Battue par Morphewan le 10 août à Deauville, qui a répété depuis, troisième auparavant sans être véritablement chanceuse le 14 juillet à Chantilly, Noir a enfin trouvé son jour dimanche dans le Prix Carrus à ParisLongchamp. Profitant de son petit numéro dans les boîtes et emmenée très loin par Get Set, motivé comme le jour de son succès à La Teste, la jument entraînée par Alicja Karkoza est sortie du dos de son adversaire quand Benjamin Marie l’a souhaité, à deux cent cinquante mètres du but, puis a allongé ses foulées pour facilement dominer à 4 ans tous ses aînés. Dans une course où il a été très compliqué de revenir de l’arrière, Giraffe mettait encore le cou à la fenêtre pour s’adjuger le dernier accessit devant la top weight Wild Pansy et Plain Beau. Artisan de ce succès, Benjamin Marie remportait ainsi le second Quinté de sa carrière à un moment bien choisi puisqu’il s’agissait d’une réunion de préparatoires à l’Arc de Triomphe. Aux courses peut-être encore plus qu’ailleurs, on ne peut pas être « Noir » tous les jours, la pouliche qui n’avait encore jamais gagné en France contrairement à son pays d’origine, la Pologne, peut enfin voir la vie en rose.   

On connaît Koctel du Dain. Un cheval de grande tenue qui vous imprime un train d’enfer et qui « cisaille » les jambes de ses concurrents. Ce rouleau compresseur n’est pas vainqueur de deux Groupe I et le plus poulain le plus riche des 4 ans au départ par procuration. Surtout que les ordres donnés par Philippe Allaire à David Thomain étaient de durcir ce Critérium. Kataki de Wallis, lui, avait très bien joué le coup en attaquant devant les tribunes avant d’attendre l’élève de Philippe Allaire pour le couvrir. Dès lors, une autre épreuve démarrait. Et le wagon de deux avait du souci à se faire pour progresser. Keep Going s’en chargeait. Nez au vent dans la montée quand ça bardait, il trouvait néanmoins, l’espace d’un instant dans le tournant final, le dos de « Kataki » avant de repartir de plus belle pour « shaker » victorieusement un robuste Koctel du Dain qui conservait l’accessit d’honneur au courage devant Ksar. Préparé de longue date par Mathieu Mottier en vue de cet objectif, Keep Going a donc tout donné sans compter réellement sur son driver, Eric Raffin, qui remportait cependant, en grand driver qu’il est, son second Critérium de la journée.

« J’ai vécu avec mon cheval et pas avec ma famille depuis un mois ». Jocelyn Robert avait la larme à l’œil quand Lovino Bello résistait au favori Lombok Jiel, samedi, dans le Critérium des 3 ans. Il était déjà avant ce sommet le seul poulain européen de sa génération à avoir trotté sous la barre des 1’10 (1’09’’7 à Enghien sur 1600 mètres), mais le fils de Village Mystic à faire encore plus fort en raflant l’étiquette de leader de sa promotion à l’élève de Jean-Luc Dersoir, ce qui n’était pas une mince affaire. Ayant fait l’impasse sur la dernière préparatoire, pour préserver une certaine fraîcheur, Lovino Bello n’a pas connu le meilleur des parcours, mais Eric Raffin a su doser l’effort de son associé en temporisant dans le tournant final, sentant qu’il avait la mesure de Lotta Bourbon qui menait à son intérieur. Il suffisait ensuite de repousser l’assaut de Lombok Jiel, ce que le poulain a parfaitement concrétisé montrant une fois encore classe et tenue. « Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il est bon, soulignait Eric Raffin. Puis d’ajouter, « ce sont des grandes victoires ». Un sacre que Jocelyn Robert a pu, cette fois, savourer en famille. Après l’effort, un grand réconfort.

