Un premier dimanche estival à Royal Deauville Avec le Prix Rothschild (Grp. I), première des cinq épreuves reines disputées sur la côte normande, le Meeting estival de Deauville prenait réellement son envol ce dimanche. Retrouvant les 1600 mètres ligne droite où elle avait séduit pour sa rentrée, la protégée de Francis-Henri Graffard Watch Me (notre photo) s’est enorgueilli du deuxième Groupe I de sa jeune carrière après avoir remporté les Coronation Stakes à Ascot à l’âge de 2 ans. Du travail bien fait par son entourage même si Pierre-Charles Boudot a dû se montrer prudent et appliqué jusqu’au bout pour annihiler les velléités offensives de la « Pantall » Half Light et de la britannique Know It All. Plus tôt dans l’après-midi, les Français n’ont pas eu la même veine dans le Prix de Cabourg (Grp. III) qu’enlevait Cairn Gorm tout en restant invaincu en trois productions. La série sera-t-elle toujours en cours à l’issue du Prix Morny (Grp. I), le 23 août, dont cet épisode était une simple joute préparatoire ? Enfin, dans un plus modeste exercice, bien qu’accueillant des candidats arborant fièrement jusqu’à 46 de valeur, le Quinté revenait à Chasselay, dont le dernier couronnement était intervenu sur ce même circuit de 1900 mètres sur la piste en sable fibré il y a pour ainsi dire un an. Deauville a vraiment ses adeptes… et pas seulement pour jouer les touristes.
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Simply Striking, un rouleau compresseur sur la psf A 24 heures du premier des cinq cols que les meilleurs galopeurs auront à gravir durant ce meeting estival de Deauville, en l’occurrence le Prix Rothschild (Grp. I), seize sprinters chevronnés chauffaient l’ambiance dans le Prix de la Villa Lucie promu ce samedi au titre de Quinté. Morsan, restant sur deux succès, Rimini, ayant sur l’impression laissée à ParisLongchamp accusé sans sourciller ses six livres de pénalisation après sa démonstration lyonnaise, Dégrisement, traversant ambitieux la France de Sud en Nord en plein week-end de chassés-croisés, ou encore On the Sea, lauréat de cette course deux ans plus tôt, méritaient leur cote d’alerte, mais tous – oui tous – n’ont vu passer Simply Striking. Dans les trois cents derniers mètres, le favori monté par Christophe Soumillon, transperçait le peloton en son axe pour cueillir aux abords du disque Muttrah Fort et le reléguer à trois-quarts de longueurs comme dans la course référence du 12 juillet. Après cinq deuxièmes places consécutives, le jour de gloire est enfin arrivé pour le pensionnaire de Mauricio Delcher-Sanchez. Proche de ce jumelé composé des deux chevaux les plus plébiscités, la « Ferland » Funny Valentine concluait troisième comme une pouliche à qui l’avenir appartient. Mon Paris, à 23/1 (qui n’était donc pas celui de tout le monde), s’immisçait pour sa part quatrième devant Contortioniste qui a dû se plier en quatre en pleine piste pour appartenir à l’arrivée une fois la photo développée et le rouge affiché.
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La Duvaldestin Family s'empare de Cabourg Dans le Prix des Tournesols, ce vendredi soir en semi-nocturne, s'il est une écurie qui a su laisser l'opposition dans l'ombre, c'est bien celle de Thierry Duvaldestin. Il en est du reste ainsi depuis le début du mois juillet, période durant laquelle père et fils ont aligné la bagatelle de vingt-six succès. Alors que Fabela Galaa, pilotée par Clément, entrait dans la ligne droite avec plusieurs longueurs d'avance - après avoir au passage conduit le favori Follow Dream à comettre la faute juste avant le tournant final - Family d'Arjeanc, le choix de Thierry, fondait dans les deux cents derniers mètres sur sa compagne d'écurie pour renouer, sans donner l'air de forcer, avec la victoire. La fille de Kaisy Dream savourait le salut de la foule normande après six deuxièmes places obtenues lors de ses huit ultimes apparitions en piste. Un jumelé dirigé par un bon père de famille qui, tactiquement, n'a surtout pas fini plus vite que la musique pour laisser Forum Meslois et l'incontournable Pierre Belloche dans la "boîte". Si les concurrents du second poteau n'ont jamais la part belle à Cabourg, le Quinté du jour faisait voler en éclats toutes les statistiques, First des Mares épiloguant sur un drôle de pied pour chiper la troisième place à l'infortuné "Forum" qui, comme on le disait déjà au temps de César, n'est pas à sa place dans ce tournoi pour 5 ans, méritant bien mieux. First Piya, déjà impressionnant sur ce parcours il y a quinze jours, parvenait à sauver la fanny des chevaux s'élançant avec 25 mètres d'avance. A l'instar de Yoann Lebourgeois, rapidement hors des radars ce soir après la faute dans la phase initiale de Flamenco du Lude, Gabi Gelormini est il est vrai un peu chez lui à Cabourg.
