Délia du Pommereux, la vérité en Face Trois décennies et un peu plus après Jean Raffin qui triomphait dans le Prix de France (Grp. I) avec Pussy Cat en 1990, Eric Raffin, le fiston, est à son tour un peu plus entré dans la légende ce dimanche en remportant ce grand classique sur l’hippodrome de Vincennes. De manière presque inattendue ! Personne ne pensait battre le géant, Face Time Bourbon, si ce n’était peut-être Davidson du Pont qui avait réussi cet exploit l’an passé. Mais, en silence, la belle et tenace Délia du Pommereux, au sommet de son art, a laissé la pression s’installer autour de ce face-à-face. Après la disqualification du représentant de Jean-Michel Bazire, elle a aussi donné loisir à Face Time Bourbon de mener le bal à sa guise avant de refaire mètre par mètre dans la ligne droite et de réaliser cet « impossible » qui n’existera jamais aux courses. La grande dame de Sylvain Roger a déjà tant de belles histoires à raconter à 8 ans. Dans l’épreuve du Quinté nul suspense il y eut puisque le protégé de Jérémy Koubiche, Easy des Flics, gagnait de bout en bout pour ne pas écrire avec autorité. L’histoire ne dit par contre pas s’ils avaient posé un radar à quelques mètres du poteau.
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Violetto Jet reprend de l'altitude Gross Weight, déclaré très tôt non partant par Mickaël Cormy, s’était vu rejoindre sur la liste des forfaits par Jerry Mom et Brillant Madrik victimes d’un accrochage – heureusement sans trop de bobos – durant leurs heats. Du coup, avec ses onze petits partants, on assistait presque à la mise en bière du Prix de Munich, la course du Quinté ce samedi. Pour redonner à l’événement un air de fête, on savait pouvoir compter sur Violetto Jet qui découvrait, dans l’antichambre de l’élite, un engagement sur mesure sublimé de surcroît par le numéro cinq derrière l’autostart. Du reste, l’associé de Franck Nivard était très vite à la pointe du combat derrière Eros du Chêne qui s’ouvrait les poumons en vue du Prix du Pontavice-de-Heussey (Grp. III) au monté dimanche prochain. Mais dans la montée, le jeu avait assez duré pour le favori qui contrait d’abord Be One des Thirons et Duel du Gers à l’intersection des pistes, avant de rejoindre les balances sans avoir à forcer son talent. Ses deux challengers y laissaient quelques plumes pour respectivement reculer aux quatrième et cinquième places, dominés tout à la fin par le remarquable finisseur Fric du Chêne et la déterminée Unique Juni qui avait replongé côté corde. Sur le devant de la scène depuis le début de l’hiver - il s’agissait de sa sixième prestation - Violetto Jet signe à 7 ans d’une pierre deux coups son premier succès de l’hiver et le premier Quinté de sa carrière. Il n’y a pas mieux que le Prix de Munich pour se faire « mousser ».
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Erwan Grall : La lumière ne m’empêche pas de dormir Après un sensationnel hiver sur les obstacles béarnais, Erwan Grall a provisoirement pris le contrôle de sa corporation alors que se profile déjà la réouverture des hippodromes parisiens. Rencontre avec cet entraîneur de Maisons-Laffitte qui a longtemps œuvré en silence parmi les grands de la discipline avant de connaître cette soudaine réussite.
Pas le temps au repos. Pau apparaît déjà dans le hublot. Mercredi matin, au lendemain de la clôture du meeting béarnais, Erwan Grall avait déjà sauté dans le premier avion. Dans ses bagages, treize succès et d’innombrables accessits. L’heure n’est pas à la nostalgie. Demain balaie rapidement le passé. Vivre à deux cents à l’heure fut toujours le souhait de cet ancien gendarme de la Garde républicaine. « Mes chevaux sont sur la route. Ils seront là ce soir (mercredi, ndlr), languissait déjà le metteur au point. Tous nos pensionnaires de Maisons-Laffitte ont été remis en route après un break au mois de décembre. La réouverture parisienne arrive vite. Il faut être prêt début mars et j’ai quelques bons espoirs. Notamment avec Cerisaie qui fera face à un bon engagement à Auteuil le 1er mars. Elle a laissé une très bonne impression à Pau le 21 janvier roulant aussi vite que les vieux le même jour sur le parcours de 3500 mètres. A elle de confirmer. On possède aussi pas mal de bons 4 ans. Parmi eux, il y a quelques pépites comme Hardi Les Gars, un inédit du Haras de Saint-Voir qui va débuter le 23 février à Fontainebleau. C’est tout simplement le frère de Général en Chef, placé de Groupe III à Auteuil », prévient un mentor mansonnien qui écrase tout sur son passage.
