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2023 Semaine 04

Franck Ouvrie et un drôle de Cocco de 5 ans
Publié le DIMANCHE 29 JANVIER 2023


Arrivé l’hiver dernier d’Italie très peu chargé en gains, Cocco Bfc n’a cessé depuis de progresser dans la hiérarchie. Jusqu’à conclure quatrième du Prix Octave-Douesnel au mois de décembre derrière Instrumentaliste, non partant en raison d’un abcès trop récent, Italiano Véro et Idao de Tillard tous deux partis pour l’Amérique. La voie était donc libre pour que le représentant de Vitale Ciotola aille cueillir son premier Groupe I en France dans le Prix Bold Eagle, finale de la Sulky World Cup des 5 ans. Pour autant, rien n’a été simple dans une épreuve au tempo sans concession imprimé par Cash Maker puis par Charmant de Zack qui l’a fait travailler un long moment à son extérieur. En début de ligne droite, Franck Ouvrie faisait barrage à ses poursuivants immédiats mais semblait dépassé par It’s a Dollarmaker et Matthieu Abrivard qui arrivaient très fort en pleine piste, mais le représentant Guarato commettait l’irréparable en laissant beaucoup de regrets. Deuxième Cash Bank Biji était sauvé par le poteau sous la menace de Idylle Speed, modèle de courage alors qu’elle semblait déjà dominée dans l’ultime courbe. Objectif atteint pour le mentor italien installé à Grosbois et par extension pour tout un pays qui avait assisté une demi-heure plus tôt au sacre dans un Groupe III de la jument Allegra Gifont placée sous la houlette de Alessandro Gocciadoro. Si l’on ajoute la deuxième place de Ampia Mede Sm dans le Prix d’Amérique, nos amis transalpins se souviendront de leur folle journée parisienne…


Le canter Américain de Hooker Berry
Publié le DIMANCHE 29 JANVIER 2023


La 103ème édition du Prix d’Amérique a mis fin dimanche à un suspense insoutenable. Au duel annoncé aussi entre Idao de Tillard et Horsy Dream. Contre toute attente, dans une épreuve qu’on attendait si ouverte, aucun des deux favoris n’aura pu intégrer l’arrivée, Idao de Tillard étant disqualifié dès le premier tournant alors que Horsy Dream, dans une épreuve rondement menée avec Don Fanucci Zet depuis la descente, éteignait les phares dès l’entame de la ligne droite. Alors, il a fallu attendre le troisième larron… et Jean-Michel Bazire, dans ce cas de figure, ne se fait jamais prier. Après avoir voyagé en troisième épaisseur, mais toujours couvert par Hussard du Landret, Hooker Berry mettait le nez à la fenêtre dans le tournant final et s’envolait vers un net succès que le pilote aux vingt sulkies d’or célébrait déjà en haranguant la foule à mi-ligne droite comme au bon vieux temps de Moni Maker. Loin derrière, Ampia Mede Sm revenait du diable vauvert, après un parcours où elle n’a cessé de reculer, pour ajuster Italiano Véro et Hohneck, les deux Philippe Allaire, entre qui Hip Hop Haufor s’intercalait quatrième. Petit par la taille mais grand par le talent, draguant les sommets depuis son âge de 2 ans, Hooker Berry décerne un cinquième Prix d’Amérique à Jean-Michel Bazire en qualité de driver, son troisième comme entraîneur, tout en succédant à son fils Nicolas et à Davidson du Pont, l’un des grands absents côté français de ce cru 2023 avec Etonnant, condamné au forfait de dernière minute, et Galius à jamais parmi les étoiles du trot.