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Kangeline, une K très particulière Bryan Fontaine n'est jamais bien loin de Kangeline et d'Eva Victory.
L’amitié repoussera constamment les frontières de la mort. Le 2 avril dernier, Kangéline, une fille de Brutus de Bailly, naissait dans la Manche. Le plus bel hommage que pouvait recevoir Angéline Ravelet, une apprentie du trot tragiquement disparue le 15 août 2017, de la part de Bryan Fontaine avec qui elle avait longuement travaillé chez Bruno Bourgoin. Une pouliche de cœur. Le 15 août 2017, un accident de la circulation coûtait la vie à Angéline Ravelet. Les catholiques prétendront qu’elle est entrée en ce jour prédestiné dans la gloire de Dieu. Les autres garderont le souvenir d’un sourire, l’image d’une demoiselle dynamique de 22 ans, mordant la vie à pleines dents, que rien ne semblait pouvoir affecter. Des écuries de Bruno Bourgoin à celles de Laurent Fresneau où elle apprenait son métier au moment du drame, en passant par les hippodromes où elle ne laissait jamais personne insensible, l’été devenait alors meurtrier. Pour beaucoup, le soleil d’un visage s’éclipsait. Mais s’il est une amitié que l’on ne pourra jamais ombrager, c’est bien celle qui la liait avec Bryan Fontaine, apprenti lui aussi à l’époque avant de disparaître des pelotons fin 2018 victime à son tour de la route avec pour séquelle l’usage partiel d’une main le condamnant à stopper son activité. "La soeur que je n'ai jamais eue" Ensemble, ils ont vécu les années bonheur. « Angeline était quelqu’un avec qui j’étais vraiment très proche. Je l’ai connue chez Luc et Bruno Bourgoin. Elle était du reste énormément appréciée partout où elle se produisait. C’était quelqu’un de facilement abordable, toujours joyeuse, même si elle avait parfois son petit caractère. Disons qu’elle profitait de la vie sans se prendre la tête. J’ai eu la chance de travailler à ses côtés un bon moment. Même quand elle travaillait à Fuveau et moi en Normandie on ne laissait pas passer deux jours sans se donner un coup de fil. Je l’ai toujours considérée comme la sœur que je n’ai jamais eue », explique Bryan encore décontenancé dans la mélancolie de l’instant. Brutus de Bailly, qui les a longuement accompagnés, s’en rappelle lui aussi certainement encore. Mais cette histoire en rouge et noir ne méritait pas son épilogue. Angéline ne l’aurait pas souhaité. Et Bryan encore moins lui qui, avec son père, avait quelques années plus tôt fait l’acquisition d’Eva Victory. « Sa carrière de course n’a pas été à la hauteur de nos espérances, mais nous l’avions achetée dans le but d’en faire une poulinière afin de s’essayer à l’élevage. Comme nous entretenons de vrais liens avec la famille Bourgoin, Luc a longuement insisté pour qu’on la présente à Brutus, un étalon qui assure une certaine réussite. C’est ainsi qu’est née le 2 avril, le jour des 25 ans d’Angéline, notre premier produit. Quand Xavier Letourneur m’a envoyé la photo, et que j’ai vu qu’il s’agissait d’une pouliche, ça n’a fait qu’un tour dans ma tête. Ce sera Kangéline. Mon père la connaissant également très bien n’a pas hésité une seconde avant de valider le nom. Eva Victory était pourtant à terme le 23 mars. Pour moi, bien plus qu’une naissance, il s’agit d’une renaissance. Aujourd’hui, à bientôt quatre mois, la petite reste au pré avec sa mère. Elle se montre assez proche de l’homme, pas embêtante du tout. On peut la tripoter comme on veut elle ne dit rien. Le maréchal-ferrant l’a récemment parée, elle n’a pas bougé une oreille. Elle est d’un joli modèle, assez grande. Nous avons déjà hâte de la débourrer », prévient Bryan obnubilé et pressé par autant d’ambition. Rendez-vous en 2022 à Carentan Car Kangéline ne sera jamais une jument ordinaire. Elle demeurera un « K » à part pour ce jeune éleveur de 26 ans qui a écumé sans exhaustivité dans le cadre de sa formation les écuries Bourgoin, Nivard, Roger, Desaunette, Levesque, Le Courtois. Quelques belles maisons pour enseigner les fondamentaux lui permettant de prétendre à sa licence d’entraîneur dès le mois d’octobre prochain. Le cadre normand est idyllique avec la plage à 6 kilomètres. C’est ici dans la Manche que Kangéline réussira à coup sûr plus d’un tour avec en guise de premier objectif des débuts envisagés à domicile. « J’aimerai tellement vous donner rendez-vous aux balances le 15 août 2022 à Carentan. C’est en effet dans les vestiaires de l’hippodrome manchot que j’avais appris via les réseaux sociaux la terrible nouvelle. Remporter avec Kangéline la traditionnelle course du 15 août pour les 2 ans serait le plus bel hommage qu’on pourrait adresser à ma blondinette ». A l’évidence, la pouliche pourra compter sur d'innombrables supporters… Fabrice Rougier |
