Telecaster reste invaincu en France Ziyad, qui pouvait, depuis deux ans auprès de son mentor Carlos Laffon-Parias, se targuer de remporter sa belle course chaque été à Deauville, rencontrait en ce dimanche de clôture de meeting Telecaster, un poulain britannique qui avait survolé au mois de juin La Coupe (Grp. III) à ParisLongchamp alors qu’il avait un an plus tôt précédé la « voiture-balai » du Derby d’Epsom (Grp. I). Dans le Grand Prix de Deauville (Grp. II), dernier monument normand de la saison, un match dans le match se faisait donc jour. Mais le partenaire de Christophe Soumillon a refusé toute confrontation directe en s’imposant nettement de bout en bout, essoufflant au train Ziyad qui perdait non loin du but le premier accessit aux dépens de Soft Light, un représentant de Jean-Claude Rouget. L’ultime joute classique nous laissera en bouche un goût de pudding à la crème anglaise. Un peu plus tôt, cocorico, Stunning Spirit avait répondu avec la même facilité dans le Prix Quincey (Grp. III) à l'objectif avoué que s’était fixé Frédéric Rossi, alors que Pierre-Charles Boudot offrait dans le Prix Meautry (Grp. III) un nouveau succès aux anglo-saxons sur Breathtaking Look dont il s’agissait du premier déplacement dans l’Hexagone. C’est tellement beau la France ! Avec ses grands hommes… comme Stéphane Pasquier, notre monsieur Quinté, qui célébrait cependant son premier gros handicap avec Shere Calm (Georges Doleuze), martelant pour sa part suite à cette cinquième victoire à domicile que la Psf de La Touques lui appartient.
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Go on Boy, bien joué garçon ! La relève de Falcao de Laurma était en débat ce samedi à Paris-Vincennes lors d’un Critérium des 4 ans qui invitait pour une revanche au sommet Gunilla d’Atout, lauréate du Critérium des 3 ans de l’an passé, et son dauphin Gu d’Héripré. Du reste, un an et quelques mois plus tard, l’une et l’autre s’élançaient pour ainsi dire avec la préférence des turfistes. Les courses entretiennent la mémoire. La piste aussi, elle qui avait déjà permis à l’élève de Franck Nivard d’inverser la tendance cet hiver dans le Prix Charles-Tiercelin avant d'opérer un vrai break. Etincelante pour sa rentrée, la pouliche de Sébastien Guarato arguait aujourd’hui beaucoup de fraîcheur, suffisamment même pour remporter son duel contre son rival de toujours. Mais uniquement dans la lutte pour les accessits. Car devant, le trou avait été creusé depuis longtemps par Go on Boy, la dernière pépite de Romain Derieux. Déjà devant et méchant à un tour de l’arrivée, le fils de Password contestait d’abord dans la montée les velléités du partenaire de Franck Nivard pour mieux lui filer sous le nez dans la phase rectiligne. Le même scénario que dans le Prix de Milan cet été à Enghien. Du grand Romain Derieux pour accueillir un deuxième Groupe I sur le territoire français après le sacre de Dijon dans le Championnat Européen des 5 ans. Ce même Dijon qui avait hissé notre drapeau tricolore dans le ciel suédois six mois plus tard. Son successeur à l’écurie est déjà né. Derrière ce trio qui bouleverse la hiérarchie des 4 ans, Gotland, déferré pour la première fois, recouvrait les jambes de son enfance tout en dominant son compagnon d’écurie, l’outsider Gallant Way.
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Face Time Bourbon fait du Critérium son dixième Groupe I Il ne manquait que Flèche de Yucca pour que la grande messe des 5 ans réunisse tous ses fidèles. Avant même que la cérémonie ne démarre, la bénédiction était presque déjà programmée. Face Time Bourbon, qui garde toujours ses longs discours pour la piste, est effectivement monté sur l’autel de la promotion des 5 ans, comme il l’avait déjà fait à 3 ans, laissant une fois encore ses adversaires à leurs prières. Le pensionnaire de Sébastien Guarato s’adjugeait ainsi son cinquième Groupe I de l’année, le dixième de sa collection. Belle moisson pour ce trotteur à peine sorti de son adolescence. Falcao de Laurma, qui avait profité de son absence l’an passé pour s’approprier le Critérium des 4 ans, n’a cette fois rien pu faire à six cents mètres de l’arrivée quand le protégé de Sébastien Guarato s’est mis à marcher sur l’eau laissée par la grosse averse d’avant-course. En début de ligne droite, Björn Goop avait déjà consommé son succès après avoir relégué dans le lointain le bon Feliciano dont l’écurie des Charmes ne pourra pas broder une deuxième « étoile » sur la fameuse casaque à damiers. S’il est une autre victoire à souligner, c’est bien évidemment celle de Théo Duvaldestin qui, pour sa première expérience au niveau classique, réussissait le pari complètement fou d’installer Flamme du Goutier, la jument la moins riche de l’épreuve entraînée par son père, au troisième rang de l’épreuve. Frisbee d’Am se manifestait ensuite quatrième devançant Féérie Wood qui a cependant très bien conclu à l’extérieur.
