Ce week-end aura connu un déferlement de Groupes I. Après le Ferdinand-Dufaure remporté de brillante manière par Gardons le Sourire, qui permettait samedi du côté de Compiègne à Gabriel Leenders et Clément Lefebvre de rejoindre la cour des grands de la discipline, For Fun dominait le « Alain-du-Breil » pour conserver un titre qui figurait déjà dans la vitrine de Guillaume Macaire. Dimanche, les hurdlers se dérobaient pour laisser le champ libre aux courses de plat avec un menu de chef composé du « Ganay » et du « Saint-Alary ». Avec peu de partants !  Mais la qualité des engagés suffisait aux puristes. C’est du reste un phénomène, Sottsass pour ne pas le citer, qui réussissait dans son jardin cantilien le fameux pari d’enlever la belle des 4 ans après avoir fait sien le Jockey-Club il y a tout juste un an. Un soulagement pour tous ses supporters et pour le tandem Rouget/Demuro après une reprise de contact en demi-teinte. Mais la fameuse doublette n’en avait pas terminé avec sa récolte puisque chez les pouliches de 3 ans, dans le Prix Saint-Alary, Tawkeel  parvenait à rester invaincue en quatre apparitions… de surcroît dans un style qui ne plaira pas forcément aux pouliches qui croiseront sa route dans trois semaines à l’occasion du Prix de Diane.

« Un Romain à New-York » aurait pu être le nom d’une comédie française, mais aux courses « New-York » renvoie surtout à l’hippodrome d’Enghien et à son fameux prix. Privé d’une arène val d’oisienne et d’un virus que César n’aura jamais connu, c’est sur l’hippodrome de Laval que Ce Bello Romain fut contraint de combattre face à une coalition étrangère qui, au papier, avait fière allure, sans parler des Gaulois représentés notamment par Etonnant, doué dans les deux spécialités, qui avait été battu aux points en février dans le Prix de l’Ile-de-France par un certain Bilibili. Mais dès les ailes de l’autostart repliées, Super Fez échappait à Gabi Gelormini, Dreambreaker en subissant les remous dans son dos. Un premier coup de théâtre suivi de peu par les disqualifications d’Etonnant et de Violetto Jet qui scellaient le triste sort des favoris. Sage, comme à son habitude, patient, comme il adore pratiquer, Ce Bello Romain a attendu les ordres d’Anthony Barrier dans la ligne droite avant de corriger Cantin de l’Eclair, courageux après avoir porté le poids de la course. Malheureusement pour Tony Le Beller et Nicolas Catherine, leur protégé disparaissait pour empiètement. La deuxième place revenait ainsi  à Jerry Mom, après un épilogue en pleine piste de toute beauté, devant Estola, Alcoy et Nancy America. Comme son père Jam Pridem l’avait réalisé en 2002, Ce Bello Romain remporte la plus belle course de sa carrière. Deux ans plus tôt, Sylvain Gérard Dupont, son mentor, aurait même pu savourer son premier semi-classique. Un déclassement qui n’enlève rien à la classe d’un chic trotteur au désormais capital de seize succès.

Cheval d'expérience dans les Quintés, Classic Haufor a profité de sa sortie rouennaise du vendredi pour en remporter un deuxième après celui glané l'été dernier sur le plateau de Soisy. Parti prudemment avant de se caler dans le dernier tour sur la lunette arrière de l'animateur Cocktail Desbois, le représentant de l'écurie Bigeon a sèchement changé de vitesse à l'entrée de la ligne droite pour déposer le partenaire d'Eric Raffin qui en avait - peut-être -  fait un peu trop en tête. Ce "Cocktail" n'enivrait plus ses supporters qui voyaient tour à tour leur protégé perdre les accessits dans les cent derniers mètres au profit de Big Headache et de Digne et Droit avant de récupérer la troisième place sur tapis vert après la disqualification de ce dernier. Bien plus loin les courageux Bingo d'Attaque et Atoll Danover pimentaient les rapports d'un Quinté où quelques-uns des principaux favoris ont marché sur des mines. Dès la volte pour Dollar Soyer, relégué trop loin pour défendre ensuite ses chances, un peu plus loin arrivait le tour de Brillant Madrik et de Divine Mesloise, fautive et récidiviste, avant que Carioca de Lou ne fasse à son tour des siennes au dernier passage en face pour finalement récidiver dans le tournant final alors qu'il semblait au-dessus de la mêlée. Il en résulte un nouveau succès des "Haufor" sur l'hippodrome de Mauquenchy, Plutôt "Classic"...