Just Love You un amour de pouliche
Publié le DIMANCHE 29 JANVIER 2023


Quand cette équipe-là se fixe des objectifs, rares sont les balles qui n’atteignent pas la cible. Emmenée doucement mais sûrement au top par Lauren-Claude Abrivard pour la Finale de la Sulky World Cup des 4 ans, autrement baptisée Prix Ourasi, Just Love You, qui venait d’accomplir une rentrée ferrée riche d’enseignements, a offert un nouveau classique à son entourage, son premier à titre personnel. Venue en progression dans le tournant final, la partenaire d’Alexandre Abrivard s’est vite débarrassée des animateurs tout en conservant des ressources intactes pour endiguer la bonne conclusion de Juninho Dry dont le coup-franc, en l’absence de son pire cauchemar Just A Gigolo, a frôlé la lucarne. Jag Stryck bénéficiait du soutien de François Lagadeuc pour glaner le dernier accessit à Justin Bold et Jazzy Perrine, la malheureuse associée d’Eric Raffin, qui, bloquée à la corde, n’a cessé de ronger son frein dans l’épilogue. Un mois après Hanna des Molles dans un Prix Bilibili qui leur tenait à cœur, Laurent et Alexandre affichent cette fois leur supériorité à l’attelé. Just Love You, un nom qui en dit tout autant qu’une belle victoire.


Jean-Michel Bazire le Grand-duc du Luxembourg
Publié le SAMEDI 28 JANVIER 2023


Jean-Michel Bazire marque son territoire. Samedi, dans le Prix du Luxembourg, l’entraîneur-driver a confirmé qu’il était le monarque de la situation en s’adjugeant ce Groupe III, dont il était le tenant du titre avec Elie de Beaufour, pour la cinquième fois sur les sept dernières éditions. Et sur la route qui mène à l’Amérique, à 24 heures de l’événement mondial, il était de bon ton de sacrer un trotteur américain et bien plus encore ce généreux Beads qui avait tant donné dans les épreuves préparatoires. Déferré des quatre pieds pour la première fois de sa carrière, après avoir assuré la descente, Beads est passé à l’action au poteau du kilomètre, puis a facilement pris du champ sur ses principaux rivaux dès l’intersection des pistes. Alors qu’il avait pleinement construit son succès dès l’entrée dans la ligne droite, Bleff Dipa se perdait au large dans ses allures, imité un peu plus loin par Hirondelle Sibey alors que Milliondollarrhyme reculait à bout de souffle. Les outsiders sortaient du chapeau et se confrontaient bien loin derrière un impressionnant lauréat, Dear Friend devançant Cash du Rib, à deux courses de la retraite, Elvis du Vallon et Duel du Gers. Plus de 500 000€ pour le rapport ordre du Quinté. Un luxueux Luxembourg !


Pierre-Yves Verva le joker de luxe
Publié le VENDREDI 27 JANVIER 2023


Comme lorsqu’il avait triomphé avec Arcadia dans le Prix de Cornulier, Pierre-Yves Verva est l’invité de dernière minute de cette 103ème édition du Prix d’Amérique. Déjà décisif dans le Prix de Bourgogne, il tentera de faire briller dans l’épreuve suprême l’expérimentée Délia du Pommereux qui, à dix ans, jouera sa cinquième partition dans la plus belle course au Monde. Une longévité qu’on doit évidemment à Sylvain Roger et à son propriétaire Noël Lolic. Le driver picard n’a plus qu’à toucher le ciel.