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En Dylan Garcia, Crusoé retrouve son Vendredi Dylan Garcia gagne à Vibraye avec Crusoé d'Anama juste avant sa victoire de Quinté. Photo : Claudie Liger.
Au service de Jean-Michel Bazire depuis trois mois, jour pour jour, Dylan Garcia, l’apprenti-en-chef de l’hippodrome de Cagnes, a rapidement pris ses marques. A peine arrivé dans la Sarthe, il révélait Crusoé d’Anama à Vibraye avant qu’il ne remporte lundi un Quinté avec le boss au sulky à Vincennes. Le jeune isérois n’a pas fini d’aller de surprise en surprise. Bercé au bruit des sabots de l’écurie de Loris Garcia, à mi-chemin entre Lyon et Grenoble, Dylan Garcia s’est rapidement improvisé, depuis le milieu de la décennie, chef-de-file des apprentis du quart Sud-est notamment à Cagnes où il a remporté une grande partie de ses trente-trois succès. Adroit dans un fiacre, la tête bien soudée sur les épaules, il n’a guère tergiversé quand la proposition lui a été faite de découvrir un autre univers. Pas n’importe lequel, non ! Celui de Jean-Michel Bazire. Le doux rêve de cette jeune génération qui à l’aube de sa carrière a vu le multiple sulky d’or briller tel un soleil. Cette opportunité, il l’a saisie le 29 mai dernier, rejoignant la « dream team » déjà installée à La Bodinière. Une immersion somme toute facilitée par la complicité d’une équipe qui fabrique chaque lendemain. « Je n’ai vraiment connu aucun souci d’intégration. Ici il n’y a pas de passe-droits. Dès ton arrivée, tu es à armes égales avec tout le monde. Seul le boulot appelle la récompense. Nous sommes cinq apprentis au total, mais j’ai cet avantage, après dix saisons de licence, d’être celui qui a le plus couru et le plus gagné. Il faut le reconnaître, cela m’a aussi un peu aidé », constate le jeune homme qui a déjà trotté le matin des éléments comme l’intraitable Elie de Beaufour, le prometteur Guevara du Pont, Espoir Wic, Fidèle Royal, mais c’est pour Bo C. qu’il affiche un coup de coeur. « Il est à la fois bon, beau et gentil », nous avouait-il. A l’image d’un patron que Dylan ne nous présentera toutefois pas en ces termes, bien que… "Etre le plus complémentaire possible" « Si l’on me demandait ce qu’il m’a le plus marqué depuis mon arrivée, je répondrais sans hésitation Jean-Michel Bazire. L’homme. Pour diverses raisons. Sa manière d’entraîner bien entendu. Il a un œil sur tout. Il connait ses chevaux par cœur. Et en même temps, il te laisse une grande liberté. Il le dit lui-même, on n’a pas tous la même main, ni la même façon d’être. Ici, le but recherché est d’être le plus complémentaire possible, surtout pas que telle ou telle personne aille plus vite que l’autre. Jean-Michel parle peu. Il observe. Mais il va toujours te livrer ses impressions. Il a une réflexion très différente, toujours pertinente. Où il est très fort c’est qu’il entraîne comme il drive. C’est-à-dire qu’il va préparer ses chevaux de la manière dont il les utilisera en course, en produisant une grosse accélération tout en soutenant l’effort. Il tire du train sans les mettre dans le rouge, sans les « tuer ». C’est impressionnant », reconnaît Dylan dont les journées défilent sans voir les aiguilles trotter. « Ici, la routine n’existe pas. Tu vas toucher un peu à tout. Outre la préparation des chevaux, tu vas t’occuper des poulains, parfois même de l’élevage et des foals, tu passes du bricolage au jardinage, tu soignes les terres, les pistes, donc tu as un éventail de tâches très diverses mais tout le monde s’y attèle, commence et finit à la même heure. Nous sommes tous logés à la même enseigne. Ces trois mois m’ont déjà appris à