Des promesses ou plutôt des promises Les courses n’ont aucun passe-droit. Elles ne dérogent pas à la règle. Force est de constater que Deauville passe aussi vite que l’été. Le cru 2020, qui fermera ses volets dimanche prochain, nous aura offert son lot de promesses. Notamment chez les 2 ans. Si Fev Rover s’imposait samedi dans le Prix du Calvados (Grp. II) en pouliche perfectible, l'américaine Campanelle (notre photo) enfonçait un peu plus dimanche le clou britannique en écrasant la plus belle joute réservée aux 2 ans, le Prix Morny (Grp. I) de tout son poids pour l’entraînement de Wesley Ward. La fille de Kodiac a ordonné à Acapulco Gold, élève de Fabrice Chappet, de ranger ses outils, elle qui avait osé la défier, avant de laisser ses plus proches rivaux Nando Parrado et Rhythm Master à deux longueurs. Deux courses, deux victoires, série en cours pour la partenaire Lanfranco Dettori. Guère mieux pour nos Français dans le Prix Jean-Romanet, l’autre Groupe I du jour pour les chevaux d’âge malgré la belle résistance d’Ambition (Xavier-Thomas Demeaulte) qui aura donné quelques sueurs froides à la lauréate Audarya montée par Ioritz Mendizabal. Romancière (André Fabre) fermait ce chapitre de la littérature classique made in Normandie.
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El Manifico... vraiment magnifique ! Avec dix-sept participations en un an et demi dans les gros handicaps lors de ses dix-neuf ultimes apparitions en piste, El Manifico est ce que l’on appelle vulgairement une bête à Quintés. Avec le Prix Etalon Muhaarar, couru ce samedi, le pensionnaire de David Smaga en a désormais remporté trois dont deux à Deauville, le premier ayant été glané sur la psf. L’assèchement des pistes aura sûrement aidé l’associé de Cristian Demuro qui a transpercé le peloton pour rejoindre sur le fil l’éternel Octoking, le combattant de Ronny Martens, lui aussi un aficionado de cette catégorie où il bat toujours sa pleine mesure. Sous ses œillères bleues et sa robe grise de gala, on a longtemps cru que ce vieux serviteur qui avait démarré sa carrière en 2014 chez Thierry Larrivière avec Stéphane Richardot, deux Marseillais qui manquent aux courses, apporterait une huitième victoire à son sympathique propriétaire Serge François, mais El Manifico a conclu brillamment dans la bonne foulée. Au millimètre ! Derrière ces deux inconditionnels, Gracian, Khochenko et Electron Libre suivaient dans un mouchoir de poche auquel on peut également adjoindre Marrakech Express en tête des battus et qui aurait très bien pu avec un brin de réussite « mettre le souk » dans la bonne combinaison.