Pierre-Yves Verva sait répondre présent quand la situation l’impose. L’homme tombe souvent à pic. Un joker de luxe comme chaque club de football aimerait en enrôler durant le mercato. Et ça ne date pas d’hier. Il y a 27 ans, déjà, le professionnel picard remportait contre toute attente le Prix de Cornulier pour le compte de Bernard Desmontils. Au pied levé, alors qu’Yves Dreux abandonnait Arcadia au profit de Creator Boy, produit de son élevage. Vingt-sept ans sans que le temps n’ait d’emprise sur l’entraîneur-driver. Vingt-sept années durant lesquelles Pierre-Yves ne s’est jamais démodé, résigné. Pas plus sur la selle que dans le fiacre. Trois Groupe I, dix-sept Groupe II,… tout du moins avant le grand jour. Car le jour de gloire est presque arrivé. Tel un hymne qui provoque le frisson. Mercredi, à quatre jours du Prix d’Amérique, dans un apaisement absolu, Pierre-Yves n’a pourtant rien changé à son quotidien. Habitué il est vrai à ces joutes de l’extrême. « Croyez-moi que dans la nuit de samedi à dimanche, je vais bien dormir », prévient-il. Le ton est donné. La pression, il la laisse aux adversaires. « Plus que de l’impatience j’ai surtout envie de bien faire. Tout le monde rêve de courir le Prix d’Amérique. J’ai récemment eu la chance d’être associé à Billie de Montfort à deux reprises. Il faut être fier et donner le meilleur ce jour-là. Ce n’est pas samedi ou lundi, c’est dimanche qu’il faudra être bon, qu’il faudra être dans le coup et faire le moins d’erreurs possible ». Dans un coin de sa tête trotte forcément Délia du Pommereux. Cette championne à son image. Inusable et perfectible malgré les kilomètres parcourus.

"J'y vais avec beaucoup d'espoir"

Leur première participation se solde par une cinquième place dans le Prix du Bourbonnais avant de tromper ceux qui pensaient la jument de Sylvain Roger sur le déclin dans le Prix de Bourgogne. Rassurante Délia ! Et son driver n’a peut-être tout vu. En tout cas, il y croit même si la belle bai n’a pu (re)crever l’écran il y a quinze jours dans le Prix de Belgique. « J’ai été surpris par son comportement un peu nonchalant au départ. C’est le seul point négatif. A part ça, c’était top en retrait. Nous n’aurons pas une seconde chance. Si elle s’élance dernière comme lors de l’ultime préparatoire, ce sera mort ! L’idéal serait de la maintenir au cœur du peloton sans brûler trop de kérozène. Vu ses « trackings » dans la phase finale, si tout se passe bien, on est en droit de rêver. J’y vais avec beaucoup d’espoir. Sinon à quoi bon courir l’Amérique ? On peut certes l’estimer meilleure sur des parcours de vitesse, mais dans le Bourbonnais, sur 2850 mètres, elle a montré qu’elle était encore capable de belles choses. Ce Prix d’Amérique est ouvert. Beaucoup sont capables de conclure dans les cinq premiers, mais bien malin est celui qui peut dire qui en sortira vainqueur. Moi, en tout cas, à l’heure qu’il est, j’en suis incapable. Peut-être sommes-nous les meilleurs ? » glisse-t-il sur le ton d’une plaisanterie qui pourrait embrasser la réalité. Pierre-Yves Verva a souvent réussi en position de challenger. Et depuis plusieurs mois, un tourbillon d’entrain s’est installé sur son centre d’entraînement entre Senlis et Crépy-en-Valois dans l’Oise. Dans un village parmi tant d’autres qui s’est doté il y a un an d’un Faubourg en pleine mutation. Depuis son arrivée dans l’effectif de Pierre-Yves, ce fils de Magnificent Rodney a cumulé plus de 260 000 € d’allocations. Etape par étape, essentiellement à l’attelé, jusqu’à décider son mentor et jockey à l’engager dans le Prix de Cornulier dimanche dernier. Une marche certes un peu haute mais quel formidable tremplin pour les exercices à venir. « Faubourg est bien rentré. Il n’a pas pris dur. Il ne soufflait pas du tout, ce n’est pas la course la plus compliquée qu’il ait disputée. Je ne suis pas encore sûr de courir le Prix Jean-René Gougeon ce dimanche (propos recueillis mercredi, ndlr). Déjà parce qu’il y a de vrais clients. Il dispose aussi d’un bel engagement dans une dizaine de jours. Son petit travail de jeudi matin me guidera dans ma décision. Une chose est certaine, il se plaît à la maison. Je l’ai peut-être aussi récupéré au bon moment. Il a bouclé une superbe année. On fait plaisir à l’entourage, on se fait plaisir, alors le reste n’est que du blabla. Il commence à prendre un peu de vitesse et je pense qu’il peut encore s’améliorer. L’avenir nous le dira mais si l’on parvient à conserver son moral, à le maintenir dans cet état de forme. Cependant, il ne lui faudra pas aller beaucoup plus vite pour augmenter son compte en banque dans les prochaines semaines. Il peut se propulser aux avant-postes et faire le kilomètre quand, à son âge, beaucoup sont contraints de patienter ». Et puis participer à un Cornulier, ça ne se refuse pas… « Ça m’a remémoré plein de bonnes choses. En 1996, il est arrivé pour moi au bon moment. Yves Dreux ne pouvait pas la monter et j’étais dans une période florissante. Je venais de terminer deux fois meilleur apprenti de France, tout se passait pour le mieux, et monsieur Desmontils n’avait pas eu peur de me témoigner sa confiance malgré mon jeune âge. Comme pour Délia ça s’était joué à quelques semaines de la grosse échéance ».

