Horace du Goutier et Hugues Monthulé de Saint-Brieuc à Laval Sans Gaspar d’Angis, intouchable lauréat dans ce Grand National du Trot, la fête était plus folle à l’occasion de la sixième étape lavalloise. Howdy Partner, actuel deuxième du tournoi, avait ainsi l’occasion de combler une partie de l’écart qui le séparait du maillot jaune, mais le représentant de Tomas Malmqvist a trouvé à qui parler en la présence de Horace du Goutier. Après l’épisode breton de Saint-Brieuc, le complice de Hugues Monthulé a en effet doublé la mise en réalisant un véritable cavalier seul durant le dernier tour. Howdy Partner demeure un bon dauphin en enlevant un joli sprint à trois devant Hidalgo des Noés et Geisha Speed inséparables, tandis que Happy Valley réussissait l’exploit d’intégrer le Quinté tout en rendant 25 mètres dans une course qui a bardé. Gaspar d’Angis, lui, loin de Laval, ne tremble toujours pas. Il conserve 25 points d’avance sur Howdy Partner et 26 sur Horace du Goutier, deux challengers qui n’ont cela dit peut-être pas dit leur dernier mot.
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Les grandes premières de Agapi Mia Elle n’avait pas la première chance au papier et pourtant Agapa Mia s’est enorgueillie d’un premier Quinté à 37/1, d’une première victoire sur l’herbe tout en offrant un premier événement à son entraîneur Sébastien Jésus. Autant dire que Clément Lecoeuvre a fait des heureux mardi à Saint-Cloud dans le Prix Trillion. Si la victoire est surprenante, le style l’est tout autant, la fille de Evasive venant en trombe cueillir In The Mood qui a longtemps cru conjurer le sort. Malheureusement pour l’élève de Francis-Henri Graffard, elle reste l’éternelle seconde, place à laquelle elle s’affiche depuis cinq sorties. Sassica, une autre bonne surprise, s’emparait du dernier accessit devant l’animatrice Rathmore qui résistait d’un rien à Rosanne du Gouet. Sur ce tracé des 1500 mètres clodoaldiens, les places à la corde ont une fois encore eu toute l’importance. Le tiercé s’élançait respectivement des stalles trois, quatre et six. Et les attentistes… attendent encore !
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Olivier Baldauf l’accédant du rond et des balances Après une trentaine d’années au service d’Elie Lellouche, Olivier Baldauf, qu’on surnomme » La longe d’or », s’est installé il y a cinq ans à son compte pour devenir garçon de voyage indépendant. De l’Allemagne le week-end dernier à ParisLongchamp jeudi, en passant par Dieppe, ce quinquagénaire lorrain bien connu du milieu est le témoin privilégié de nombreux succès en plat comme en obstacle.
