n’était qu’un doux désir d’adolescence s’est soudainement transformée en hypothèse. Un avènement que personne n’a pour ainsi dire vu venir, si ce ne sont ses acteurs. « En début d’année, c’est sûr, juste après la perte de ma décharge, je n’y pensais pas une seconde. Et puis, nous avons vécu un été exceptionnel avec vingt succès sur le seul mois d’août. A Vichy, comme tous les chevaux de l’écurie de Jean-Pierre Gauvin sont arrivés en forme j’ai pu creuser l’écart sur mes poursuivantes (seize victoires la séparent aujourd’hui d’Axelle Nicco, ndlr). Petit à petit, on s’est mis à y croire. Puis, cette cravache est au fil des semaines devenue un objectif. Depuis juillet, je monte davantage pour l’extérieur car je travaille avec un agent - Jules Susini - mais l’éternel soutien de Jean-Pierre Gauvin a été fondamental pour y parvenir », rappelle Marie. "Jean-Pierre Gauvin est un génie" Le « nous » revient alors inlassablement dans chacun de ses propos. Jamais ceux qui l’entourent ne s’écartent du sujet. La pilote l’assure, elle doit sa réussite à un environnement sain. « Se donner à fond dans son travail est indispensable, mais sans l’entière confiance, de mon patron et celle de ses propriétaires, tout ceci n’aurait pas été possible. C’est la base de tout. La décharge pour les jeunes-jockeys a accéléré ma période d’apprentissage, c’est indéniable, mais avantage de poids ou pas, Jean-Pierre Gauvin continue à nous accorder du crédit. Il est d’une grande patience, il transmet de l’assurance. C’est un homme de cheval tout simplement. Je pourrai faire des louanges sur lui pendant des heures. Il mérite tout ce qui lui arrive. C’est un génie. Depuis le début de notre collaboration, Jules joue également un rôle déterminant. Il est hyper investi dans son travail et motivé. C’est un vrai compétiteur tel que nous pouvons l’être sur la selle. Il se plie en quatre pour nous. Et puis, il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. Depuis l’âge de 12 ans je monte à cheval. Bien avant d’entrer à l’Afasec, mon oncle, Eric Antoinat, m’emmenait chez l’entraîneur de Chazey Bernard Goudot qui m’a fait adorer ce métier. Aujourd’hui, je me dis qu’il m’a vu grandir et quand je parviens à gagner pour lui, je suis encore plus fière. C’est super loin, mais ces choses-là ne s’oublient pas », reprend un jockey au cœur tendre, à l’esprit combatif. Mesurée, mais décidée. Lucide, mais entreprenante. « J’étais extrêmement déterminée en quittant Chantilly pour venir m’installer dans la Loire. J’ai bossé dur pour ne jamais rien regretter. Quand on dit que le travail finit toujours par payer, je peux assurer que c’est vrai, que ce ne sont pas que des paroles en l’air. La motivation en est le moteur. C’est bien d’être gourmand dans ce métier, mais il ne faut pas s’emballer pour autant. Plus on est haut, plus la chute peut être terrible. On est tous égaux face à cela, que ce soit les grands ou les plus petits jockeys. Alors, oui, cette cravache d’or serait le plus beau cadeau du monde. Mais il faut raison garder… même si j’en rêve. Il reste quatre mois de courses ». "C'est tellement dur de gagner une course" Figurer dans le Top 10 constituerait aussi un exploit jamais atteint par une femme même si Mickaëlle Michel et Coralie Pacaut viennent tour à tour d’échouer de peu. « J’ai Stéphane Pasquier juste derrière moi au classement. Ce n’est pas n’importe quelle menace. Je sais bien qu’il ne va pas y rester longtemps. Ce serait le petit plus, mais cela me paraît très compliqué. Vous savez, c’est tellement dur de gagner une course. Le travail du matin, la préparation, la recherche du bon engagement, on ne se rend pas compte de tous les paramètres à aligner pour arriver à ses fins. Alors, à chaque fois que je passe le poteau en tête, je me répète que cette vie que j’ai choisie est incroyable ». L’entraîneur Jean-Pierre Gavin a encore préfacé un beau roman hippique. Quant au scenario, il promet une arrière-saison à couper le souffle. Marie Vélon, elle, devrait en rester bien au-delà le personnage principal. Fabrice Rougier |
P.-C. Boudot, l'Aumale pour un bien Le Prix d’Aumale (Grp. III), réservé aux pouliches, nous emmenait ce jeudi dans les étages supérieurs de la promotion des 2 ans. Ceux qui dirigent dans l’ascenseur pour le Critérium des pouliches (Grp. I) qui se courra le 4 octobre, jour de l’Arc de Triomphe. A défaut de quantité, elles n’investissaient qu’à sept le rond de présentation, la qualité s’invitait derrière les stalles avec King’s Harlequin, troisième du Prix du Calvados (Grp. II) après avoir remporté sa listed, Harajuku, une « Fabre » restant sur une probante victoire sur le mile de Chantilly, Coeursamba, qui finissait vite dans le Prix Six Perfection (Grp. III) ou encore l’invaincue Libertine. Plus forte valeur de la course, prise en 46,5, et la plus titrée au départ, la représentante de Nicolas Clément s’est logiquement imposée de bout en bout sous la cravache de Pierre-Charles Boudot qui enlevait son troisième « Aumale » consécutif après Rocques (Fabrice Chappet) et Savarin (André Fabre). Ce bien lui serait-il si cher ? Dominée d’une longueur et demie, il n’a manqué à Harajuku qu’un brin d’expérience même si elle n’a jamais eu à craindre les assauts conjugués de Coeursamba et de Libertine en pleine piste dans la lutte pour l'accessit d'honneur.
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Le tempérament de Gagneur Avant le Prix Alain et Gilles de Goulaine (Listed-race) servant de support au Quinté + ce mercredi, Gagneur pouvait être présenté et même stigmatisé comme le petit provincial tentant de nouveau sa chance, avec des valises pleines d’espoir, pour faire carrière à Paris. Si ce propre frère de Bosseur, élevé par le Haras de Saint-Voir, restait sur deux succès à Lyon au printemps puis à Vittel, il lui était difficile de gommer de sa musique ses seuls échecs parisiens, certes expérimentaux puisqu’il s’agissait de ses débuts, où à deux reprises il avait été arrêté. Mais, après une longue année de travail où il s’est considérablement endurci, pour le représentant de Nicolas de Lageneste ce retour sur la Butte Mortemart était capital. Qu’importe les lignes estivales de Clairefontaine et notamment celles de Ayeth et de Prince du Roume, qui n’avaient pas été désignés favoris par les turfistes au prix d’un lancer de dés. Un test grandeur nature. Un vrai ! Au saut du dernier obstacle, les belles notes du Calvados donnaient encore raison à leurs aficionados mais le partenaire de Clément Lefebvre restait dans la bagarre, à leur hauteur. Sur le plat, Prince du Roume sentait peser sur lui les huit livres de pénalisation accordées suite à son succès du 26 août, tandis que Ayeth, sans jamais renoncer, devait s’incliner voyant son hypothétique premier Quinté subtilisé pour une courte encolure. Gagneur a gagné en costaud. C’était écrit. Comme dirait sa mère, lauréate de listed quatorze ans avant son rejeton, on attend la… « Suite » ! Et même avec impatience.
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