Le jour de gloire de Gelati Cut est arrivé Troisième de ses ainés Face Time Bourbon et Davidson du Pont dans le Prix d'Amérique, Gu d'Héripré n'avait pas cette année l'expérience des deux épouvantails de l'épreuve reine. Ce dimanche, revenant parmi les siens dans le Prix Ovide-Moulinet (Grp. II), support du Quinté, le petit chef d'oeuvre d’Eugénie Quintin espérait renouer avec le succès, mais une faute en début de ligne droite du partenaire de Franck Nivard condamnait cette perspective. Alors, pour Gelati Cut, l’éternel placé, l’un des trotteurs les plus chics de cette génération des 5 ans, l’heure a sonné au terme d’un somptueux parcours donné par Gabriele Gelormini. Il ne restait plus qu’à l’élève de Romain Larue d’aller défier l’animateur Galius, qui aime la castagne, pour récolter un premier Groupe II amplement mérité. Dans le Prix de l'Ile-de-France, l'un des autres temps forts ce dimanche, quelques protagonistes du Cornulier se retrouvaient pour un exercice de vitesse (2175 m) dans lequel Etonnant avait co-réalisé le record de la discipline avec Bilibili l'an passé en 1'10''. Pas de Bilibili à l’horizon pour barrer la route de la propriété de Richard Westerink, mais la présence de l’éclectique Flamme du Goutier qui, sur une simple accélération, survolait ce Groupe I après sa deuxième place il y a quinze jours derrière Bahia Quesnot. Avec leur « Flamme », déjà lauréate du Prix de Normandie (Grp. I), Antoine Wiels et Thierry Duvaldestin auront passé tout l’hiver au chaud.
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Une nouvelle Perle de Matthieu Abrivard Avant de retrouver l’attelé, une expérience au trot monté est souvent bénéfique. Fine Perle of Love, avec un Matthieu Abrivard sur tous les fronts à l’heure actuelle, l’a rappelé à la communauté turfiste en remportant samedi le Prix de Cagny, une belle course fermée pour les juments de 6 ans. Son driver, qui décroche un deuxième Quinté cette semaine après celui de Fantasia de Ligny, a encore flairé la meilleure affaire en sautant dans les bonnes roues, notamment celles de Frimeuse d’Azur, que Franck Nivard avait rapproché en bas de la descente en troisième épaisseur. Puis, sur sa lancée, l’élève d’Emmanuel Varin a pris les commandes de l’épreuve sans les lâcher jusqu’au poteau malgré la pression à son extérieur de Frimeuse d’Azur et en dedans de la favorite Flèche du Cèdre. Derrière cette dernière, côté corde, Funky Town tardait à trouver l’ouverture et venait échouer tout près, quatrième, tout en donnant l’impression de pouvoir rafler la mise avec cinquante mètres supplémentaires. Thomas Levesque avait raison dans nos colonnes. La fin de course de son associée aura été « funky ». Enfin, la bien nommée Fortune participait à son humble mesure à construire celle des parieurs l’ayant placée en bout de combinaison sur leurs tickets. Si l’argent ne fait pas le bonheur, le Quinté ordre, près de 30 000 €, détend tout de même l’atmosphère.
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Qeenie’s Cash, la taulière Le bilan est lourd pour ses adversaires du Béarn. Après huit productions au Pont-Long, Qeenie’s Cash a remporté dans le Quinté ce vendredi un cinquième succès, sans jamais sortir des trois premiers. La taulière méritait plus que tout autre son rang de favorite après s’être fait souffler la victoire sur le fil dans le Prix Auguste-de-Castelbajac. S’inscrivant en début de ligne droite dans une lutte à trois, après la lourde chute de sa camarade d’écurie Milanesca dans le tournant final, la partenaire de Clément Lefebvre a laissé le 10 ans Béryl Baie, un nageur qui a semble t’il apprécié cet hiver le bassin palois qu’il découvrait, à trois longueurs. Ediboum après s’être essayé dans le Grand Steeple de Pau ressurgissait, troisième, dans ce lot plus modeste, débarrassé de tout opposant pour l'octroi du dernier accessit. Gino des Dunes, encore compétitif dans le tournant final, baissait quant à lui nettement de pied pour conclure son premier handicap, à contrario de Bandero qui lui arrachait dans les ultimes foulées le quatrième ticket d’un Quinté qui se révélait avant le coup des plus ouverts.
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De chaque matin Louis Valmalle fait un jour J Björn Goop, au premier plan, Henrik Hollsten, au milieu, et Louis Valmalle, à l’extérieur, travaillent leurs 2 ans à Melun.
La une de l’actualité ? Ils ne l’investissent jamais. Et pourtant, les débourreurs sont à la base de la carrière de tous nos champions. Louis Valmalle est de ceux-là. Voilà un demi-siècle qu’il consacre sa vie aux poulains. Aujourd’hui, il prépare avec la plus grande délicatesse les 2 ans aux origines exceptionnelles de Björn Goop. A la rencontre d’un homme heu-reux. A 68 ans, Louis Valmalle ne veut pas entendre parler de retraite. Se mettre en inactivité, pourquoi pas, mais s’éloigner des chevaux, comme pour beaucoup, demeure inacceptable. On n’efface pas un demi-siècle de travail du jour au lendemain, d’amour du quadrupède surtout, aussi vite qu’un trotteur quitte soudainement le peloton pour nourrir la colonne des disqualifiés. Alors, connaissant son sérieux, quand le professionnel suédois Henrik Hollsten lui a demandé de lui donner un coup de main, ce débourreur hors pair n’a pas résisté à l’envie galopante de remettre les bottes. C’est ainsi, depuis l’automne, qu’il a rejoint le staff scandinave et la garde rapprochée de Björn Goop à Melun. « Je n’ai pas réfléchi bien longtemps. J’ai pris ma voiture et l’autoroute vers Paris », explique ce Gardois enchanté d’apporter son savoir à sa nouvelle équipe. « J’ai au débourrage une trentaine de poulains, dont les deux tiers sont placés sous l’entraînement de Björn Goop. Monsieur Hollsten est une personne vraiment très agréable. Quant à Björn Goop, il dégage beaucoup de quiétude, d’apaisement. Il est hors des hippodromes le même que dans un sulky. C’est un professionnel au calme olympien. Il a le sang-froid du champion. Comme Franck Nivard, il ne connaît pas la pression, qu’importe la course qu’il dispute. Mais pour gagner trois Prix d’Amérique, il faut également de la justesse dans chaque décision et un brin de chance. Sans une petite aide du destin, on réussit rarement. Regardez Une de Mai. Elle a été la meilleure jument au monde et elle n’a jamais pu remporter le Prix d’Amérique. Rien n’est jamais écrit avant une course, même quand on s’appelle Face Time Bourbon », rappelle cet homme de la face cachée des courses qui transforme un poulain en trotteur. Se respecter mutuellement « J’ai commencé avec les chevaux de selle quand j’avais douze ou treize ans. Puis, un jour, dans les années soixante, alors que je travaillais des chevaux à Nîmes chez Henri Julien, ce dernier m’avait présenté Henri Callier qui était l’entraîneur numéro un dans le Quart Sud-est. C’était une autre époque. On commençait le débourrage à dix-huit mois voire deux ans dans l’espoir de les débuter à Cagnes dans leur année de 3 ans. Désormais, on les prend en main à un an. On fait un pré-débourrage comme on dit pour les emmener en piste à l’âge de 2 ans. Ce n’est, cela dit, pas la méthode choisie par Björn. Ça ne l’intéresse pas de qualifier ses poulains dès le mois de juin. Il préfère les laisser grandir, qu’ils soient nickels, dotés de beaucoup de tenue. La vitesse viendra plus tard. Cela leur permet de finir leur croissance, de bien mûrir, afin qu’ils découvrent la piste en étant le moins nerveux possible. Quand il qualifie ses protégés, ils sont déjà en mode course », apprécie ce second maillon de la chaîne après l’éleveur. « Mon boulot, c’est de l’apprentissage. La première des choses qu’on demande aux poulains est d’être à l’écoute du bonhomme. Il faut mutuellement qu’on se respecte. C’est primordial. Quand on prend un cheval en main, il ne doit pas nous marcher sur les pieds. La plupart des trotteurs sont aujourd’hui attelés avant d’être débourrés. Ce n’est pas ma vision. Quand je promène le cheval dans le vide, il ne doit pas bouger. Nous devons être tous les deux en confiance. Je leurs mets ensuite une bride, je