Grandissime Sandyssime Les choses sérieuses commençaient ce jeudi sur la côte normande. Un mois de plat entre psf et gazon nous est en effet proposé sur l’hippodrome de Deauville jusqu’au 30 août. Une tradition. Un casse-tête aussi pour les turfistes qui risquent d’aller de surprise en surprise dans des handicaps aussi touffus qu’indécis. Premier exemple dans le Prix du Havre où French Pegasus et Rajkumar, qui avaient charmé les parieurs, n’auront pu se hisser dans la bonne combinaison. Pour autant, Sandyssime n’était pas une impossibilité, loin de là. Le représentant d’Alessandro et Giuseppe Botti, chevronné dans cette catégorie, participait à son déjà treizième Quinté. Cela porterait soi-disant bonheur. La monte d’Eddy Hardouin offrait il est vrai une garantie supplémentaire. Jamais très loin du leader Saga Timgad, dont les deux cents premiers avalés sur la bande en gazon tout à l’extérieur de la piste nourriront les débats (les commissaires ouvraient même une enquête sans sanctionner), le fils de Camelot étalait toute sa vitesse dans les deux cents derniers mètres pour écarter le partenaire de Christophe Soumillon et s’envoler vers un succès que ne lui contestera jamais Darshano malgré un bout vite à l’extérieur. Saga Timgad sauvait au courage un accessit devant Meri Senshi et Green Curry qui épiçait un peu plus les rapports. Sandyssime, lui, se moque des fortes chaleurs, sa dernière victoire remontant à juillet 2019 sur ce même hippodrome. Forme saisonnière ou appétence pour le bon terrain et le sable fibré deauvillais ? Sûrement l’un et l’autre mon capitaine !
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Un Quinté bien mérité pour Divine Mesloise Deux fois quatrième dans des Quintés depuis le début du mois de juillet, Divine Mesloise a su brader ce soir sa régularité pour une victoire dans le Prix du PArc des Princes. Bien plus percutante sur les parcours de vitesse - elle n'avait été rappelons-le devancée que par Moni Viking au printemps sur ces 2100 mètres de Soisy - la protégée de Pierre Belloche n'a cependant pas ménagé ses efforts pour contenir à son intérieur et jusqu'au poteau Digne et Droit avec qui Eric Raffin avait constamment rongé la corde. Avant ce mano a mano, Classic Haufor s'était désuni dans le tournant final imité quelques secondes plus tard par le favori Carioca de Lou pressé en tête par la future lauréate alors que Léo Abrivard semblait en avoir plein les mains. Contrée d'Erable, initialement troisième, tombait sous la foudre des commissaires après enquête et laissait le dernier accessit à Crescendis qui avait cela dit merveilleusement conclu en pleine piste devant Eclair du Mirel. Pour Pierre Belloche, les jours se suivent et se ressemblent, la "Divine" inscrivant le quatrième succès de l'écurie en autant de réunions. Sans foi Meslois !
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Deacon marche sur l’eau « Incroyable » ! Le mot est lâché par Christopher Head. En trois semaines, le jeune entraîneur a remporté trois Quintés avec l’un des plus petits effectifs de Chantilly. Deacon et Aurélien Lemaître n’y sont pas étrangers, la propriété d’Alexis Morange et son jockey ayant longuement attendu, ce mardi à Tourgeville, avant de trouver le passage le long de la lice extérieure pour créer la décision comme ils l’avaient déjà copieusement réussi le 7 juillet. Trois livres et demi de surcharge balayés d’un revers de sabot pour désormais viser plus haut dans l’antichambre des meilleurs 4 ans du circuit. Mais quelle arrivée de handicap ! A trente mètres du poteau, ils étaient encore sept sur une même ligne à pouvoir revendiquer le succès. Derrière l’intouchable lauréat, Agua s’est montré la plus prompte en pleine piste pour écarter Combermere, La Roselière et Bellariva. Ces jeunes pousses seront pour la plupart revues sur l’hippodrome de Deauville qui prendra la tête de gondole des réunions premium dès le 30 juillet pour un mois de courses à gogo agrémenté de cinq Groupe I, le Prix Rothschild introduisant ce grand spectacle dès dimanche. Ne cherchez plus la belle côte… Elle est en Normandie.
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