Rhéa Silvia et Rhum Barbès, le souvenir inoubliable d’un jumelé gagnant pour l’écurie Initial à Compiègne.

Partis à huit, désormais à quarante, les copropriétaires de l’écurie Initial ont vu défiler, à très faible coût, quarante-six  gagnants depuis près de dix ans. Rhea Silvia, par qui tout a commencé ou presque, Adams, Django de Mongochy et aujourd’hui Fétiche Atout sont tour à tour devenus des vedettes. Derrière cette écurie, des passionnés rarement déçus des choix opérés par Rodolphe Hamon dont le but est de proposer des projets conviviaux clés en main. 

Neuf ans d’âge. Le cru a gardé tous ses arômes. Alors que les écuries de groupe s’égrainent les unes après les autres, l’Ecurie Initial ne connaît pas les maux. Cette bande de copains - allons-y cette petite famille – ne serait pour rien au monde sortie du champ. L’amitié n’a pas pris une ride. « On s’est retrouvé avec des potes un mercredi sur l’hippodrome de Dozulé. On a regardé une course à réclamer chacun de notre côté et à son issue on en a déduit qu’on avait repéré le même trotteur. On n’était pas là du tout pour ça. On a quand même discuté ensemble pendant dix minutes, puis on s’est dit « et si on mettait un bulletin ? ». On a appelé deux ou trois copains et on est partis à huit dans l’aventure. On en a acheté un deuxième dans la foulée au mois de septembre avec qui on a gagné aussitôt à Carpentras et, du coup, la demande extérieure est naturellement arrivée. Je me suis mis à la place de tous ces gens qui me demandaient des conseils en me projetant dix ans en arrière, à l’époque où je n’étais pas encore dans le circuit. Et il faut bien l’avouer, ce n’est pas facile d’y mettre un pied quand on ne connaît pas le milieu des courses. J’ai alors pensé à créer une écurie clé en main tout en donnant à ces futurs copropriétaires la possibilité d’avoir un cheval sans aucune contrainte et surtout en établissant à l’avance un montage financier, sans dépenses supplémentaires, sans surprises,…  à moi de me débrouiller pour ne pas dépasser le budget. Point barre » explique Rodolphe Hamon, responsable de l’écurie Initial.

