Depuis la rentrée de septembre, Théo Briand ne cesse de s’affirmer. Vainqueur pour ses grands débuts à Vincennes du Prix Médusa - le Prix d’Amérique des Apprentis - lauréat de la Coupe des 3 ans du Sud-est dans la foulée, le jeune driver n’a pas tardé à émerger des pelotons. Le fils de Sophie Blanchetière et de Yannick-Alain Briand est à la hauteur de ses origines. Discret, talentueux et terriblement décisif.

Combien de temps cet exploit durera-t-il ? Qu’importe ! A ce jour, Théo Briand demeure invaincu sur l’hippodrome de Vincennes. Un succès pour ses débuts à Gravelle le 8 novembre dans le Prix Médusa avec Fakir du Ranch, considéré comme le Prix d’Amérique des Apprentis, puis rebelote un mois plus tard avec Great Zeus, pour l’entraînement d’Alain Robin. Nom de Zeus ! Nom de Briand ! A chacun ses croyances. La messe est dite et voilà Théo propulsé sur l’autel de la notoriété. Sans chevilles qui enflent. Sans prendre le melon… bien que non loin de Cavaillon. Ce n’est pas le style de la maison fuvélaine. Oh que non ! Théo vit ce bonheur plutôt intérieurement tout en sachant que le plus dur restera toujours à construire. « C’est incroyable ce qui m’arrive. Je ne pensais pas que ça puisse aussi bien se passer dès mon arrivée sur le circuit. Après, il faut savoir admettre que j’ai peut-être eu les chevaux pour m’illustrer, mais je cours toujours pour gagner, pour défendre à fond mes chances. C’est dans ma nature. On sait que derrière une course, des tas de gens vous suivent, on n’a pas envie de les décevoir ni de se faire ridiculiser. Dans notre métier, c’est une question de respect de tout mettre en œuvre pour satisfaire le parieur, le propriétaire et aussi nous-mêmes car c’est quand même un truc de fou de passer le poteau en tête. C’est une sensation qu’il faut vivre pour comprendre son intensité » souligne Théo qui, à 16 ans, comptabilise déjà huit succès alors qu’il n’a goûté aux joies de la piste que depuis septembre. « Je me souviens de ma première fois à Feurs, c’était stressant. On sait qu’on ne peut pas se louper. Tu as peur de rater ton départ, de faire la bêtise qui provoquerait une mise à pied, mais l’important c’est d’emmagasiner de la confiance. Mon père parle le cheval comme personne, donc il m’a tout appris. J’ai de bonnes origines (rires). Après c’est une question d’expérience pour savoir à quel endroit il faut venir, à quel moment ça roule, bref comprendre la science du train. Chaque course m’apprend tellement », reprend le fils de Yannick-Alain Briand et de Sophie Blanchetière, deux légendes du Sud-est. Deux bosseurs, deux professionnels exigeants et perfectionnistes qui ont bâti un empire au pied de Sainte-Victoire. Deux caractères d’acier, sur fond de tendresse, qui misent bien plus qu’un « simple gagnant » sur leurs enfants. « Mon père n’est pas toujours facile. Pas toujours expressif non plus. Alors, quand vous sortez de piste et que vous accueillez ses compliments, que vous voyez un peu plus loin votre mère pleurer de joie, tout cela génère des sentiments inexplicables. A l’époque de Scarlet Turgot, on vivait des instants incomparables. J’avais 10 ans, je ne comprenais pas tout, mais ressentir le bonheur que pouvait diffuser cette jument avait quelque chose de sensationnel ». Théo ne s’enflamme pas pour autant.

"L'échec fait peur mais il motive"

S’il assiste rêveur à l’éclosion de la nouvelle génération, ses rêves d’Amérique restent flous. « C’est merveilleux de voir Théo et Clément Duvaldestin avec des chevaux classiques entre les mains, d’assister aux exploits de Nicolas Bazire qui a réussi dimanche à qualifier Hooker Berry dans le Prix du Bourbonnais alors qu’il a déjà remporté la plus belle course au Monde avec Davidson du Pont. Je ne combats pas dans la même catégorie. Il est peu probable, malgré la qualité de notre effectif, d’avoir un jour dans nos box un prétendant à l’Amérique. J’ai bien plus peur de me louper quand le moment sera venu de reprendre l’écurie familiale, même si mon père a posé toutes les fondations pour notre réussite. J’ai encore le temps de m’amender, mais ça met une certaine pression. L’échec fait peur, mais il motive. Tout comme m’enthousiasment les encouragements de cracks reçus après mes victoires à Vincennes. Ceux de mon idole, Eric Raffin, de Jean-Michel Bazire, d’Yves Dreux, de Christian Bigeon,… Je n’en reviens toujours pas. C’est incroyable ! ».  Après la folie parisienne, après avoir remporté la Finale régionale des 3 ans du Sud-est à Borély sous la casaque familiale avec Javanaise Turgot, Théo va désormais partir à la conquête de Cagnes. Afin de profiter de la piste de décollage azuréenne et atteindre ses premiers réels objectifs. « Pour 2023 mon ambition est claire. J’entends devenir meilleur apprenti de France. Même si ce n’est pas gagné d’avance, qu’il faut que toutes planètes s’alignent, je vais tout mettre en œuvre pour réussir.  Didier-Jean Henry, mon maître d’apprentissage à la MFR de Mornand-en-Forez, me laisse très souvent carte blanche à condition que les résultats scolaires suivent et je l’en remercie. Pour Cagnes, après une période délicate, nous n’avons plus forcément les mêmes chevaux à l’écurie, ni le même effectif. Beaucoup de poulains ont déjà du travail, mais le meeting arrive un peu trop tôt. Quelques-uns de nos pensionnaires ont cependant été ménagés en vue de l’hiver comme Jelia des Charmes par exemple, mais on va surtout bricoler. J’espère donc qu’en ma qualité d’apprenti le téléphone va sonner. Christophe Martens m’a déjà contacté pour mener Feu d’Azur le 30 décembre. C’est un plaisir. C’est pour de telles associations que tu te lèves chaque matin, pour espérer collaborer avec les meilleures maisons comme celle des frères Martens qui règnent sur la Côte d’Azur. C’est un vrai honneur. Je ferai tout pour ne pas les décevoir comme je l’ai toujours fait pour ma famille, pour ma copine, et pour tous mes proches. Mieux que des supporters, pour reprendre un mot à la mode, ils demeurent de véritables soutiens ».  

Fabrice Rougier