Il y a six mois, personne ne pouvait se douter qu’une Gazelle serait au départ de l’édition 2025 du Prix de Cornulier. Une Gazelle, oui, oui, ça va forcément plus vite qu’un trotteur. Celle-ci n’atteindra peut-être pas les 100 km/h sur une pointe, mais possède suffisamment de vitesse et de tenue pour donner chaud aux principaux favoris. Gazelle de Val a couru sept fois au trot monté pour autant de succès et la petite championne d’Eric Lambertz a parfaitement réussi son test au plus haut niveau dimanche en balayant l’opposition du Prix du Calvados, dernière épreuve qualificative à la belle du 19 janvier. Si elle avait précédemment montré qu’elle était intraitable à l’issue d’un parcours caché, la partenaire de Mathieu Mottier l’a fait cette fois à la dure, opérant la sélection dès la mi-montée pour gagner la queue en trompette. « Dans le Cornulier ce sera différent. Ce n’est qu’une préparatoire » tempérait son jockey en abordant à chaud la tactique du jour J. Quoi qu’il en soit, Idéale du Chêne, Hirondelle du Rib et les autres auront du pain sur la planche. Edition Géma se classait deuxième et Jasmine de Vau, troisième, gagnait son ticket pour un droit au rêve à l’issue d’une fin de course magistrale. Ce « Calvados » nous a fait tourner la tête. Gazelle de Val est enivrante. 

On l’a souvent vu se placer face aux meilleurs de sa génération. Cheval de classe, Jack Tonic devait dimanche affronter cette fois les vieux dans un Quinté très ouvert, le Prix de Lille. Mais quand on connait la forme de l’écurie Duvaldestin, les turfistes n’avaient pas hésité une seconde à le couronner favori. Et ils ont eu raison. Même si, dans la montée, le chouchou des parieurs était mal embarqué nez au vent en épaisseur. Accélérant au poteau des mille mètres, le partenaire de Théo venait épauler au front Hedic Géma. Contré un instant, le fait de baisser les œillères dynamisait le fils de Charly du Noyer qui s’envolait pour remporter un succès qui le fuyait depuis le mois d’avril dernier. Dernier dans le tournant final, Indy Rock n’a jamais pu le remonter tout en s’octroyant une magnifique seconde place devant Greco Bello, toujours là, Horchestro, adorant ce parcours, et Hedic Géma qui conservait de justesse une place dans la bonne combinaison. En ayant terminé à une encolure de Jushua Tree et de Justin Bold fin novembre dans un Groupe II, Jack Tonic affrontait certes des chevaux chevronnés mais qui, pour lui, restent de grands enfants.  

Il avait loupé son grand objectif dans le Prix de Vincennes (Grp. I). Mais Lionheart, en jeune cheval de classe, n’a pas fait faux bond à ses partisans une seconde fois en enlevant haut la main, dimanche, le Prix d’Enghien, un Groupe III sur le parcours classique. Dans un bourbier comme Vincennes en propose rarement, le pensionnaire de Jean-Michel Bazire a pris un départ volant pour s’imposer de bout en bout avec une certaine marge. Lovissime a bien essayé de l’attaquer en début de ligne droite après avoir « sucé » ses roues sans toutefois que Guillaume Martin ne puisse inquiéter l’associé d’Eric Raffin. Comme dans le sommet de la génération trois semaines plus tôt, Lisbonne Dry s’adjugeait le dernier accessit en dominant au sprint Little Orélie qui avait dû contourner le peloton dans la montée après une sage course à l’arrière garde. Lionheart rugit à nouveau et s’affiche comme le roi des 4 ans même s’il lui faudra réellement asseoir ce statut face à la douée et titrée Lexie de Banville, la grande absente de ce semi-classique.   

Le 4 janvier 2024, Gys dominait Giant Madrik en revenant de très loin pour s’offrir son premier Quinté. Le 4 janvier 2025, