Le fait est si rare qu’il doit doublement être souligné. Dans la dernière préparatoire au Prix Camabaceres qui couronnera le meilleur hurdler de 3 ans, Kivala du Berlais a rangé son tablier de maiden en s’imposant directement dans un Groupe II, le Prix Georges de Talhouet-Roy. Le fils de Saint des Saints, qui restait sur une série de trois accessits en autant d’apparitions, a bénéficié de la monte d’un Gabin Meunier en état de grâce. En effet, le jockey, qui restait sur deux victoires lors de ses derniers déplacements à Strasbourg et à Auteuil mardi dernier, s’est montré à la hauteur des événements puisqu’il remportait les deux Groupes du jour. D’abord pour la casaque Papot dans le Prix Magne (Grp. III), puis ensuite pour David Cottin. Avantagé par un terrain lourd, Kivala du Berlais a longuement accompagné Nietzsche Has, leader de la promotion durant le premier semestre, avant de le déposer sur le plat sans laisser Sain d’Esprit l’approcher. Dans une épreuve sélective où l’on notait, notamment, les chutes de Djin’s et de Lovemec de Houelle, deux des favoris, les cartes sont rebattues. Il reste cinq semaines à ces champions en herbe pour préparer au mieux la « belle ».

Il est carrément déclassé. Après avoir survolé le Quinté du 28 septembre sur les balais d’Auteuil, Marvel de Cerisy a une fois de plus terrassé l’opposition dans le Quinté dominical sur la Butte Mortemart. Un joli doublé avec autant de facilité sur les haies que sur les gros obstacles. Ménagé au cœur du peloton, le représentant de Noël George et d’Amanda Zetterholm s’est contenté de prendre la tête au début de la ligne droite avant de creuser son avance sur un peloton qui n’a pu que le suivre des yeux. Hupeca de Thaix réglait File au Poteau au sprint et informe ses futurs adversaires palois sur son niveau de forme, tandis que Kerida, en préparation pour le Prix Montgoméry le 24 octobre prochain, donnait des motifs d’espoir à David Cottin en se classant quatrième devant Dentor des Obeaux.  La seule interrogation qui subsiste à l’issue de ce Quinté est de savoir où et quand Marvel de Cerisy va s’arrêter. Une chose est certaine, il n’a jamais été aussi étincelant.

Quel spectacle ! Que la ligne droite fut longue pour Little Orélie constamment menacée par une Lambada du Gutier transcendée par son plaquage des quatre pieds. Un face à face haletant comme on les aime à l’arrivée de cette édition 2024 du Saint-Léger des Trotteurs, le second Groupe I destiné aux trotteurs de 3 ans au Monté. Déjà troisième du Prix d’Essai, derrière Lexie de Banville, la grande absente de ce rendez-vous, la petite pouliche entraînée et pilotée par Mathieu Mottier a dû sortir le grand jeu. Le chrono en dit long sur le rythme de ce classique puisqu’il affichait 1’12’’6 soit près d’une seconde de moins que le record que détenait J’aime le Foot (1’13’’2). Lochan a aidé les aiguilles à vibrer en donnant l’impulsion à la course, mais les attentistes ont eu le beau rôle et c’est un trio au féminin qui faisait la une puisque Lovissime ponctuait son parcours à la troisième place. Fille de Feeling Cash et de Orélie de Retz, tous deux vainqueurs de Groupe I dans la spécialité, Little Orélie marche sur les sabots de ses géniteurs. La relève est d’ores et déjà assurée.

Bis repetita. Comme à Meslay-du-Maine il y a moins de deux semaines, Gard s’est joué de ses adversaires dans le Prix de Loucelles, le Quinté disputé samedi sur l’hippodrome de Caen. Comme à Meslay-du-Maine, le représentant de Franck Delanoë a pris dès la volte la tête et la corde et s’est imposé facilement. Comme à Meslay-du-Maine, encore, le lauréat s’est senti pousser des ailes avec son sulky américain. Seul changement, Eric Raffin, retenu à Cordemais, avait laissé sa place dans le fiacre à François Lagadeuc. Comme à chaque fois, il n’a pas été simple pour les éléments des vingt-cinq mètres de combler leur handicap à La Prairie, néanmoins Hélios Somolli et Gamin de Mahey justifiaient leurs cotes très basses pour s’emparer des accessits devant Goldy Smile (quelle ligne à droite après avoir eu du mal à négocier le dernier virage !) et Gipsy Thoris. Une arrivée somme toute logique et un excellent début de réunion pour François Lagadeuc qui signait déjà un doublé en trois courses disputées.

Mise volontairement au repos par Antoine Marion après une saison estivale qui n’est pas vraiment sa préférée, Hanika du Lupin a effectué un retour gagnant, mercredi à Enghien, dans le Prix des Gobelins. Habituellement facétieuse, la partenaire de Matthieu Abrivard s’est installée en tête peu avant le premier tournant puis ne s’est plus jamais laissé inquiéter. Pourtant, derrière elle, les deux favoris, Haitian Fight Song et Happy Marancourt ont bien sprinté, mais sans pouvoir remonter la fille de Vittel de Brévol. Ce n’était pourtant pas de la Vittel qui tombait sur une piste détrempée mais à 7 ans, la lauréate a de la bouteille et sait rester sage… quand elle le veut. Harpie de Jed et Gianina Bella officialisaient un Quinté sans grandes surprises malgré les conditions météo. Depuis son succès du 17 février à Laval, Hanika du Lupin avait été sanctionnée six fois pour ses allures en dix productions. Ce jour-là elle s’était imposée tête et corde. Une tactique doublement payante !   

Entre le papier de la veille et la réalité du lendemain beaucoup de pluie était tombée sur l’hippodrome d’Auteuil. Terrain collant voire lourd qui allait arranger les affaires de Kam’n Gin, spécialiste des profondeurs. Aidé comme si cela ne suffisait pas par le plus petit poids de la course, le partenaire de Théo Chevillard n’a cessé de gagner des rangs dans la ligne droite pour s’imposer en toute quiétude devant By Exeter, mardi, dans le Prix Guillaume de Pracomtal. Surinfil achevait son exercice troisième pour corroborer une arrivée essentiellement composée d’outsiders. Mais où sont donc passés les favoris Chimichuri et Blissimo ? Ce dernier a été arrêté, sans ressources après avoir longtemps mené, tandis que le pensionnaire de Marcel Rolland, lui aussi vu aux avant-postes dans la première moitié de course, rentrait dans le rang dès le début de la phase rectiligne. La météo a donc changé la donne au grand bonheur de Giada Menato, l’entraîneure transalpine établie à Chantilly, récompensée d’un premier Quinté.