Je me souviens encore de Pierrot, un inconditionnel des courses croisé non loin du rond de présentation de Saint-Cloud. Au détour d’une discussion, alors qu’Olivier Baldauf passait sous nos yeux longe en main, il m’avait susurré « lui, quand tu l’aperçois sur un hippodrome fonce vite mettre une pièce sur le cheval qu’il mène ». Sur ce coup-là, il avait eu raison. C’est ainsi que j’ai eu envie de pousser le bouchon un peu plus loin. D’aller à sa rencontre. Ne serait-ce que pour avoir la recette. Sa réponse m’avait du reste ce jour-là un peu laissé sur ma faim. « Ça ne marche pas tout le temps. Des gagnants j’en emmène, certes, mais comme je le dis souvent ce n’est pas moi qui cours, ce sont le chevaux. Quand les turfistes me demandent si le cheval à une chance je suis fréquemment embarrassé. Pour la plupart, je ne les connais que depuis une heure ». N’empêche que ma curiosité de journaliste fut appréciable. J’ai ainsi pu aborder un professionnel d’une simplicité remarquable que j’apercevais depuis bien des années sans oser l’approcher. La profession de garçon de voyage est angoissante, stressante, compliquée, et quand on connaît ce maillon de la chaîne hippique sur le bout de la longe, on hésite parfois à sortir le personnage de son contexte. Mais avec Olivier c’est différent. Après 41 ans de métier, rien ne peut le perturber. Il possède dans le rétroviseur cette carrière qui en ferait rêver plus d’un. « J’ai commencé le métier en 1982. J’ai débuté comme jockey de plat pour monsieur Lellouche. Comme il n’avait pas beaucoup de sauteurs à l’écurie et que je désirais devenir jockey d’obstacle je suis parti chez Jean Dasque. J’ai fait pour lui le Meeting de Pompadour où j’ai enregistré mon premier gagnant dans la spécialité. On faisait beaucoup de province. Résidant à Paris, bien qu’étant Lorrain d’origine, cette période a été difficile. Puis Pascal Marsac m’a fait rentrer chez Jean-Claude Rouget. J’y suis resté deux ans. A la sortie de mon armée, j’ai participé à un meeting de Cagnes pour Bernard Secly. J’enviais à l’époque les gars qui montaient pour Jean-Paul Gallorini que j’ai ensuite rejoint durant trois saisons avant de retourner chez Elie Lellouche pour qui j’ai sellé ma dernière monte. La boucle était bouclée. J’avais débuté ma carrière en plat à Evry et je l’avais clôturé à Auteuil pour lui. Sans changer de maison, je suis alors devenu garçon de voyage. En travaillant avec Elie Lellouche, des champions j’en ai vu passer. Quand il a cessé son activité, il y a 5 ans, ça m’a fait drôle. Je me suis dit, soit tu es arrivé dix ans trop tard dans le milieu, soit il a arrêté dix ans trop tôt. J’aurai bien fini ma carrière chez lui », reconnait Olivier Baldeuf qu’on a gentiment qualifié dans le mundillo depuis « la longe d’or ». Une mention naturelle après tant de gagnants sortis du camion. Mais à 50 ans, l’heure de la retraite n’avait pas encore sonné. Dès lors, le Messin se lance un nouveau pari, celui de devenir prestataire de services. « Pour trouver une place de cadre comme celle que j’avais à cet âge chez Elie Lellouche, c’était impossible. Ou alors il fallait remonter à cheval, refaire les boxes,… c’est bon j’ai donné. Comme j’aimais bien aller aux courses, je me suis promis de poursuivre mon job de garçon de voyage en devenant indépendant. J’ai été du reste parmi les premiers à m’installer à mon compte. Quand j’ai présenté mon projet à la chambre d’agriculture et à la MSA, ils ne connaissaient même pas ce pan du métier. Ils pensaient sûrement qu’un cheval pouvait partir tout seul aux courses sans que personne ne s’en occupe. Ce que je fais aujourd’hui ne me déplaît surtout pas. J’ai pu ainsi mieux m’immiscer dans le monde de l’obstacle. Certes, on en faisait sauter quelques-uns chez Elie Lellouche, mais pas comme chez Macaire, Nicolle ou Chaillé-Chaillé. J’ai découvert des gens très sympas. Le seul vrai souci c’est qu’on paye beaucoup trop de charges. La moitié de ce que je gagne part à la MSA. J’ai un peu les boules. Mais je n’ai pas le choix. Dans ce pays, on n’incite pas les gens à prendre des