Plus habitué au bleu qu’au vert, Maxime Guyon a cependant remporté le Quinté, le Prix du Roi Soleil à Chantilly, pour la Princesse Zahra Aga Khan. Une première pour l’incontestable leader du Top jockey au contraire de son poulain Dariym qui semble se découvrir des ailes sur les tracés rectilignes. Déjà victorieux sur le kilomètre de ParisLongchamp,  Dariym n’avait été devancé dernièrement à Dieppe que d’une tête par le bon Purest Time, tout en passant trois longueurs à Self Défense qui effectuait une rentrée. Malgré un parcours dans les jambes et un retour remarqué, le pensionnaire de Yann Barberot n’aura pu inverser le score tout en prenant un honorable accessit d’honneur devant Drôle de Dame qui porte bien son nom. Isolée à l’extérieur en compagnie de Sister of Love qui ne l’a pas du tout aidée, la partenaire d’Alexis Pouchin, un pilote qui a le vent le vent en poupe, a exprimé qu’elle avait sans conteste un Quinté de vitesse dans les jambes. Les Trois Vallées et Wrong Colour augmentaient le degré de difficulté d’un Quinté qui, malgré la présence des deux favoris, n’aura pas souri à tout le monde. Maxime Guyon se souviendra pour sa part de ses débuts pour la casaque princière et demeure bel et bien le Roi Soleil du plat français.

Invasion italienne samedi à Enghien au départ du Quinté, le Prix de Villiers. Mais les transalpins ont trouvé un fils de Booster Winner sur leur chemin au nom de Jabalpur. Un poulain en gros retard de gains entraîné par Fabrice Souloy qui méritait grandement son statut de favori. Prompt au départ avec son numéro 7 pour figurer au contact des premiers, Jabalpur s’es ensuite installé dans les roues de Jango Vici pour mieux l’attaquer dès le début de la ligne droite. La suite ne fut qu’une balade de santé et ce n’est pas la bonne conclusion de Chemar, récemment stationné chez Matthieu Abrivard qui lui donnera de sueurs froides. Jango Vici s’accrochait au dernier accessit que n’ont jamais réellement entrevu Cocis Mp, seul concurrent revenu de l’arrière pour arracher la quatrième place aux abords du poteau à Jigsaw Puzzle. Si le gagnant a été élevé en France par Alain-Georges Groult et s’amende sur le sol français, il appartient cependant à la Scuderia Tramontom Srl et a été piloté par Gabriele Gelormini. Nos voisins n’ont pas gagné la guerre de Soisy, mais ils auront activement participé à remporter cette bataille…

Par deux fois à Vincennes, mais également à Laval, Galiléo Bello n’avait pas montré son mordant habituel. Il n’avait rien de ce bon cheval qu’on avait déjà vu à trois reprises s’imposer dans les Quintés. Alors, Anne-Françoise Donati-Marcillac a effectué quelques réglages, l’a vu renaître le matin et c’est un tout autre compétiteur qui est apparu mardi sur l’hippodrome d’Enghien. Contraint de trotter la plupart du temps nez au vent à proximité de l’animatrice Goutte du Houlbet, l’associé de Franck Nivard a pris l’ascendant au début de la ligne droite puis a contré Flash de Vély qui avait plongé côté corde à une centaine de mètres du poteau. Malheureusement, le protégé de Sébastien Ernault était disqualifié après enquête pour un changement de ligne qui n’était pas sans conséquences pour Félix du Bourg qui prenait à cet instant le galop. Girolamo héritait de fait de l’accessit d’honneur devant une chorale d’outsiders composée de Disco d’Occagnes (au tempo étrange pour un Prix de l’Opéra), de Gamble River et de Fuego du Mortier. Franck Nivard, lui, déroule… Après He and Me, quatre jours plus tôt sur le même anneau, il crédite sa musique d’un second Quinté non sans s’être imposé dans l’intervalle dans un Groupe III azuréen avec Emeraude de Bais.  