"J'ai beaucoup appris chez Robert Collet" Plusieurs doublés sur le gazon du Pont-Long, un premier succès sur le cross, une touche finale avec la célèbre casaque de Magalen Bryant,… et un Quinté à mettre à l’actif du chouchou Portentoso. « Un Quinté c’est sympa. D’autant plus que Portentoso, acheté à réclamer, fut l’un des premiers à rejoindre cette nouvelle aventure. Ce n’est pas le meilleur en qualité pure, mais c’est un peu la mascotte de l’écurie, un petit cheval que tout le monde apprécie, qui a beaucoup de personnalité ». Et qui participe si bien à l’éclosion de cette petite société qui n’a que seize mois d’âge. Erwan Grall a pris le temps d’observer, d’apprendre à diriger pour mieux voler de ses propres ailes. « De la Garde républicaine j’ai rapidement fait le tour. Je tournais un peu en rond. Du coup, tous les matins j’allais monter un lot chez Thomas Trapenard. Puis un jour il m’a proposé de devenir premier garçon. Une nouvelle vie s’offrait à moi », se souvient-il, comme de ses fonctions tour à tour chez Robert Collet, Guy Cherel ou David Cottin. « J’ai beaucoup appris chez Robert Collet, mais Il faut savoir prendre le meilleur partout pour se dicter une méthode de travail plus personnelle. On mixe ces belles expériences et on essaye de commettre le moins d’erreurs possibles en s’appuyant sur celles qu’on a faites par le passé. Il ne faut pas recommencer la même bêtise deux fois. J’ai vu plein de chevaux différents, j’ai côtoyé des cracks, avec qui on apprend le plus, comme Nikita du Berlais ou plus récemment Blue Dragon. Ce que j’effectuais en tant qu’assistant et ce que je fais aujourd’hui sous la casquette d’entraîneur est quasiment identique. Alors, des propriétaires m’ont incité à créer mon écurie. Sans eux, je ne me serais pas lancé. Forcément, quand on a les clients et des chevaux c’est plus facile de gagner des courses. On a commencé avec une dizaine de pensionnaires. Nous en possédons désormais une quarantaine. Plus c’est varié, mieux c’est. Cela limite les risques. Si vous ne possédez qu’un gros client, le jour où ça dérape, tout peut se compliquer. Je ne me fixe aucunes limites en termes d’effectifs. J’ai toujours été habitué à travailler dans de grosses structures. Le nombre ne m’inquiète pas », poursuit-il avec le sentiment du devoir hivernal accompli. Pau, un hippodrome très formateur « Le profil de Pau correspond à notre style de travail. S’y distinguent plutôt de vrais sauteurs en grande majorité de terrain lourd. On a eu cet hiver ce qu’on était venu chercher. Les miens ne sont pas des chevaux de vitesse, ils ont du fond et sont assez durs en général. C’est un hippodrome très formateur pour les poulains avec une équipe sur place extraordinaire. Tout le monde bosse pour les chevaux. Tous les salariés du centre d’entraînement sont à notre écoute et font le maximum pour que l’on soit satisfaits des installations. Dès lors, on peut préparer nos bons éléments pour la rentrée à Paris ». En attendant, Erwan Grall a signé depuis le début de l’année plus de succès que François Nicolle et Guillaume Macaire, les deux piliers de la discipline. « C’est pour les faire râler un peu, s’en amuse l’homme en forme puis de poursuivre, la concurrence sera plus rude à Auteuil. Messieurs Nicolle et Macaire, et bien d’autres, y présenteront des chevaux de calibres supérieurs à ceux de Pau, mais il ne faut pas avoir peur », reprend Erwan si rapidement passé de l’ombre à la lumière. « La lumière ne m’empêche pas de dormir. Ma seule vraie préoccupation reste de voir les résultats s’enchaîner et de remporter un titre au niveau listed ou plus haut à Auteuil. L’an passé, on a bien gagné deux Groupe III en plat chez les AQPS, mais ça n’a pas la même résonnance ». Au rythme effréné de cette si jeune carrière, ce n’est l’affaire que de quelques semaines. Fabrice Rougier |
Go With The Wind à la vitesse du vent Après quatre pâles prestations dans les Quintés, Go With The Wind a soufflé le chaud vendredi en faisant sien le Prix de Grasse dans le terrain profond (4,6 au pénétromètre) de Cagnes-sur-Mer. Après avoir trouvé refuge dans le sillage de L’Indomptable, qui avait fait le choix en face de raser la lice, l’élève de Jean-Pierre Gauvin s’est envolé à trois cents mètres du poteau pour s’imposer comme à l’entraînement. Qui sème le vent récolte la tempête se dira longtemps la pensionnaire de Christophe Escuder qui voyait rapidement les accessits, que se disputaient les animateurs Isidro et Ballet Queen, s’éloigner. Si impressionnante dans le Prix Saint-Honorat, la favorite L’Indomptable trouvait ses maîtres et échouait au pied du podium devant Vega Majic. Sur la Côte d’Azur, par les temps qui courent, mieux vaut avoir Eddy Hardouin avec que contre soi. Après Saint-Nicolas, pour ce sympathique jockey, chaque Quinté devient une fête.