devenir encore plus perfectionniste, à faire plus attention au détail et à moins se poser de questions. Quand tu trottes tous les jours des sujets de qualité, tu capitalises de l’assurance, tu gagnes en confiance ». Et parfois le bonheur frappe à votre porte. Comme lors de sa rencontre avec Crusoé d’Anama. Même si l’on ne s’en aperçoit pas au premier coup d’œil. Au bon endroit, au bon moment... « Avec Crusoé j’ai été au bon endroit au bon moment. Il est arrivé un jour où mes collègues disposaient de beaucoup de chevaux. J’en avais un peu moins sous mon aile et Jean-Michel m’a dit prends-le, tout en me précisant que ce ne serait pas facile. La première fois que je suis monté derrière je me suis dit en effet que ça n’allait pas être marrant tous les jours. Poulain, il devait être sacrément turbulent. Aude Lemoine a dû faire un sacré boulot pour autant le monter en gains. Le matin, nerveux pour ne pas dire insupportable, il montrait cependant beaucoup d’envie, allant toujours de l’avant, ne marquant jamais de pause alors qu’il fournissait quand même des séquences assez soutenues aux côtés de Fairplay d’Urzy en pleine préparation du Critérium pour samedi. Il n’avait jamais molli et là on se dit qu’il y a quelque chose de grand à faire. J’ai ensuite gagné facilement sur l’herbe de Vibraye. Beaucoup pensent que sa victoire de Quinté a été surprenante. Pas moi à l’égard de la charge de boulot qu’il avait connue. Du reste, Jean-Michel était très content du travail de toute l’équipe. Avoir un minimum de reconnaissance pour ses employés c’est extrêmement motivant pour la suite ». Le songe d’un premier Meeting d’hiver à Grosbois envahit désormais Dylan même si rien n’est encore écrit. « Pour acquérir de l’expérience, il n’y a rien de mieux que d’être sur place dans ce qui reste l’événement de l’année pour notre discipline. On verra bien. Avec Crusoé, j’ai mis la seule vraie cartouche que j’ai eue au centre de la cible. Ce n’est j’espère qu’un début ». Fabrice Rougier
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Canoeing fait déjà des vagues à Deauville Au crépuscule du Meeting de Deauville, la fraîcheur est un facteur qu’il faut absolument prendre en compte. Comme sa contemporaine Marly l’avait fait une semaine plus tôt, Canoeing, vainqueur du Prix des Chênettes ce jeudi en semi-nocturne, s’est présenté dans les stalles avec de l’énergie à revendre après une castration et seulement trois parcours dans les jambes depuis le début de l’année. En pleins progrès, comme l’avait annoncé son mentor Alessandro Botti à notre reporter Jonathan Caparos dans notre édition datée d'aujourd'hui (nous en avions même fait notre « tuyau »), le poulain signé par Le Havre - ce qui ne signifie pas pour autant d’être naturalisé Normand, ndlr –, appréciant la PSF, a refait mètre par mètre son retard sur l’animateur, le top-weight Lettyt Fight afin de lui voler la vedette aux abords du poteau. Un succès bâti par Ioritz Mendizabal, l’un des grands gagnants de l’été après avoir remporté en l’espace d’un mois deux Groupe I, le Jockey-Club à Chantilly et le Prix Jean-Romanet sur la piste en gazon de La Touques. Un Quinté reste néanmoins toujours bon à prendre surtout chez les 3 ans où la décision du pilote demeure essentielle. Sur cette surface, son dauphin monté par Pierre-Charles Boudot devrait rapidement enchaîner. Sunflower, alors qu’elle découvrait les gros handicaps, et son voisin de box Kahuna s’emparaient des troisième et quatrième places pour l’entraînement de François Rohaut devant Monsieur Xoo, en constants progrès et avec qui Yann Barberot peut entrevoir les jours heureux dès l’automne.