Thierry Duvaldestin avait les clés de l’hippodrome de Châteaubriant. Lauréat dans la première pour l’écurie Quick Star avec Kansas Quick, brillant vainqueur avec l’aide d’Olivier Raffin dans l’épreuve des 4 ans avec Jordanie du Vivier, il remettait ça dans la dernière, en vrai patron, avec Hamandina. Autrement dit… il a mis tout le monde à « l’Hamande ». Dans le Quinté, la fille de Rolling d’Héripré a pris assez vite la tête et a roulé, se contentant d’un seul et unique relais au premier passage en face avec Howdy Quick qu’il faisait travailler sur une centaine de mètres. Ensuite, personne ne parviendra à mettre un genou à terre à la jument de l’écurie des Charmes, Hamandina repartant de plus belle sous l’attaque de Filou d’Anjou, robuste malgré un parcours toutes voiles dehors. Howdy Quick ne trouvait jamais l’ouverture et accueillait le dernier accessit devant Fragonard Délo et Galantis. Il ne valait mieux pas se frotter à l’écurie Duvaldestin mardi dans la Loire-Atlantique.

Si Thierry Thulliez a disparu des programmes, le jockey aux seize Groupe I n’a cela dit rien perdu de sa fibre pour le cheval. Ni pour le métier de jockey. Consultant pour Equidia, il travaille également dans l’ombre pour apporter son expertise aux gamins de l’Afasac qui souhaitent la même carrière que la sienne. La première saison de la « Masterclass Jockey », dont il est à l’initiative, vient de s’achever. Pour quel bilan ? Avec quel avenir ? On fait le point. 

Ces jours-ci s’achève la première saison de la Masterclass jockey. Une idée initiée par Thierry Thulliez, pilote émérite aux mille cinq cents victoires et seize Groupe I. Le jeune retraité des courses, qui remportait encore le Prix du Cadran il y a seulement huit ans avec Mille et Mille, n’a pas quitté le milieu bien au contraire. Consultant sur la chaîne Equidia, il a aussi pour priorité d’optimiser les chances de montes chez tous ces jeunes qui rejoignent les bancs de l’Afasec. Une école qui, selon lui, a pris un tournant ces dernières années. « L’Afasec n’est plus comme avant une école où l’on souhaite impérativement devenir jockey. On l’intègre pour travailler dans les courses de façon plus générale. En moyenne, quand vous parcourez les classes, vous vous rendez vite compte que la moitié des étudiants ne souhaitent pas devenir jockeys. Certains veulent faire garçon de voyage, d’autres espèrent suivre une carrière dans les haras,… Aujourd’hui c’est l’école des courses, ce n’est plus l’école des jockeys. Avec l’arrivée des agents sur le circuit, s’imposer comme jockey est devenu un vrai parcours du combattant pour un jeune. Les entraîneurs ne font plus monter leur apprenti. Avant, quand tu étais doué le matin à l’entraînement, ton patron te récompensait l’après-midi. Maintenant même s’il présente en compétition un cheval qui dispose d’une chance secondaire, il reçoit un coup de téléphone d’un agent et en oublie son apprenti. C’était donc très compliqué pour les enfants. Cette Masterclass a ce but précis d’essayer de les remettre davantage en selle et de les retrouver sur le devant de la scène », explique Thierry qui bénéficie notamment de la collaboration de formateurs de l’Afasec et anciens jockeys comme Sébastien Hamel ou Benoît Hercend et qui a instantanément accueilli le soutien du Moulin à Vent. « Quand l’idée a germé dans ma tête, j’en ai immédiatement parlé avec Guillaume Herrnberger, le directeur de l’emploi et de la formation à l’Afasec, qui m’a suivi dans cette démarche. C’est ainsi qu’on a pu commencer dès le mois d’octobre 2022. Le premier bilan est satisfaisant. Les jeunes ont été réceptifs et sur nos huit premiers élèves, sept ont monté en course cette année, ce qui reste l’objectif de base. On leur demande aussi beaucoup d’efforts en sus de leurs études. C’est une immersion poussée dans le métier. Ils font du sport un peu plus intensif, ils vont à la piscine toutes les semaines, ils courent beaucoup, ils bénéficient d’un simulateur de courses, d’un cheval mécanique, on les prépare également à affronter les media, à faire face aux réseaux sociaux en leur expliquant ce qu’il faut dire ou ne pas dire, on aborde les questions d’alimentation, la gestion de leur budget, on tente vraiment de leur donner toutes les clés d’une profession qui exige sérieux et rigueur », poursuit l’instigateur de cette démarche novatrice qui, on peut le dire, met vraiment le pied à l’étrier. « J’adore m’occuper des gosses. Je trouve ça très sympa et ça aide à rester jeune. J’aurai bien aimé avoir ce genre de formation à mes débuts. Alors je me base sur mon vécu et j’essaie de leur concocter un programme pour que ça leur plaise et surtout pour que ça les motive ». Pas de diplôme à la sortie de cette session malgré l’assiduité de plusieurs des huit élèves qui l’ont accompagné pendant dix mois. « La seule et unique récompense qu’on peut leur offrir c’est de se retrouver plus fréquemment derrière les boîtes de départ. Un gamin comme Julien Pélissier, qui réalise son apprentissage chez Gianluca Bietolini, a par exemple beaucoup progressé à cheval durant les trois derniers trimestres. Il n’a plus qu’à faire ses preuves sur les hippodromes désormais », préconise Thierry Thulliez en bon maître de stage tout en souhaitant bonne continuation à Nicolas Baudet, Matteo Benoist, Lola Boutor, Mathieu Calbrix, Séléna Gualandris, Adrian Le Lay Martin et Rafael Pehu, les premiers bénéficiaires de cette Masterclass jockey. Et en attendant dès à présent pour septembre une nouvelle promotion avec quelques petites nouveautés. « La plupart des élèves seront en troisième année et auront entre 16 et 18 ans. Je vais m’investir encore davantage. Si je leur accordais deux heures par semaine, je vais passer à 17h30 par mois ce qui me permettra d’être au plus proche d’eux en me rendant dans les écuries à la rencontre de leurs maîtres d’apprentissage. Le projet vise à se développer avec le temps. Lors de cette saison 2, Equidia nous rejoindra pour filmer les progrès des élèves, on projette également de se rendre à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP). On ne manquera jamais d’idées pour faire éclore la cravache d’or de demain ».