Victorieux dans le Critérium des 4 ans l’an passé, Josh Power est resté samedi à Vincennes le chef-de-file de sa génération en doublant la mise dans le Critérium des 5 ans. Pour espérer battre Jushua Tree, il fallait une course au millimètre et Sébastien Ernault a parfaitement rempli ce contrat en se plaçant dans le sillage du grand favori. Le mano a mano entre les deux champions a eu lieu jusqu’à la mi-ligne droite, mais l’on devinait assez tôt que « Jushua », qui avait longuement trotté le nez au vent en accompagnant le leader Justin Bold, avait moins de jus que son adversaire. Du grand Ernault, un immense « Josh » préparé à la perfection par un entraîneur qui sait mettre dans le mile sous la pression. « J’ai de la chance d’entraîner un tel cheval qui met toujours son cœur sur la piste », commentait Sébastien très ému quelques secondes après sa victoire. Il n’y pas de succès sans grands pilote.  Et ce jumelé rend quelque part le verdict que beaucoup attendaient. Une sorte de logique respectée. Troisième, Just Love You se réhabilitait pleinement (la magie Abrivard), devant Jango Vici et Just A Midi. Réussir à s’adjuger le Critérium de sa promotion deux années de suite n’est pas banal. Il fallait remonter en 2002 avec Jasmin de Flore pour trouver trace de pareil exploit qu’avait également réussi Ipsom de Mormal, Général du Pommeau et Fleuron Perrine pour ne citer que les plus récents.  

Qu’il est compliqué de dominer Jean-Michel Bazire sur ses terres. Matthieu Abrivard a pourtant tout essayé, mais l’entraîneur sarthois pourra (encore) quitter l’hippodrome des Hunaudières avec une victoire et pas des moindres puisqu’il s’agissait mercredi de la neuvième étape du GNT. Igrec de Celland, l’actuel maillot jaune, avait l’opportunité de creuser un écart significatif sur son adversaire direct, Ibiki de Houelle, absent, mais l’élève de Christophe Jariel s’est perdu dans ses allures à l’entrée du tournant final, fait rare pour ce si brave trotteur. Il est vrai que l’accélération de Hymne du Gers à 700 mètres du but pour prendre de vitesse l’animateur Iguski Sautonne sortait de l’ordinaire. Mais le protégé de Matthieu Abrivard s’est accroché, longuement, semblant même reprendre le dessus sur son rival à mi-ligne droite avant de timidement jeter l’éponge. Derrière, Eurêka Vrie, qui avait laissé passer l’orage, s’assurait le dernier accessit, tandis que i Can Dream, Hidalgo des Noés et Hede Darling bataillaient pour les deux ultimes fauteuils du Quinté. En l’honneur du vainqueur, Christian Bazire, Président de l’anneau du Mans, aurait pu jouer l’ « Hymne » sarthois. Comme souvent pour son neveu !  

Mardi sonnait la réouverture de l’hippodrome d’Auteuil avec un Quinté gorgé d’incertitudes entre hurdlers effectuant leur réapparition et d’autres, plus ingambes, qui devaient néanmoins porter le poids d’une pénalisation. Comme Rock And Roll, vainqueur cet été sur un anneau de Clairefontaine qu’il adore. De là à ne pas estimer la Butte Mortemart… il y avait un obstacle à ne pas franchir surtout avec sa condition avancée. Alors que Folly Foot a longtemps fait illusion pour le titre, les derniers cent mètres lui ont été fatals et le partenaire de James Reveley ne pouvait parer la double attaque de Rock And Roll et de Gurzuf qui constituaient le jumelé dans cet ordre. Ninth Loch fournissait un bon quatrième devant Happy Harry toujours vu dans le premier tiers du peloton et favorisé par un terrain souple. Kévin Nabet, au titre de jockey, et Mickaël Seror, déjà victorieux de ce Prix Jean Bart l’an passé avec Eximia, resteront donc les premiers lauréats d’un second semestre d’Auteuil qui comportera dix Quintés et de cinq Groupe I. De quoi se régaler tout l’automne…