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Avec Fastnet Lightning pour Aurélie Vigreux l’espoir est permis Une complicité sans limites entre Aurélie et « Fastnet » (Photo Ingrid Montenegro)
Jeune permis d’entraîner ayant obtenu sa licence il y a moins de deux ans, Aurélie Vigreux est passée à un nez le 15 août de son premier Quinté avec Fastnet Lightning. Cette Paloise, aujourd’hui domiciliée à Mont de Marsan, participe à la carrière de trois pur-sang, au bonheur de trois enfants et à la santé d’une entreprise familiale dans l’immobilier. Terriblement efficace et pourtant partout à la fois. Elle ne fait pas la une des journaux. Du moins pas encore. Profondément discrète, assurément timide, elle ne s’en cache surtout pas, Aurélie Vigreux préfère laisser ses deux chevaux parler à sa place. Fastnet Lightning le fait à priori très bien, lui qui, le 15 août dernier, prenait une superbe deuxième place dans un Quinté à Deauville. Sa plus belle performance en attendant sûrement mieux d’après cette permis d’entraîner qui, à l’image de ses voisins landais, aime placer ses protégés au centre de la lucarne. Elle en tire du reste sa principale satisfaction. Mais si l’amour qu’elle leur porte justifie ses résultats, son apport lui parait si secondaire. « J’étais très satisfaite de la performance de « Fastnet » à l’occasion du premier Quinté auquel je participais, même s’il faut bien avouer que je n’aime pas forcément être sous les feux des projecteurs. J’en tire cela dit la satisfaction personnelle d’être capable de l’emmener vers l’objectif que je m’étais fixé. Avec un peu plus de réussite, il aurait même dû s’imposer. Ne trouvant pas le passage, Eddy Hardouin a été obligé de le reprendre et de changer de ligne. Mais il m’a montré qu’il était sur la montante, qu’il recouvre ses moyens d’antan. Avant sa deuxième tendinite, le matin il allait mieux que certains bons chevaux placés de listed. Alors, tous les espoirs sont permis. Son prochain objectif se situe le 31 août à Saint-Cloud, en espérant retomber en deuxième épreuve, puis il participera à un autre Quinté normalement le 10 octobre à Chantilly. C’est un miler par excellence que je ne cours jamais hors distance », indique une perfectionniste qui n’a sa licence que depuis deux ans après avoir œuvré aux côtés de Loïc Manceau et de différents metteurs au point de sa région. "Mes chevaux ce sont mes bébés" Sortie de l’Afasec en 2003, cette Paloise d’origine est ensuite revenue à ses premiers amours, le CSO, où elle obtenait son monitorat avant de collaborer dans plusieurs clubs et d’ouvrir sa sellerie dans le Béarn. Sa rencontre avec Steve Haes, garçon de voyage, lui ouvre les portes d’une nouvelle vie à Mont de Marsan à la fois si loin et si proche de ses Pyrénées. Un nouveau départ, trois enfants, une vie professionnelle familiale dans l’immobilier, puis une complicité naturelle avec le fils de Fastnet Rock. « Avant qu’il soit à mon nom, je l’avais fait acheter à mon père alors qu’il était à l’entraînement chez Antoine de Watrigant. L’envie de le récupérer a été trop forte. Ce challenge de savoir jusqu’où l’on pourrait aller ensemble m’a toujours envahie. J’aime prendre les décisions, conserver mes chevaux à mes côtés. Ce sont mes bébés. Fastnet Lightning a toujours son sachet de carottes à disposition. Il profite régulièrement de petits séjours de balnéothérapie au haras de Malleret, il possède sa petite couverture de massages quand il en exprime le besoin. Mes chevaux ne manquent de rien. Je les monte le matin, je les nourris matin et soir, je m’occupe de leurs boxes, je fais tout de A à Z. Comme pour mes enfants, je ne compte pas mes dépenses pour eux. Ils bénéficient des soins d’une très bonne ostéopathe, Claire Rousselle, et d’un maréchal-ferrant fantastique, Nicolas Thonier », insiste t’elle, avec sincérité, comme pour dévier les lumières qui la mettent en valeur. Outre le fameux « Fastnet », Barpower, un vrai nageur, a lui aussi depuis bien longtemps accompli son travail en apportant la seule et unique victoire d’Aurélie à ce jour. C’était en fin d’année dernière à Craon avec Maryline Eon. « Je vais le remettre en route à la mi-septembre pour bénéficier de son terrain de prédilection à l’arrière-saison. Je ne cours jamais mes chevaux sur la fibrée. Il risque peut-être ensuite d’être orienté sur les obstacles. Avec Steve, j’aurai le conseiller idéal pour m’épauler dans cette discipline ». "J’adore monter courir à Paris. Ce sont un peu mes vacances" Les hippodromes parisiens n’ont donc pas fini de voir et revoir Aurélie pour qui chaque escapade dans la capitale est une bouffée d’oxygène. « J’adore monter courir à Paris. Ce sont un peu mes vacances. Je mets mes enfants chez ma mère et je pars avec mon cheval. Je prends ma voiture et ma remorque et voilà c’est le bonheur ». Le paradoxe de la simplicité dans la difficulté d’un métier qu’elle n’oserait embrasser à plein temps. « Ce n’est pas évident quand on a trois enfants et bientôt trois chevaux car j’ai un pensionnaire au nom de Horgant qui ne tardera pas à reprendre la compétition. Je l’ai acheté il y a un an et demi. Il va prendre 5 ans. Je préfère miser sur des chevaux à faible coût et leur laisser le temps de mûrir. Il a fait un an de pré, il a fini sa croissance et il va pouvoir partir au travail. Je vais m’arrêter à trois sinon cela deviendrait trop compliqué. Il vaut mieux rester amateure et faire son beurre comme ça. Les courses ne sont plus ce qu’elles ont été. Avant les propriétaires avaient leurs chevaux pour la gloire, pour voir leurs couleurs briller, désormais s’ils ne rentrent pas d’agent ils vont vite voir ailleurs. Et c’est quelque part normal » remarque encore celle qui a rejoint les ambassadeurs de sa région natale. « En ce moment ce sont plutôt les Marseillais qui marchent sur l’eau, mais il est vrai qu’à Mont de Marsan on parvient à sortir de bons éléments ». Avec Aurélie, le Sud-ouest a aujourd’hui trouvé son meilleur joker. Fabrice Rougier
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Marly survole son premier Quinté Oh qu’il n’était pas simple au papier le Quinté en semi-nocturne disputé sur les 1200 mètres en ligne droite ce mercredi à Deauville. Avec la moitié du casting qui découvrait les handicaps, bon nombre des quinze concurrents qui s’essayaient dans ce terrain jugé collant et une position dans les boîtes qui n’avait guère d’importance vu le déroulement de la course où tous choisissaient de galoper en pleine piste, il fallait presque sortir de Saint-Cyr ou alors miser sur ses jockeys préférés. Et à ce petit jeu, nombreux sont les adeptes de Pierre-Charles Boudot qui ont encore vu juste en lui accordant leur confiance dans ce lot de 3 ans. Certainement bien placé en 40 de valeur, il s’était du reste essayé dans le Prix de la Grotte (Grp. III) au printemps, Marly a choisi les bons dos pour progresser avant de porter l’estocade à 200 mètres du poteau et immédiatement « larguer » Baileys Blues qui avait contrôlé l’épreuve avec Clément Lecoeuvre. Ce dernier perdait même la deuxième place aux abords du poteau, détrôné une seconde fois par Flying Candy qui, comme son nom l’indique, a littéralement volé dans la phase finale pour sa première participation à ce niveau. Excalibur fournissait le quatrième d’un Quarté très rémunérateur devant Red Fifty qui sauvait les favoris d’un zéro pointé. Andrea Marcialis, auteur d’un sans-faute lundi à Vichy avec deux victoires, poursuit son petit bonhomme de chemin et accueille son premier Quinté du Meeting deauvillais, lui qui était passé si près il y a deux semaines avec Checkpoint Charlie.