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Un meeting parfait pour Décoloration Une quatrième victoire à Vincennes cet hiver, un troisième Quinté, sans évoquer son accessit au niveau Groupe III, Decoloration aura réalisé un vrai carton plein durant ce Meeting. Dans le Quinté du jour, la protégée de Jean-Michel Baudouin a attaqué dès le début de la montée pour entrer en tête dans le tournant final et creuser son avance sur Belle Emotion et Datcha qui n’avaient pas amusé le terrain. Datcha, courageuse, a longtemps fait illusion pour le jumelé avant de céder cette fameuse deuxième place à Conchitana Jenilou, qui bouclait son parcours en pleine piste à la vitesse du vent, tout en résistant de peu à Belle Emotion, une animatrice « increvable » qui avait conservé une poire pour la soif. Class Action, en bout de la bonne combinaison, corsait un peu plus les rapports du jeu phare du PMU. Décoloration aurait à coup sûr déchaîné quelques envolées lyriques de la part de Guy Lux et de Léon Zitrone à qui Vincennes rendait hommage à l’occasion de ce tournoi pour les femelles. Deux immenses promoteurs des courses, du petit écran et de la radio, que les plus de 50 ans ne sont pas prêts d’oublier. Ici l'hippodrome de Vincennes, à vous les studios, à vous Cognacq-Jay !
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Vincent Ferm… avec fermeté Récemment arrivé chez Yannick Desmet après avoir entamé sa carrière en Italie, le désormais bien connu en France - notamment pour ses parades à Enghien ou à Cagnes - Vincent Ferm a ouvert ce mercredi son compteur à Vincennes dans le Prix de l’Ille-et-Vilaine, le Quinté. Et de façon plutôt convaincante. Car même si l’écart à l’arrivée avec Helena Di Quattro reste, il faut bien l’admettre, minime, l’associé de Björn Goop n’avait pas forcément choisi la facilité en ramenant le cordon de l’extérieur. Eadshot Josselyn, qui avait mené le bal, pensait même quelques secondes en être totalement débarrassé à l’entrée de la ligne droite. Repartant de plus belle une fois équilibré, il trouvait encore les ressources nécessaires pour contenir la partenaire de Franck Nivard qui l’avait constamment pisté. Quelle force morale ! Marquant « à la culotte » ce beau jumelé, Equinoxe ne pouvait améliorer son classement, parvenant néanmoins à dessaisir Eadshot Josselyn du second accessit. Emone Cruz, sa voisine de boxes, s’installait plus loin cinquième pour un festival des favoris au coeur de la blanche poudreuse. Grâce au remarquable travail des hommes de piste de l’hippodrome de Vincennes, les pneus-neige n’étaient cependant pas recommandés au contraire du « Damart ». A Cagnes, pendant ce temps, planait déjà sur les galopeurs un air de meeting d’été.
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Calina sans sentiments, ni émotions La Scandinave Calina n’a rien d’une tendre. Si sa première escapade du mois de décembre à Cagnes s’était révélée bien timide, la jument ayant dû longtemps ronger son frein dans la ligne droite, son retour sur la Riviera fut ce mardi moins discret. Avec Christophe Martens dans le fiacre, il est évidemment compliqué de rester incognito sur la Côte d’Azur. Logée dans le sillage de Django du Bocage qui emmena très longtemps le wagon de l’extérieur, la représentante de Jean-Michel Bazire s’est contentée de suivre sa progression avant de laisser sur place Euro du Chêne, qui ne s’en remettra jamais, et s’enorgueillir d’un deuxième Quinté très loin devant Ekiango de Nile qu’Anthony Muidebled a pleinement retrouvé au bon moment. Colonel Bond, comme dans le Prix Une de Mai, achevait son travail très proprement en pleine piste pour arracher l’ultime accessit à Callijo Delbi, autre extrême outsider à plus de 80/1, et à Concerto Gédé. Aux portes du Quinté, Gabriele Gelormini peut quant à lui émettre des regrets suite à l’incartade de Olle Rols dans le tournant final avant de bien se relancer. Entre Cagnes et Vincennes rien ne change vraiment pour les pensionnaires de JMB. A part le ciel !
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