initiatives, à entreprendre », déplore-t-il. Tiens j’ai déjà entendu ça quelque part… « Il faut saluer le travail des garçons de voyage d'écurie. Pour moi la vie est belle ! » Qu’importe, tant que le plaisir est là, on ne compte pas les heures. Mercredi à Dieppe, jeudi à Longchamp avec deux pensionnaires de Philippe Decouz et deux de Joséphine Soudan où nous l’avons rencontré souriant, comme d’habitude, à évoquer une journée type de sa profession. « Aujourd’hui je suis arrivé à Chantilly aux environs de midi pour en partir à 13h. Je préfère arriver plus tôt pour natter les chevaux à l’écurie. Je prépare leurs affaires. Puis je prends la route pour arriver environ trois heures avant la course. Je les lave, je les apprête avant de les mettre au box, puis on les sort une heure avant l’épreuve pour les marcher, les détendre, les faire tout beau. Une demi-heure avant la course l’entraîneur arrive avec la selle. Ensuite on l’accompagne dans le rond de présentation. Après l’épreuve, on le lave, on le marche encore une trentaine de minutes pour qu’il reprenne son souffle, on le remet au box et on repart une heure après la course voire plus si l’on a un autre partant dans le camion. Ça fait des journées bien chargées mais je n’ai surtout pas à me plaindre. Je connais des garçons de voyage qui font les boxes, qui partent en semi-nocturne pour rentrer très tard le soir et qui se retrouvent à l’aube avec les cavaliers d’entraînement pour monter des lots. Eux oui, il faut saluer leur travail. Pour moi la vie est belle. Ce n’est pas dans ma nature, mais je pourrais même me lever tard les jours de semi-nocturnes ». Très sollicité, Olivier accorde toutefois sa priorité à Guillaume Macaire et Hector de Lageneste. C’est du reste pour le boss de Royan qu’il a signé celle qu’il considère comme « sa » plus belle victoire. « Incontestablement c’est le Ferdinand-Dufaure de Goliath du Berlais mais j’avoue également un petit faible pour le succès de Le Costaud lors du Grand steeple à Merano. J’ai moins de gagnants au haut niveau en plat mais je conserve un excellent souvenir du triomphe de Tornibush, le cheval d’Antoine Griezmann, dans le Prix du Pin ». Dimanche, pour le Jockey Club, Olivier ne sera pas de la partie dans ce Groupe I, mais il rejoindra néanmoins Chantilly pour accompagner deux Marseillais entraînés par Patrice Cottier et un représentant de Philippe Decouz. Les courses ne s’arrêtent jamais et comme le constate l’intéressé, « des gars comme nous il n’y en a pas pléthore. Comme le personnel se fait de plus en plus rare on ne manque jamais de travail. Les entraîneurs préfèrent garder les mecs à l’écurie pour sortir des lots. Moi, monter à cheval ça ne me dit plus rien du tout. Imaginez en plus que je me casse la figure. Derrière je perds mon boulot ». Il lui reste encore tant de pages de bonheur à noircir. De voyages à l’étranger à réaliser aussi, même s’il a déjà parcouru une bonne partie du globe. « J’ai fait Hong-Kong deux fois avec un cheval qui s’appelait Partipral et qui avait gagné le « Vase » en 1995. A l’époque ce n’était pas un Groupe I, mais juste une listed avec une allocation de 200 000€. J’y suis même retourné avec Planteur en 2010. J’ai fait l’Espagne avec Vert Amande et Partipral, j’ai parcouru un peu l’Italie. L’Angleterre également à Ascot à deux reprises avec Ectot et Planteur et Newmarket notamment avec un cheval de Wafic Saïd qui s’appelait Casamasa avec qui nous étions seulement battus par un cheval de la reine. Et puis l’Allemagne, encore le week-end dernier. C’est une drôle d’ambiance. C’est autre chose que la France. A Cologne, d’où je suis revenu avec un gagnant, vous traversez la foule. Tout le monde vous applaudit, le cheval était excité comme personne. Les gens sont au bord des terrasses des restaurants, tout à côté de vous, c’est la liesse. C’est même à la limite dangereux. Quand vous avez une petite carrière de jockey comme la mienne et que vous avez ensuite l’opportunité de voyager avec des chevaux, vous êtes certain d’une chose, vous faites le plus beau métier du Monde ». Fabrice Rougier |