"L'infaillible soutien de ma femme"

Porté par le vent de la réussite, la seconde partie du Meeting d’hiver pourrait conduire à une suite logique. Quelques pensionnaires sont affûtés et attendent leur tour pour dégainer. « Ixora est une jument fiable qui vient de montrer à deux reprises sa forme à l’instar de Jeanne d’Anjou. Feu de Révolte devrait fournir un bon début d’année, Julia Quesnot m’a un peu déçu, j’en attendais beaucoup mieux et j’en escompte un rachat. Joadie Wind est une pouliche un peu spéciale qui vient de s’imposer de belle façon à Mauquenchy. Autant de chevaux qui à mon sens demeurent compétitifs pour au minimum prendre de belles places. On va essayer de boucler une saison aussi riche que la précédente. Mon souhait est de faire gagner au moins une course à tous les chevaux qui sont sous mon entraînement afin que chaque élément soit source de rentabilité pour ses propriétaires. Après certains en gagneront plus, d’autres moins, mais quand je récupère un cheval j’essaie de prendre les gains nécessaires pour au minimum absorber le prix de la pension. Ça fonctionne plutôt pas mal et s’il est une chose dont je suis fier c’est ma régularité. J’ai comme tout le monde connu des hauts et des bas, mais j’abrite en moi cette force de ne jamais laisser tomber même quand rien ne va. Je vous avouerai que ma femme est d’un infaillible soutien. Même si je n’ai nullement la prétention de faire partie des « grands », on dit que derrière chaque grand homme sa cache une femme. Je peux le confirmer. Elle m’épaule, m’encourage dans les bons comme dans les mauvais moments. Mes deux filles comptent tout autant. C’est au cœur du nid familial que je puise mon énergie. La famille, c’est ma philosophie. Si les résultats sont là, ce n’est que la récolte de ce que nous avons semé tous ensemble ». Entre le club bien fourni des supporters de Délia du Pommereux, une jument, un entraîneur et un propriétaire qui mériteraient tant la consécration et toute une famille derrière le pilote, les tribunes vont vibrer dimanche à Vincennes. On répondra avec ferveur à notre confrère et agitateur du Temple du Trot Laurent Bruneteau : « faites du bruit pour Délia ! ».

