Il y avait beaucoup de joie dimanche dans le clan de Léon du Berlais après son succès dans le Prix d’Indy (Grp. III). Beaucoup de soulagement aussi. Auteur d’une splendide saison 2023 qui s’était soldée par cinq deuxièmes places, dont celle dans le Prix Cambacérès (Grp. I), l’élève d’Arnaud Chaillé-Chaillé n’avait eu que la malchance d’appartenir à la même génération qu’un certain Jigmé, véritable rouleau compresseur des 3 ans. Désormais loin de la compétition pour devenir étalon, les 4 ans se cherchaient donc un nouveau leader sur la route du Prix Alain du Breil et le fameux « Léon », tout à fait normalement, en logique successeur, s’est immédiatement assis sur le trône face à un lot de grande qualité duquel émergeaient pour les accessits Losange Vert Bleu, étincelant cet hiver à Pau, et Bon Garçon qui poursuit son ascension. Quatrième, Kloth of Utopia, frère de Thélème, réalisait lui aussi d’excellent débuts sur les balais. Léon du Berlais est donc passé du statut de maiden à celui de meilleur 4 ans en exercice. Ce qui n’est pas donné à n’importe quel hurdler.

Le Prix Troytown, deuxième rendez-vous préparatoire, serait-il le meilleur tremplin pour s’envoler sur la plus haute marche du podium du Grand Steeple-chase de Paris ? En tout cas, Sel Jem et Rosario Baron s’y étaient imposés les deux dernières années. Et Juntos Ganamos, avec sa rentrée convaincante en ce dimanche, en porte le costume sur mesure. Appliqué dans ses sauts, déjà prêt pour le combat, puisque Gallipoli l’a quand même fait galoper tout au long du parcours, le partenaire de Félix de Giles a retrouvé sa superbe du printemps dernier tout en dévoilant aux « vieux » ses légitimes ambitions. Gallipoli, comme dans le Prix Clermont-Tonnerre face à Jazz Manouche, tombait sur un nouvel os sans démériter tout en reléguant Gold Tweet, troisième, à huit longueurs. En point de mire désormais le Prix Murat qui nous donnera de nouveaux frissons tant ce Grand Steeple 2024 s’annonce passionnant.     

Yannick Fouin n’a pas son semblable pour entretenir au mieux ses chevaux d’âge. Dimanche, dans le Prix Prédicateur, il a encore réalisé un superbe tir groupé en classant ses pensionnaires, premier, troisième et quatrième. On excusera de fait Jigtsar Pam, seul manquant de l’écurie à l’appel. Mais de tous, Hipster Paradise aura été le plus impressionnant en l’emportant de bout en bout après avoir mis un uppercut à ses poursuivants dans la ligne opposée. Un petit coup de rein en début de ligne droite et personne ne reverra Alexandre Chesneau dont le début de carrière sur les obstacles se traduit, déjà, par un succès de Quinté. Seul Lou Fast et Ludovic Philipperon pouvaient s’intercaler au milieu du raz de marée « Fouin », tandis que Galop du Large bouclait les 3900 mètres au cinquième rang. Cheval délicat, qui donne visiblement du fil à retordre à son compagnon de succès le matin, Hipster Paradise trouve en Auteuil une belle résidence secondaire puisqu'il y enchaîne une troisième victoire consécutive.  

Adrien Fouassier avait annoncé la couleur dans notre reportage publié il y a deux semaines. Haya Zark a corroboré ses propos. Très facilement. Dans un canter. Pour conserver son titre dans le Prix Exbury qui n’est autre que le premier Groupe de la saison de plat. Il y avait pourtant face à lui Horizon Doré, peut-être le meilleur hongre en exercice, Marquisat, dauphin de Irésine dans le Prix du Conseil de Paris, un cheval tout neuf qui devrait éclore au cours son année de 4 ans. Deux cracks que le partenaire de Christophe Soumillon a relégué à huit longueurs dans un terrain lourd qu’il affectionne, sur une piste à main gauche qu’il préfère et sur un 2000 mètres plus confirme à ses aptitudes que la distance classique. Bref, il y avait Haya Zark, l’animateur Gryphon, qui a fait preuve de courage, et les autres. Huit chevaux ont désormais réussi dans l’histoire des courses hippiques le doublé dans le Prix Exbury. Haya Zark en fait partie… et il n’a certainement pas écrit la dernière ligne de son palmarès.

