Etincelant dans le Prix Jockey, tout le monde se souvient de sa ligne droite anthologique, Idao de Tillard a remis le couvert ce dimanche en triomphant, bien qu’en serrant les dents, dans le Critérium des 5 ans. Après trois désillusions dans les Groupe I, le leader de la génération renoue avec un gros titre et empoche le troisième classique de sa carrière après le Critérium Continental et le Prix de Sélection. « Il est impressionnant, il ne lâche rien, c’est un guerrier » lâchait le sourire aux lèvres un Clément Duvaldestin sous la pression jusqu’au poteau de l’incroyable Inmarosa, déjà deuxième à une cote astronomique dans le Critérium des 4 ans l’an passé. Ferré très lourd devant, avec deux cents grammes sous chaque antérieur, Idao a réalisé une vraie démonstration de force tout en s’approchant du record de l’épreuve que détient Up and Quick. Deux ans plus tard, le phénomène de Franck Leblanc avait remporté le Prix d’Amérique. On souhaite à la famille Duvaldestin le même sort… avec peut-être un an d’avance.

Il n’était pas écrit d’avance que les Critériums apporteraient de si belles surprises en ce dimanche 17 septembre. Après Josh Power (25/1), Krack Time Atout (50/1) a fait sensation chez les 3 ans en arbitrant dans la phase finale la longue explication que s’étaient livré le favori Koctel du Dain et King Opera. En laissant passer le protégé de William Bigeon dans la montée, qui n’a jamais faibli, Paul Ploquin avait déjà quelque part gagné la course, emmené sur un plateau par ce dernier. Après de nombreux Groupe I sur la selle, celui qui était encore considéré comme un excellent jockey est devenu au fil des mois un vrai crack (ou Krack !) driver. Inscrire à son palmarès un Critérium n’est pas anodin. Entraîné par ce diable de Sébastien Guarato, Krack Time Atout est devenu le premier lauréat de Groupe I de l’étalon Face Time Bourbon, et que dire de la souche maternelle puisque Topaze d’Atout avait déjà propulsé Gunilla d’Atout au sommet des 3 ans avant de répéter en 2020 chez les 4 ans. Ce « Krack » porte bien son nom et a semble-t-il de l’avenir !

Il fallait un cheval qui sorte de l’ordinaire pour devancer Just a Gigolo, dimanche, dans le Critérium des 4 ans. Quadruple vainqueur de Groupe I, le champion de Philippe Allaire a tout donné pour rester le meilleur de sa génération. Mais en effectuant le travail dans la montée, en troisième épaisseur, Franck Nivard ne pouvait pas imaginer qu’il avait sur le porte-bagages un Josh Power des grands jours. Alors que Justin Bold, l’animateur, bataillait avec le « roi » en début de ligne droite, Josh Power venait se mêler à lutte à mi-ligne droite et prenait le meilleur dans la surface de réparation pour offrir à Sébastien Ernault son deuxième Groupe I à Vincennes en tant qu’entraîneur neuf ans après Vittel de Brévol. Toujours très fair-play, le professionnel de la Manche avait une pensée pour Benjamin Goetz, ex-mentor du lauréat, « il a fait tout le boulot », signifiait, au micro d’Equidia après sa victoire, celui qui avait aussi remporté le Prix d’Amérique à la surprise générale en 2010 avec Oyonnax. Sébastien Ernault est un homme dont les qualités n’ont d’égales que sa gentillesse. Un grand jour aussi pour la famille Mary, notamment Jean-Pierre et Pierre-Emmanuel, qui accueillent leur premier Groupe I en qualité d’éleveurs. Une solide équipe pour un contre-pouvoir.

Comme l’an passé, une écurie britannique s’est imposée samedi dans le Prix Eclipse (Grp. III), une épreuve en ligne droite pour sprinters. En l’occurrence, la jument de 2 ans nous arrive du Nord de l’Angleterre et était présenté par Karl Burke. Mais « cocorico » quand même puisqu’elle était sellée par Pierre-Louis Jamin, un jockey bien de chez nous évoluant Outre-Manche qui vient dans les tous derniers jours de perdre sa décharge d’apprenti. Un titre de prestige pour ce jeune pilote qui remporte par la même occasion son premier Groupe en ayant attaqué le premier. Cependant, c’est bel et bien une Française qui constituait la note de l’épreuve. Laulne, déjà victorieuse à ce niveau cet été à Deauville, a fourni une spectaculaire fin de course en compagnie d’Alexis Pouchin. A tel point que la pouliche réglée comme du papier à musique par Yann Barberot pourrait devenir la grande favorite du Critérium de Maisons-Laffitte. Réponse sur la pelouse le 7 octobre prochain.