Fabrice Rougier


13h50 Inside avec Charlotte Prichard et Erwan Grall
Publié le MERCREDI 25 JANVIER 2023


De la tête et des épaules Erwan Grall domine le Meeting du Pont-Long. Chose peu commune nous direz-vous. Il est par contre bien moins banal de remporter deux Quinté en un mois d’intervalle tout en constituant le couplé gagnant de l’épreuve. Et ça c’est fort ! Le signe d’une écurie qui attend inlassablement tout au long de l’année son sport d’hiver sur les pistes des Pyrénées. Après Free Lord d’Anjou et Horenta le 20 décembre, les productions Grall nous ont donc présenté Inside Montlioux et Trou Normand ce mardi 25 janvier dans le Prix René-Cramail. Avec les mêmes acteurs : Geoffrey Ré et Charlotte Prichard. Tour à tour en haut de l’affiche avec la particularité d’offrir à sa jockey un premier Quinté. Un succès qu’elle a construit dans le tournant final en se détachant irrésistiblement. Derrière, seul Trou Normand, son compagnon d’écurie, a semblé un court instant en mesure de lui donner quelques sueurs froides. Que nenni ! Lucky One profitait d’un rythme soutenu en pareilles conditions et se classait troisième devant Baladin de Mesc et Harry Conti. A moins d’un mois de la fin de l’exercice palois, Erwan Grall totalise déjà huit trophées. A ce rythme-là ses adversaires pourraient, selon l’expression, « en prendre comme aux boules ».


Doux Parfum dix ans et toujours dans le vent
Publié le MARDI 24 JANVIER 2023


L’expression de notre jargon « à deux nez au vent » renvoyait mardi à Cagnes-sur-Mer, dans le Prix Une de Mai, toute sa signification. Outre les fortes rafales sur le pourtour méditerranéen, ce fut aussi la position que n’avait malheureusement pas choisi d’emblée Tony le Beller pour Doux Parfum après s’être fait brûler la politesse post-volte. Repris par son driver en attendant la providence d’un dos, l’élève de Guillaume Gillot apprenait malheureusement vite qu’il ne pourrait compter sur personne. Alors, le fils de Singalo a pris le temps de courir, profitant d’un paysage où il ne s’était plus produit depuis deux ans, avant de se décider à manifester ses prétentions au bout de la ligne du bord de mer. Evariste du Bourg, animateur et tenant du titre, lui résistait sur plusieurs hectomètres avant de rompre sous la puissance d’un Doux Parfum… de revanche après deux prestations décevantes qui n’avaient toutefois rien d’alarmant. Fighter Smart, lancé à ses trousses, sans parvenir à ses fins, terminait bon deuxième devant Fakir du Ranch et ce chic Crack Money toujours aussi volontaire à 11 ans. Guillaume Gillot s’impose pour son grand retour sur la Côte d’Azur. Un long trajet savamment rentabilisé avec l’essence d’un Doux Parfum !


Sébastien Ernault démarre l’année sur les chapeaux de roues
Publié le LUNDI 23 JANVIER 2023


Avec sept réalisations depuis le début de l’année, Sébastien Ernault récolte les lauriers d’une écurie en plein boom qui ne rate aucun des bons engagements qui s’offrent à elle. Avec des saisons régulières à cinquante gagnants, on pourrait croire que la vie est un long fleuve tranquille. Enfin, seulement si l’on a une très vague approche de ce métier… Car il a fallu une certaine détermination de la part de l’entraîneur normand pour s’enraciner parmi les meilleurs.