les habille avec un petit harnais muni d’élastiques. Je les passe après en grandes guides. Je suis derrière eux à pied comme s’ils avaient un sulky. Et on se promène pour faire la bouche comme on dit, pour qu’ils aillent à gauche, à droite, qu’ils s’arrêtent, qu’ils redémarrent. Puis un jour vient où l’on met le sulky. On monte dessus et on part tout en douceur. Je suis contre le rodéo. Quand je monte, ça ne bouge pas d’un poil même si chaque cas va être différent. Certains chevaux sont voyants, dans le sens où ils ont peur de tout, d’autres sont agressifs. Il faut faire du cas par cas. On ne peut pas parler de méthode préconçue. Il faut s’adapter au poulain. C’est la seule règle. Je les conserve une petite année. Le temps de m’y attacher et de les voir partir. Certains marquent plus que d’autres sans pour autant être des cracks. Un cheval qui gagne à Vivaux peut tout autant toucher émotionnellement qu’un cheval qui court à Vincennes. C’est le cœur qui parle », précise Louis dont les nouveaux copains ne manquent pas de classe. "Je n'ai été fabriqué que pour faire ça" « Je travaille avec des origines exceptionnelles. Ready Cash, Bold Eagle, Love You, Bird Parker,… il ne doit y avoir que trois ou quatre juments françaises, ce sont toutes des poulinières suédoises. C’est le luxe, de sacrées origines. Mais à cet âge, on ne peut pas vraiment dire si les « J » que j’ai sous ma responsabilité deviendront des champions. Des chevaux peuvent être prometteurs avant de plafonner. Certains ont des allures plus faciles, plus naturelles que d’autres. Aux premiers travaux, on se dit par contre que ce sera plus compliqué pour certains car ils sont cagneux. Mais rien n’apporte de certitudes. Général du Pommeau était un poney, ça ne l’a pas empêché de gagner à 2 ans et à 10 ans, c’est pareil pour Idéal du Gazeau, c’était un petit cheval. Avec son modèle, je suis certain quand ils l’ont débourré qu’ils ne devaient pas envisager de gagner le Prix d’Amérique. Au-delà des allures, le moral est essentiel. Si le cœur ne suit pas, ils peuvent aller à une vitesse terrible, ça ne suffira pas. Il en faut des paramètres pour fabriquer un crack », poursuit-il avec cette âme d’enfant qui débute dans le métier. « Je ne sais pas encore si ça va se faire, mais l’on commence à parler des premiers produits de Face Time Bourbon. Ça met l’eau à la bouche. On a déjà hâte d’y être. Le débourrage c’est la base de tout, même si l’élevage reste primordial dans une carrière. Personnellement, je n’ai été fabriqué que pour faire ça. Quand ils commencent à courir, je ne suis plus dans le coup. Mon boulot s’arrête aux qualifications. C’est une question d’habitude. Et d’amour pour ce métier trop peu médiatisé ». Fabrice Rougier |
Elie de Beaufour est de retour Absent depuis son éclatante victoire dans la finale du Grand National du Trot, Elie de Beaufour s’est réconcilié avec un Meeting qui lui aura été peu favorable en termes d’engagements en s’adjugeant le Prix de Langeais, le Quinté de ce jeudi. La course a réellement pris son essor en plaine après la progression des deux favoris, mais pour le représentant de Jean-Michel Bazire il semblait hors de question de laisser le pouvoir quelques secondes à Duel du Gers qu’il avait toujours devancé. Matthieu Abrivard n’insistait pas, mais le fils de Royal Dream se doutait déjà que le plus dur avait été fait. En effet, ensuite, personne n’osera contester la supériorité d’un cheval comptant désormais vingt-et-un succès en vingt-sept productions. Le candidat « du Gers » perdait son duel et reculait même au troisième rang sans pouvoir répondre au finish de Elu de Dompierre. Dream de Lasserie célébrait quant à lui cet excellent engagement par une quatrième place à laquelle ne prétendra jamais Dreamer de Chenu qui n’a pu pratiquer la course en tête. Elie de Beaufour n’en finit plus de séduire et s’enrichit donc d’un quatrième Quinté… en attendant le prochain.
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Saint Nicolas revient à Cagnes en Père Fouettard Avec neuf livres de moins sur le dos qu’à pareille période l’an passé, Saint Nicolas a été à la fête ce mercredi dans le Prix Rauba Capeu, l’un des mythiques Quintés de plat du meeting azuréen. Ses dernières prestations avaient montré le pensionnaire de Sébastien Culin en forme ascendante, certes en plus timide compagnie, et Eddy Hardouin a apporté la touche finale en écartant le tout aussi régulier Checkpoint Charlie dans un ultime face à face à cent mètres du poteau. A 10 ans, Allez Henri conclut encore troisième, faute de pouvoir prétendre à mieux après les 3 kilos supplémentaires infligés par le handicapeur suite à son succès dans le « Docteur-Gazagnaire » et demeure, de par sa régularité, le « Riton » préféré des Cagnois. Rannan se réhabilitait pour sa part totalement après sa production deauvillaise en demi-teinte alors que Monsieur Xoo, peu avantagé par son numéro dans les boîtes (à l’instar de By the Way constamment en troisième épaisseur) s’emparait d’une honnête cinquième place dans un Quinté des plus ouverts. A 7/1, Checkpoint Charlie était en effet investi favori. Une dispersion des mises qui fait toujours le bonheur des plus perspicaces.
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L'uppercut de Fantasia de Ligny Le 30 décembre dernier, les planètes n’étaient pas alignées pour la pensionnaire de Yannick Henry. Pistes gelées perturbant son entraînement, petit souci de santé quelques heures avant la course,… mais depuis cette déconvenue, le mentor du Sud-ouest l’avait vue refleurir le matin, comme il nous le confiait dans notre édition du jour. Les 2850 mètres de la Grande Piste ont révélé mardi ce retour en état de grâce, Fantasia de Ligny, d’abord patiente à un tour de l’arrivée pour attendre le dos de Féria de l’Iton, lançant le sprint à cinq cents mètres du but pour s’imposer sans donner de sueurs froides à son entourage. Calquant son parcours sur celui de la future lauréate, l’extrême outsider Foudre du Bengale s’accrochait au deuxième fauteuil malgré les excellentes conclusions de Favorite, qui ne l’était pas, et de Flore Mérité. Fortuna Mesloise, enfin sage et avec qui Franck Nivard a dû prendre toutes ses précautions en début de parcours, était encore souveraine à l’intersection des pistes avant de reculer pour sauver une cinquième allocation. Un neuvième succès cette année, le sixième à Vincennes, pour l’entraineur du Tarn-et-Garonne qui réalise de fait son entrée dans le Top 10 de la profession. Avec l’appui de son beau-frère Matthieu Abrivard, une garantie dans le fiacre comme sur la selle, les compteurs n’ont jamais vraiment le temps de rouiller.
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