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Saint Poursain poursuit le bon mois de Mikaël Mescam Quatrième ici-même à Clairefontaine du Prix Léopold d'Orsetti, la course référence par excellence, Saint Poursain bénéficiait de beaucoup de fraîcheur, avec trois seules courses dans les jambes depuis le début de l’année, pour prétendre ce mercredi au Grand Steeple-chase de la Ville de Deauville. Devancé ce jour-là par Enola Gay, qu’il retrouvait avec un avantage de neuf livres, mais aussi plus affûté, le représentant de Mikaël Mescam, a fait chuter le pensionnaire de Yannick Fouin, seulement sixième dans la confrontation du jour, alors qu’il restait invaincu sur les gros obstacles de Clairefontaine. Au petit open-ditch, alors qu’il se rapprochait librement du « Nicolle » San Petrone Corso, après avoir attendu dans le premier tiers du peloton, le partenaire d’Alexis Poirier a soudainement accéléré à l’entame de la ligne droite se montrant souverain jusqu’au poteau malgré la bonne réplique du favori Polinuit, autre élève de François Nicolle, le long de la corde. Une demi-longueur les séparera à l’arrivée alors que Fahawro poinçonnait le troisième billet du Quinté, malgré une faute qui aurait pu lui coûter cher à un tour du but. Diamant Brut et Bounwell s’immisçaient également dans la bonne combinaison. N’ayant pu enlever son premier Quinté – rappelons qu’il avait échoué de très peu dans le Prix Violon II à Auteuil l’automne dernier – Polinuit cherche donc toujours son jour. Ce 26 août aurait permis à François Nicolle de remporter cette listed-race pour la troisième année consécutive. Les tableaux d’honneur n’intéressent visiblement pas Mikaël Mescam, plutôt concentré sur son extraordinaire réussite, ses treize partants, plat et obstacles confondus, ayant ramené sur le dernier mois d’activité la bagatelle de huit succès sans jamais finir plus loin que quatrièmes. Phénoménal !
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Premières vacances à Deauville pour Gipsy Jet Sept Il était l’un des moins expérimentés au départ du Prix des Greniers à Sel avec dix petites courses au compteur. Le plus jeune aussi dans les boîtes après avoir cultivé son accent chantant et répété ses gammes depuis l'automne dernier entre Nîmes et Marseille-Vivaux. Gipsy Jet Sept découvrait également ce mardi Deauville et les kilomètres, lui qui, en provenance de la cité phocéenne, n’avait jamais voyagé au-delà de Vichy. Bottom-weight de la première épreuve, malgré ses deux victoires dans des handicaps du Centre-est, le protégé de Christophe Escuder n’avait pourtant aucunes raisons de rougir au rond de présentation. Peu connu, peut-être, mais pour quelques minutes seulement. Positionné à la pointe du combat dès la sortie des boîtes par Jérôme Claudic, qui le découvrait, le fils d’Air Chief Marshal est reparti de plus belle dans la ligne droite en s’appliquant à conserver Allez Henri, de 5 ans son aîné, dans le rétroviseur. L’élève a dépassé le maître de la spécialité cher à Didier et Pauline Prod’homme qui courait après une sixième victoire de Quinté en trente-huit participations à ce niveau. « Gipsy », lui, aura donc fait mouche d’emblée et pourra désormais se rendre à Paris la tête haute, riche d’un succès incontesté. Troisième, Brokeback Mountain se faufilait côté corde pour s’adjuger une prometteuse troisième place sur la Psf avant de retrouver des espaces plus verts qu’il affectionne. Chailloue, le favori, a pour sa part longtemps visé un accessit avant de plafonner légèrement près du but tout en gardant le meilleur sur Saint Nicolas.
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Crusoé d'Anama seul comme un Robinson Il rendait 25 mètres. Mais au final, il en a presque mis autant à tous ses aversaires. Crusoé d'Anama semblait pourtant bien seul, ce lundi, délaissé ou presque (9/1 pour un Bazire ce qui est rare) par les turfistes qui lui préféraient de loin Etoilée Vrie dont le dernier kilomètre cagnois était resté dans les esprits. Passé dans les boxes du génie sarthois après sa troisième place du 15 juillet à Enghien, appartenant désormais à Mario Xuereb, le fils de Ni Ho Ped d'Ombrée s'était certes imposé sur l'herbe de Vibraye pour souligner à son entourage qu'il était bien arrivé dans sa nouvelle écurie, mais cette performance provinciale paraissait toutefois bien timide pour se remémorer cette époque où, à l'âge de 6 ans, il rivalisait au niveau semi-classique sous la férule d'Aude Lemoine. En retrouvant Vincennes, où il avait pris pour habitude de se produire dans les Quintés sans faire d'étincelles, Crusoé d'Anama a cette fois mis les voiles dès le haut de la montée pour entrevoir, sans vraiment exagérer, le succès dès l'intersection des pistes. Stupéfait par un tel changement de vitesse, Eagle Meslois abdiquait, Etoilée Vrie jetait ses dernières forces dans la bataille, en vain ! Crusoé, loin de son île, se retrouvait de nouveau seul... mais aux balances. Bien avant tout le monde, précédent en l'occurrence le régulier Black Jack la Nuit, auteur d'un bon dernier kilomètre, Darwin Star, aussi à l'aise corde à droite qu'à gauche et la favorite aux couleurs de Roger Baudron doublement chahutée aux abords du poteau. Avant de rejoindre Malte, où une nouvelle vie aurait pu se dessiner, le lauréat semble décidé à prolonger son séjour en France. Encore seul, certes, mais cette fois contre tous...
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