De Surcouf Breizh à Fleur Vivancière

Partie à huit, l’écurie abrite aujourd’hui une quarantaine de personnes. Des passionnés qui n’auraient jamais osé prendre le moindre risque, seuls, de mettre une enveloppe dans une urne à l’issue d’un réclamer ou de s’aventurer aux ventes. Heureusement, Rodolphe et quelques camarades avertis veillent au grain. Pour l’intérêt général. Avec un flair qui n’est pas tombé des dernières pluies normandes. Car les résultats ont aussitôt dépassé les promesses, comme en 2013 quand l’écurie arrachait onze succès lors de ses déplacements. Une jument Rhea Silva, une jockey, Lolita Balayn, allaient du reste graver ces initiales en lettres capitales, comme le rappelle Rodolphe. « Surcouf Breizh a été notre premier achat en 2011. On a fini second à Pornichet et pris quelques allocations pour acquérir Sky is Blue un samedi à Chateau-Gontier. Le dimanche suivant, il gagnait pour l’entraînement de Gilles Touron à Carpentras. Puis arriva Rhéa Silvia. Peter Derycke, un ami entraîneur qui a arrêté depuis, m’a appelé très tôt un matin pour me parler d’une jument à louer pour les amateurs. Il savait que j’avais ma licence. Prends-la elle est prête, ne perds pas de temps, m’avait-il suggéré. Le lendemain on récupérait la jument avant de la placer chez un entraîneur qui avait dans sa cour une petite jeune qui n’avait jamais gagné une course, avec peu de métier et qui s’appelle Lolita Balayn. La première fois qu’elle est montée dessus, la jument lui a pris la main sur la piste plein trot. Du coup on l’a orientée au monté. Puis tout s’est enchaîné, ce couple inédit en a gagné cinq en à peine quatre mois. Dès qu’on changeait de jockey, elle ne voulait plus s’employer. Elle n’allait qu’avec elle. Sans Rhéa ni Lolita, on n’aurait jamais pu investir comme on l’a fait. L’histoire se serait je pense arrêtée là ». Et Django de Mongochy, du sympathique élevage de la famille Drouilly, n’aurait jamais pu inviter cette équipe à un rêve soudain en devançant à Vincennes au printemps  2017 Davidson du Pont et Drôle de Jet avant de connaître de récurrents problèmes de santé. Adams et Calie de Pommeraye lui avaient il est vrai déjà montré la direction du temple du trot les années précédentes. Mais aujourd’hui, c’est bien Fétiche Atout qui soulève cette association de bienfaiteurs.

Fétiche Atout en souvenir d'Elfe

Là encore le fruit d’une histoire peu banale. « Nous avions acheté Elfe Atout pour un monsieur qui n’avait jamais eu de chevaux auparavant. Il lui avait gagné quatre courses avant de se le faire subtiliser à réclamer. Rongé par les remords, il a rassemblé six ou sept copains pour reconduire l’expérience. Ils m’ont donné un budget limité pour trouver un trotteur prêt à courir. L’an passé, aux ventes de Deauville, j’aperçois le frère de « Elfe ». J’appelle  spontanément l’intéressé, Il m’a dit « banco ». Il est ainsi devenu copropriétaire de Fétiche Atout le mardi. Le dimanche suivant on gagnait à Saint-Aubin les Elbeuf, trois semaines après à Laval, puis enfin à Vincennes. C’est une grosse part de bol. Il faut profiter de ces moments magiques ». Avec Ginko, arrivé la veille du confinement et Fleur Vivancière, réclamée lundi à Langon, Rodolphe espère viser tout aussi juste. Pour le seul plaisir de ses propriétaires afin que les initiales demeurent lettrines.

Fabrice Rougier

Avec dix Quintés disputés pour seize courses au compteur, Ego Dancer est ce que l'on appelle une bête de gros handicaps. Déjà lauréate dans ces joutes événementielles au début de l'été dernier à ParisLongchamp, la pensionnaire de Mikel Delzangles a frappé une seconde fois cet après-midi dans le Prix de l'Ile de la Cité sur l'anneau du Putois. Après une rentrée profitable à Deauville où elle n'a pour ainsi dire jamais vu le jour dans la ligne droite, la fille de Pour Moi a pris une belle revanche même si sa tâche n'a pas été aisée, Stéphane Pasquier devant faire parler l'expérience pour écarter Octoking, un cheval du Sud-est qui apprécie la course en tête et surtout pas qu'on vienne lui marcher sur les sabots. Signe qu'à 5 ans, Ego Dancer détient encore une certaine marge de progression. Battu, le bon équipier de Ronny Martens s'accrochait à une deuxième place que convoitait High Dream malgré sept livres de surcharge suite à son succès normand dans la course référence. Quatrième, Vilaro revenait du diable vauvert au désespoir de Heir to a Throne qui coulissait en fin de combinaison.