Depuis le 1er janvier, Sébastien Ernault a fait des balances une résidence secondaire. Un doublé pour son entraînement à Mauquenchy, un autre à Angers, trois victoires à Vincennes. Sept succès auxquels il convient d’ajouter deux troisièmes places en… douze apparitions. Inutile d’aller chercher ailleurs que dans la Manche l’écurie en forme. Ce à quoi l’entraîneur nous fit, c’est de tradition, une réponse de Normand. « Cela aurait pu tomber en décembre, il n’y a pas d’explication rationnelle ». Et il a raison, car c’est somme toute dans la droite ligne d’une petite entreprise qui n’a pour ainsi dire jamais connu la crise en seize années de licence. « Depuis mon installation, on cultive ce pari de reconduire d’une année sur l’autre des saisons convenables autour de cinquante gagnants. Plusieurs de nos bons chevaux ont cependant dû mettre un terme prématurément à leur carrière, il nous a fallu constamment renouveler l’effectif, s’adapter à une rotation. En ce moment, la qualité qu’on a dans nos boxes fait qu’on se retrouve propulsé soudainement sur le devant de la scène, mais depuis le début de carrière on n’a surtout pas à se plaindre même si c’est beaucoup de travail pour ma femme [Delphine Beaufils-Ernault, ndlr], d’une importance capitale et heureusement qu’elle est là, et pour moi. On est très satisfaits de ce que l’on a construit même si, avec les chevaux, il faut garder la tête sur les épaules. Un virus c’est tellement vite attrapé et tout est subitement remis en cause » analyse le professionnel qui, au-delà des mises au point du matin, parcourt les hippodromes en sa qualité de cash-driver. « Quand je n’ai pas d’engagés, j’évite tout de même de faire beaucoup de kilomètres. J’ai une écurie de quarante chevaux à faire tourner. A partir du moment où je peux concilier les deux, quand les courses se déroulent dans la région, alors oui je me déplace. A Vincennes c’est plus exceptionnel. Mais quand j’ai de bonnes cartouches, je ne crache jamais dessus ».

Vincennes si le cheval en montre l'envie

D’autant plus que Sébastien ne fait pas de l’hiver parisien la saison des amours. « Je ne conserve pas spécialement de chevaux pour le meeting. Ceux qui sont restés en forme et qui bénéficieront d’un bon programme continueront de se produire sur la cendrée, les autres prendront le relais par la suite. Je n’ai pas pour habitude de courir énormément mes pensionnaires, j’essaie au contraire d’étaler leur programme en fonction de leur état physique et des conditions d’engagement. Paris ne distille pas les mêmes allocations que la province, dès lors il vaut mieux y aller si le cheval en montre l’envie, hors de forme par contre autant rester à l’écurie ». Sans cesse à l’écoute du cheval, dans une cour où le stress n’est jamais loin des plus belles victoires, Sébastien Ernault refuse les petites noirceurs du quotidien. Car bien avant son envol de l’Afasec de Graignes, son destin était déjà tout tracé. « J’ai toujours souhaité faire ce métier. Depuis tout petit. Quand on n’a pas de famille dans le sérail, c’est toutefois une vraie compétition. C’est bien moins évident de percer. A mon époque, on passait professionnel au bout de 35 victoires. Quand personne ne vous aide, même si mes parents étaient d’un infaillible soutien psychologique, vous êtes livré à vous-même. Je me souviens à mes débuts d’être resté un an sans gagner la moindre course. Si je suis encore là, c’est avant tout le résultat de mon travail et également le fait d’avoir eu un peu de chance comme celle de croiser sur ma route certains professionnels et notamment Pierre Levesque qui m’a permis d’être associé à de très bons trotteurs comme King Prestige, Opium, Main Wise As ou Monte Georgio. A partir de là, quoi qu’il arrive tu ne peux plus jamais connaître la déception. Apprenti, je ne m’attendais pas à gagner un jour le Prix d’Amérique, je ne pensais pas aligner autant de résultats, à durer dans le temps, tout en vivant de ma passion ». L’Amérique… un doux moment qu’on lui rappelle souvent. Même treize ans plus tard. Avec ce bon vieux Oyonnax que lui avait confié Vincent Brazon et qui restera gravé dans le marbre pour avoir renversé le géant Meaulnes du Corta à 173/1. « Oui, enfin, la cote était peut-être un peu exagérée, concède Sébastien. En qualité de driver, gagner le Prix d’Amérique c’est l’équivalent de gagner la Coupe du Monde pour un footballeur. Difficile de grimper plus haut. Alors on travaille dur tous les jours pour revivre des moments d’une telle intensité, mais à titre plus personnel cette fois. Sans trop rêver ! ». Ne dit-on pas que les rêves sont faits pour être réalisés ? Sébastien Ernault en sait pourtant quelque chose…

Fabrice Rougier

 


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