Les mots nous manquent pour qualifier la performance réalisée dimanche par Look de Vega dans le Prix du Jockey Club (Grp. I). Il était le plus inexpérimenté au départ de ce Groupe I, mais il était surtout le seul cheval invaincu. Et il risque de le rester pour quelques temps encore. Ayant merveilleusement voyagé dans l’ombre de Ramadan, le représentant de Carlos et Yann Lerner a pris ses responsabilités à trois cents mètres de l’arrivée, puis s’est envolé comme un vieux cheval à qui il ne reste plus rien à apprendre. Ronan Thomas, qui venait de remporter son premier Groupe I en France, et pas des moindres, le Derby français, en tirait beaucoup de fierté tout en encensant son associé. « Je n’ai jamais eu peur de dire toute l’estime que j’avais pour ce poulain. Je suis ravi qu’il ne me fasse pas mentir. Je n’ai pas monté beaucoup de champions, mais celui-là sort de l’ordinaire ». Des propos rejoints par Yann Lerner, « Look de Vega a un truc incroyable ». Vingt-trois ans après Anabaa Blue, la famille Lerner domine de nouveau cette belle génération. First Look n’a pu s’opposer au fils de Lope de Vega, ni Sosie qui n’avaient depuis longtemps que les accessits comme seule perspective. Quant au Britannique Ghostwriter il n’avait que les places au pied du podium, en lot de consolation, à disputer à Mondo Man. Look de Vega grimpait de catégorie. Désormais il ne peut plus aller plus haut ! Bravo petit champion !

Notre consultant Mikaël Mescam s’était montré très optimiste dans nos colonnes. Iorana Vallis avait désormais deux courses en haies dans les jambes, elle renouait avec les gros obstacles où il la jugeait plus percutante et de surcroît elle retrouvait une valeur identique à celle qui lui avait déjà permis l’an passé de gagner son Quinté à Compiègne. A cela, il signifiait encore que sa jument adorait Auteuil et le terrain lourd. Oui, mais sur ce parcours de 3500 mètres, qui exige vitesse et tenue, il fallait aussi la course sur mesure et la jeune Léa Suisse a apporté la cerise sur le gâteau au terme d’un sprint à quatre après le saut de la dernière difficulté. Les animateurs rentraient dans le rang, les attentistes s’expliquaient et Iorana Vallis prenait une longueur d’avance qu’elle conservait jusqu’au poteau bien que constamment menacée par les petits poids Pas de Quartier et Inzeo Du Gouet ainsi que Dentor des Obeaux. Risk du Brizais prenait le dernier ticket. Un samedi pas comme les autres pour Léa Suisse, qui remporte sa 55^ème victoire, la première de l’année, et son premier Quinté.

Le Prix de la Musique n’a pu éviter la morosité du temps alsacien. Un pénétromètre indiquant très souple mercredi à Strasbourg, mais un terrain bien plus profond selon Tony Piccone qui n’a surtout pas soufflé sur les nuages. Et pour cause… Woot City est un véritable nageur comme en témoignait ses deux récents accessits obtenus dans des Quintés clodoaldien et cantilien. Certes, il restait sur une déconvenue à Fontainebleau, mais comme tout cheval d’âge le fils de Wootton Bassett a bien droit à ses mauvais jours. En tout cas, cette contre-performance a rapidement été gommée malgré un départ mi-figue, mi-raisin. Mais ensuite, la course s’est déroulée pour lui avec d’abord un wagon de trois pour le rapprocher dans la ligne d’en face et le bon dos de Moonflight en début de ligne droite le temps d’allonger ses foulées pour aller chercher Très Rock Women qui confirmait sa belle rentrée du côté de Fontainebleau. Derrière les deux favoris de la course, une pluie d’outsiders avec, respectivement, Rosetta Stone, Auen Adventure et Warelia. Pas de Mykiss, pas de Kapani ni de Jazzmen pourtant inscrits au tableau d’honneur de l’édition 2023… mais sur une piste bon-souple. Woot City engrange donc un second Quinté après celui enlevé à Lyon l’an passé à la même époque. Joli mois de mai pour l’élève de Fabrice Chappet.

Des 4 ans ayant peu d’expérience, des débutants sur les balais voire même un inédit, aucune valeur établie sur les treize partants, la sagacité des turfistes était mise à rude épreuve mardi dans un Prix Aladdin, une course à conditions à Auteuil, où la lampe magique devenait de première nécessité. Et pour compliquer le tout, c’est un cheval effectuant une grosse rentrée qui s’est imposé. Son nom ? Ci Ppo Ra. Plus revu depuis un cuisant échec pour ses débuts sur l’hippodrome de Saint-Brieuc. Oui mais… depuis, ce hurdler a changé d’entourage et c’est désormais sous la férule de Florian Bellemère qu’il se produit. Un entraîneur dont le taux de réussite dans les Quintés attire l’attention. On se souvient encore du succès récent de Ella Duchic à Compiègne qui avait surpris tout son monde à plus de 50/1. Et déjà avec Baptiste Le Clerc. Ce dernier a monté il est vrai son poulain pour le détendre un maximum dans le dos des animateurs avant de faire un bon bout sur le plat pour dominer Another World qui a longtemps cru en son premier titre. Worth It, le favori, sauvait les meubles en s’octroyant le dernier accessit devant Maccarellu et Karma d’Airy. Le plus triste n’est pas le succès de ce gentil sauteur au nom italien, mais le fait que ce Prix Aladdin eut été choisi pour voler au secours du handicap divisé du jour auquel seuls douze chevaux avaient été inscrits. L’obstacle reste plus que jamais en danger, comme l'a souligné à juste titre Mickaël Seror…