Comme à chaque fois en début de saison, il faut faire un choix entre la forme cagnoise et la fraîcheur de nombreux concurrents. Le Prix de la Gloriette n’échappait pas à cette règle. Mais la Côte d’Azur a donné des couleurs à Wukhann qui n’avait néanmoins pas réussi à prendre un accessit en deux participations cagnoises dans les gros handicaps. Cette imperfection a été gommée par le représentant de Fabrice Vermeulen qui, collé au rail extérieur, est venu subtiliser aux abords du poteau la victoire au tenace Cuncerto qui avait longtemps contenu tous les assauts y compris celui de Woot City qui venait comme un gagnant en pleine piste avant de devoir se satisfaire de la troisième place. Snuggles, la jument la plus délaissée au betting, créait une grosse surprise, même si son dernier titre avait été obtenu sur cette piste, et se classait au pied du podium devant Pentaour, l’autre petit poids de la course, qui produisait une belle rentrée et devrait à court terme faire sien un premier handicap.  

Engagé idéalement au premier poteau, au plafond des gains, Hubble du Vivier n’a pas manqué l’objectif lavallois que lui avait fixé son mentor Sébastien Ernault. Après avoir pris le volant du peloton au premier passage en face, le trotteur élevé par Jean-Yves Lecuyer s’est joué de ses adversaires en avançant sans jamais mollir sur une piste plate qu’il affectionne. Dans le coton de son sillage, Illusion Jipad était aussi bien inspiré qu’aspiré par le leader pour conserver l’accessit d’honneur malgré le finish de Bordeaux S. qui avait lancé les hostilités en troisième épaisseur dès l’ultime boucle. Bien que ferré, Gendréen s’installait au pied du podium devant Gipsy de Chamant. Un Quinté que votre quotidien vous indiquait en cinq chevaux avec en bonus le Quarté dans l’ordre. La victoire attendue du bon « Hubble » ne permettait cependant pas aux rapports de s’envoler malgré la présence d’outsiders au bout de la combinaison gagnante. Le représentant de Sébastien Ernault méritait cela dit amplement sa médaille mayennaise et d’empocher le second Quinté d’une déjà belle carrière. Une juste récompense après un fructueux hiver à Vincennes… sans néanmoins parvenir à s’imposer.  

Pluie soutenue depuis tôt le matin, terrain très profond, il fallait absolument des aptitudes de nageur pour remporter mardi le Prix Teddy, le Quinté qui lançait le printemps clodoaldien. Et s’il en était un qui voyait arriver cet engagement d’un bon œil c’est bien Satoshi Kobayashi. Déjà parce que son candidat Short Final apprécie les pistes alourdies, parce qu’il n’a jamais déçu au Val d’or et qu’il court généralement bien sur sa fraîcheur. Dès lors, même s’il venait d’encaisser cinq livres supplémentaires, qu’il effectuait sa rentrée tout en montant de catégorie, tous les feux passaient au vert. Et les autres ont vu rouge en mettant les freins à trois cent mètres du poteau quand « Short » sortait le maillot de bain pour le plongeoir. Etatique, le tenant du titre, et Opalus Rose, le favori, ne pouvaient que constater cette autorité et s’octroyer les accessits devant Maroon Six, qui a ramassé les « noyés », et Murciano. Première victoire de Quinté pour le fils de Zelzal à l’occasion de ses débuts dans la catégorie et second Quinté pour Laura Grosso qui n’avait certainement jamais trouvé les handicaps voire le métier aussi faciles.