F.R.

Depuis son passage de 1600 à 1400 mètres, il y a cinq ans, le Jean Prat échappait aux Français. Il fallait remonter à 2018 pour voir Fabrice Chappet s’imposer avec Intellogent. Le temps a paru très long du côté de la Normandie, mais les Tricolores ont pris une sacrée revanche dimanche dans ce premier Groupe I de l’été deauvillais. Sauterne, entraînée par le Marseillais Patrice Cottier déjà vainqueur de Groupe II la veille à Saint-Cloud avec Horizon Doré, s’est montré tenace en emmenant le petit peloton en pleine piste, mais Good Guess passait la surmultipliée avec Stéphane Pasquier au poteau des trois cents mètres dans une action qui ne restera pas sans lendemain. Breizh Sky, de l’écurie Botti, achevait son parcours troisième pour un podium exclusivement français alors que les épouvantails britanniques, Chaldean en tête, après leur démonstration dans les 2000 Guinées de Newmarket, restaient muets face à un mentor frenchy very « Good » qui retrouve son trophée cinq ans plus tard.      

Grand Prix de Saint-Cloud, mais mini peloton. Ils n’étaient en effet que cinq à en découdre samedi dans ce Groupe I estival et, bien pire encore, uniquement deux pur-sang dépendant d’entraînements français sur qui l’on fondait malgré tout beaucoup d’espoir. Malheureusement, même si Zagrey a donné un peu chaud à Westover c’était bien le grand favori du Hampshire cher à Ralph Beckett qui s’imposait sans émotion. Sixième du précédent Arc de Triomphe, dans un terrain trop pénible pour ses aptitudes, Westover parviendra t’il lors du premier dimanche d’octobre à imiter Alpinista qui avait remporté ce classique clodoaldien trois mois plus tôt ? Peut-être vu sa classe, mais les tricolores Irésine et Simca Mille, absents ce week-end, n’ont absolument pas envie de chanter « God save the King » !