Repéré par notre confrère Gilles Barbarin et judicieusement réclamé au prix de 25008 € sur l’hippodrome de Saint-Cloud au lendemain du déconfinement, Alabaa, un fils de Motivator, n’a pas tardé à faire un clin d’oeil à ses nouveaux propriétaires qui l’avaient immédiatement placé chez Stéphan Cérulis.  En gagnant d’emblée le Quinté ce mercredi à Chantilly, l’investissement a rapidement été rentabilisé, 20 000 € revenant au lauréat.  Comme au Val d’Or, le partenaire d’Alexis Badel a sagement attendu sur un troisième rang côté corde pendant que La Roselière dirigeait la manœuvre comme à son habitude. Mais à deux cents mètres du disque, la pensionnaire de Romain Le Dren-Doleuze mettait les freins engloutie de part et d’autre par Moudir, à son intérieur, et Rosissim sur sa gauche. Ce Prix de Chantilly Capitale du Cheval n’avait pourtant encore rien livré de son verdict, Alabaa surgissant dans l’ultime hectomètre pour dominer Cressida, elle aussi revenue de loin, et Moudir, troisième, qui résistait à Amazing Grace et Trentino.  Cinquième du Critérium de Saint-Cloud et maintes fois placé de listed dans sa jeunesse, Alabaa n’a peut-être pas recouvré les jambes d'antan. Sa valeur rehaussée par le handicapeur pourrait néanmoins lui permettre de prochainement retenter sa chance au niveau supérieur.

Ainé des cinq chevaux sous la responsabilité du permis d’entraîner Loïc Edon, le beau gris Angelo Dream rate rarement l’occasion de rappeler à ses voisins de box qui tient la baraque. Ses seuls galops suffisent en effet à diffuser la lumière sur une toute petite écurie, vraie, sincère. Alors quand un bel engagement de Quinté se profile dans le département voisin autant le préparer au mieux pour ne pas dire présenter son soldat en tenue de défilé. Ou plutôt parlons d’objectif aux dires de son mentor. Car Nantes est de surcroît une aubaine, le petit-fils d’Ange Gabriel ayant signé deux succès dans sa carrière au Petit Port. Entreprenant comme à son habitude et vite derrière les leaders, souvent aperçu dans le sillage de Valeya, le partenaire de Julien Guillochon était lancé côté corde en sortie de tournant final et s’est détaché à mi-ligne droite foudroyant tout suspense. Du reste dans les trois cents derniers mètres, le classement restait figé, L’Improviste et Mdracafeu s’adjugeant les accessits devant le favori Moonwalk Step. Le compagnon de Pierre-Charles Boudot tourne autour du pot sans pouvoir remporter ce Quinté qui le fuit depuis deux ans presque jour pour jour. C’était ici en Loire-Atlantique… dans ce même Grand Prix Synergie.  

Trotteur italien arrivé dans les boxs de Jean-Michel Bazire l'été dernier, Valzer Di Poggio, qui restait sur un succès aisé à Pont-Château, a indiqué, en plus haute société ce lundi à Caen, que l'été lui appartient. Un instant contré en face par Doudou Glycines, dont le seul objectif était comme on dit d'aller "devant et méchant", le partenaire de Nicolas Bazire s'est un instant rangé dans son sillage avant de lui porter l'estocade au début de l'ultime courbe. L'affaire était déjà dans le sac en pénétrant dans la ligne droite pour le fils de Love You. Car derrière, si l'élève d'André Le Courtois mettait un genou à terre, très peu arrivaient à suivre et sans un accrochage impliquant cinq chevaux côté corde au moment décisif, le lauréat n'aurait guère plus frémi. Darwin Star sortait indemne de ce tumulte et se classait net deuxième devant Vlad del Ronco que son compatriote Vastaz Font Mil attaquait aux abords du poteau avant de prendre le galop. Voilà qui libérait une quatrième place si chère dans le Quinté que Duke Josselyn et Uccio d'Alvio auront préféré la partager en retrait. Valzer Di Poggio, lui, était déjà presque aux balances. Une enceinte où il devrait inlassablement passer et repasser durant les prochaines semaines.