Plus c'est long, plus c'est bon a-t-on coutume de dire. Cela dit, la sentence avait de quoi irriter Christophe Ferland qui aurait bien aimé voir son Chirimiri enlever son Quinté bien plus tôt. Malheureux dans celui du 15 août où il n’a pas progressé dans le bon wagon, deuxième dans celui du 29 août à Dieppe, le partenaire de Maxime Guyon tournait autour du pot. En ce samedi à Chantilly, Chirimiri ne pouvait rêver meilleur parcours. Dans le paquet le plus touffu, côté tribunes, là où la piste paraissait plus roulante, le fils de Territories est resté à portée de fusil des animateurs pour mieux trouver l’ouverture à deux cents mètres du miroir. Khan, déjà lauréat à Deauville, prouvait une fois encore qu’il a un second Quinté dans les jambes en se classant deuxième devant Crew Dragon, un spécialiste de l’hippodrome de l’Oise. Droit de Parole, quatrième, est quant à lui revenu de très loin pour devancer O Trasno, on ne peut plus régulier à ce niveau. Le favori n’a donc pas déçu. Sa douzième tentative dans les gros handicaps aura été la bonne.

Troisième du Critérium du Fonds européen de l’Elevage (listed-race) cet été à Deauville, derrière Zabiari, qui a gagné son Groupe depuis et devant Fréville, elle aussi lauréate du Prix d’Aumale, Shiffrin n’avait qu’à répéter cette performance pour imiter ses adversaires normands samedi dans le Prix de Condé, un Groupe III sur le tracé cantilien des 1800 mètres. La pouliche n’a pas déçu en s’imposant avec classe de bout en bout tout en dévoilant une maturité physique et morale assez exceptionnelle. Cette propriété du Haras d’Etreham, qui l’a également élevée, a ainsi offert un premier Groupe III à l’entraîneur Nicolas Le Roch, ancien cavalier de CSO avant de devenir premier garçon d’écurie chez Fabrice Chappet et d’œuvrer aux côtés de monsieur et madame Fabre durant de précieuses années. Le jockey Simon Planque participait à cette fête aux balances en inscrivant lui aussi à son palmarès un premier Groupe chez les pur-sang anglais. Et cette Shiffrin pourrait, vu le style, grimper bien plus haut sur la pyramide du galop, son jeune mentor ayant déjà coché un Groupe I à l’automne, de préférence en terrain bien souple, sur 2000 mètres.     

Fontainebleau rimait mercredi avec Demuro. Victorieux dans le Prix des Mélèzes et des Charmilles, le jockey italien s’est adjugé dans la bonne foulée la course du Quinté pour enchaîner une troisième victoire successive. D’un petit nez posé sur le fil pour dominer l’extrême outsider Alva dans un handicap réservé aux femelles. Deuxième d’un Quinté similaire fin juillet à Compiègne, Iken, proclamée favorite, avait il est vrai pour principaux atouts sa régularité et l’avantage de ne porter que 56 kg. Animatrice jusqu’à cinquante mètres du poteau, épousant la corde, Endless Chain s’est bigrement battue pour s’accaparer le dernier accessit loin devant Faster et Aversa que la photographie a eu bien du mal à départager. Si Iken remporte son premier Quinté, il en est de même pour l’entraîneure de Gouvieux Joséphine Soudan qui tournait autour avec la pouliche signée par Vadamos. Ce Prix Roland-Fougedoire s’est donc conjugué au féminin du tableau des partantes à la réception du trophée aux balances. Et ça fait du bien !

Jean-Michel Baudouin avait depuis longtemps annoncé que la maillot jaune, Gaspar d’Angis, n’honorerait pas l’engagement de la dixième étape du GNT à Angers. Horace du Goutier avait donc tout loisir de le faire descendre de son piédestal. Et mercredi l’élève de Sébastien Guarato n’a pas raté le coche. En laissant d’abord s’époumonner Ialto d’Hertals et Harry Carisaie, deux sérieux clients du premier poteau, pour prendre facilement le meilleur sur ce dernier dès le tournant final et s’en aller quérir en solitaire son cinquième succès du circuit 2023. Au loin, Gigolo Lover capitalisait la deuxième allocation devant le rentrant de classe Ganay de Banville, à l’aube d’un bel hiver, le résistant Harry Carisaie et le délicat Eveil du Lupin. Désormais en tête au classement général, le meilleur copain d’Hugues Monthulé va tenter de se rendre en décembre à Paris en leader, mais attention au sursaut du « Gaspar » le 27 septembre prochain au Mont Saint-Michel. Cela dit, à ce stade, pourquoi l’élève de Sébastien Guarato ne ferait-il pas mieux que Cleangame qui, en son temps, avait triomphé dans six étapes lors d’une même saison ? Autant de bonnes raisons de se rendre dans la Manche dans deux semaines…