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Goofy Greenwood inflige une volée de bois vert Ne boudons surtout pas notre plaisir. Le retour des Quintés à Paris-Vincennes contraste avec la grisaille de la rentrée qui se profile. Si Cabourg, Enghien et la province assurent chaque année joyeusement l’intérim, Goofy Greenwood a eu du mal à masquer son sourire en retrouvant le Plateau de Gravelle où il avait enlevé un an et demi plus tôt le très convoité Prix de Verdun. Logique favori après ses escapades estivales remarquées dans le Val d’Oise, le pensionnaire de Hugo Langeweg Jr, appartenant à l’écurie Amsterdam, a allumé le premier pétard en haut de la montée pour faire vaciller l’animateur Charme de Star dès l’entame de la phase rectiligne. Détaché à mi-ligne droite, il lui aura néanmoins fallu être accompagné par un Franck Nivard attentif pour ne pas se laisser surprendre par la remarquable conclusion de Crescendis qui échouait d’un rien, en nous rappelant du reste son combat récent avec Divine Mesloise qui s’était là encore soldé par une deuxième place. Derrière eux, la lutte faisait rage entre Colorado Blue et Digne et Droit revenu du diable vauvert avant de légèrement plafonner aux abords du poteau pour laisser le second accessit à Gabriele Gelormini. Cinquième, Derby du Dollar distribuait à belle cote quelques billets verts supplémentaires aux dénicheurs du Quinté, malgré un trajet nez au vent pour rapprocher le wagon de l’extérieur.
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Karlstad à bon port à Deauville Deuxième du cru 2019 du Handicap de la Manche derrière Diluvien, qui répétait dans une listed-race dans la foulée, Karlstad n’a eu besoin que d’un kilo de moins sur cette performance pour être récompensé d’une louable fidélité aux podiums. En effet, s’il n’avait plus triomphé depuis son succès il y a déjà près d’un et demi à ParisLongchamp, le pensionnaire de Pia et Joakim Brandt s’était inscrit à l’arrivée de sept de ses huit derniers Quintés ayant pour seule fausse note, avec des excuses à faire valoir, une douzième place peu significative dans l’événement vichyssois survolé par Port Deauville. Placé près des leaders par Maxime Guyon, le fils de Stormy River a évité la roulette russe des handicaps en attaquant de loin pour dominer… Port Deauville (une revanche) qui faisait preuve de beaucoup de courage, à la grande satisfaction de Franck Forési, pour s’installer deuxième malgré une pénalisation de sept livres. Et que dire de la situation au poids du top weight Mister Nino qui, sous 62 kg, navigue avec la même efficacité entre les gros handicaps et les listed. Sarendam et Mdracafeu fermaient le ban d’un Handicap de la Manche qui, au final, hébergeait tous ses favoris à l'exception de Kaiserperle. De quoi mettre une bonne claque à tous les râleurs – on en connaît tous dans notre entourage - qui fustigent ce genre de tournois. A Karlstad de démontrer désormais qu’il peut s’habiller de black type. Les terrains assouplis de l’arrière-saison devraient favoriser son entreprise.
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Featuring pour un tube de l'été à six voix Stéphane Pasquier n’avait plus gagné un Quinté depuis le 12 juillet. Presque incroyable nous direz-vous ! Mais cet écart fait depuis ce lundi partie du passé, le spécialiste des gros handicaps s’imposant avec Featuring dans une vraie arrivée de handicap avec pas moins de six chevaux sur la même ligne ou presque. Longtemps pressentie comme une potentielle lauréate, luttant encore à cinquante mètres du but avec Creativity, La Poutanesca et Cristian Demuro n’en reviennent toujours pas d’avoir conclu… sixièmes à moins d’une demie longueur de la représentante de François Rohaut. Même Hitchcock n’aurait pas fait mieux pour tenir ses adeptes en haleine. C’est l’une des moins expérimentées qui a posé son nez la première sur le fil de la photo générale, Featuring ne présentant jusqu’alors à son palmarès qu’une troisième place dans un Quinté à La Teste à la fin du mois de juillet. La régulière Creativity, mieux connue des turfistes, et l’une des première assaillantes, n’a pu s’opposer à son finish tout en conservant un minime avantage sur Moonlight Symphony qui, il faudra s’en souvenir, a fini la plus vite de ce mini peloton, mais seulement troisième. Oriental Road et Lady Sidney, vous l’aurez compris, auraient tout aussi bien pu s’imposer. Avec Stéphane Pasquier et François Rohaut, le handicapeur restera donc le troisième vainqueur de ce Prix Robertet.
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