Il faut parfois poser un genou à terre pour mieux se relever. Battue à Goodwood, certes avec les honneurs, décevante dans le Prix Vermeille sur une distance trop longue pour ses aptitudes, beaucoup croyaient cependant Blue Rose Cen sur le déclin. Celle qui avait offert à 2 ans un premier Groupe I dans le Prix Marcel-Boussac à Christopher Head, celle qui avait formulé un printemps de toute beauté – à son image – en remportant coup sur coup le Critérium des Pouliches et le Prix Diane a enrichi son palmarès en ce dimanche de l’Arc d’un quatrième Groupe I dans le Prix de l’Opéra. Sans aller devant ! Changement de tactique payant pour Aurélien Lemaitre qui, après un bon départ, s’est laissé glisser dans le dos des animatrices pour aller jouer la gagne à la distance et faire un pied-de-nez à toutes les concurrentes Britanniques. « Elle a connu depuis deux ans de durs combats et reprend les armes le jour de l’Arc » s’en réjouissait son sympathique mentor qui apportait à la France le second Groupe I du jour chez les pur-sang anglais.

Avec son dossard 13, il était attendu au tournant. Il portait certes ce numéro porte-bonheur, ce numéro à l’image des Bouches-du-Rhône, chères à son copropriétaire Kamel Chehboub de la Gousserie Racing, qu’il partage avec le ch’ti Serge Stempniak, mais le vainqueur du Derby Français, notamment, accentuait aussi la pression de son entourage de par son invincibilité au terme de ses cinq premières courses. Favori logique du Prix de l’Arc de Triomphe 2023, ce dimanche, Ace Impact a encore smashé, foudroyant une opposition de classe quand, à 250 mètres du Graal, il pointait le bout de son nez en pleine piste pour doubler tout un peloton en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. « Il n’y en a pas un qui peut lutter contre lui » exprimait Cristian Demuro qui a savouré les hourras du public, ayant déjà course gagnée bien avant le poteau. Si le jockey italien a gravé son nom sur le plus beau trophée du Monde, il l’a pleinement vécu cette fois à l’épicentre d’une foule en délire, chose qu’il n’avait pas connue en 2020 quand Sottsass s’imposait à huis-clos en raison du Covid. Le succès d’un poulain de 3 ans hors normes, mais aussi celui d’un entraîneur, Jean-Claude Rouget, qui l’est tout autant en ratant rarement sa cible. L’absence de Ace Impact dans le Prix Niel ne lui a-t-elle pas permis d’arriver sur cet Arc avec cette fraîcheur essentielle pour battre sa pleine mesure ? Du travail d’expert de toute une équipe au service d’un athlète qui, quoi qu’il arrive désormais, aura marqué son époque.   

Ce n’est pas la mer qui prend l’homme, c’est l’homme qui prend la mer. Après le succès de Sea La Rosa en 2022, l’entraîneur de Newmarket William Haggas a épinglé samedi un second Prix de Royallieu (Grp. I) grâce à Sea Silk Road, une pouliche qui trouvait à Longchamp son terrain de prédilection. Masquée durant tout le parcours, la fille de Sea The Stars enclenchait au poteau des 300 mètres pour apporter à Aurélien Lemaitre, déjà lauréat de la Poule d’Essai et du Prix de Diane avec Blue Rose Cen, un nouveau Groupe I cette saison. A trois longueurs, Diva Donna, pour l’entraînement du Mansonnien Julien Carayon, redonnait des couleurs à la France dans un classique où les tricolores n’ont plus triomphé depuis 2017 grâce à la bonne Juliet Rose qui conservait son titre grâce au tandem Nicolas Clément et Stéphane Pasquier.

Le chassé-croisé entre Horace du Goutier et Gaspar d’Angis se poursuit dans cette palpitante édition du GNT 2023. Alors que le partenaire d’Hugues Monthulé avait repris le pouvoir à Angers, Gaspar d’Angis, avec davantage de fraîcheur que son principal opposant, a récupéré son maillot jaune en s’imposant mercredi dans la 11^ème étape au Mont Saint-Michel. On a certes cru que l’élève de Jean-Michel Baudouin avait un gros coup de pompe dans le tournant final, mais une fois la portion rectiligne entamée, il est revenu déposer l’animateur Fanatic Flash qui n’avait pas amusé la galerie durant les deux tours de piste. C’est certainement ce qui a condamné Horace du Goutier, placé dans le dernier tiers du peloton, dont la progression dans la ligne d’en face n’a été qu’éphémère. Goutte du Houlbet s’emparait de la troisième place devant Gaelic du Rocher et Inexess Bleu, ferré et déjà ingambe après deux courses de rentrée. Un Gaspar et ça repart ! Mais la course de Horace est bien trop inexacte pour en tirer quelconque conclusion.

Les chevaux de Noël George et d’Amanda Zetterholm ne courent pas… ils volent ! Après avoir engrangé un somptueux coup de trois, samedi, sur l’hippodrome d’Auteuil, dont deux Groupe III et le Quinté, le couple le plus européen des courses françaises a enregistré mardi à Compiègne une nouvelle victoire dans un évènement grâce à Instar de Rêve qui bénéficiait cela dit de son terrain de prédilection. Alors qu’on pensait Celestial Sands parti pour la gloire entre les deux derniers obstacles, Instar de Rêve nous gratifiait d’un finish de cheval de plat pour s’imposer de belle manière. Idylle d’Ainay, appartenant également à une écurie en pleine bourre, celle de Philippe et Camille Peltier, s’adjugeait le dernier accessit aux dépens de Rock And Roll et de Hupeca de Thaix à créditer d’un excellent retour. Présentant un bilan de sept victoires sur leurs quinze derniers partants, faire l’impasse sur les candidatures des mentors britanno-suédois en reviendrait presque à se tirer une belle dans le pied avant d’aller saluer le guichetier.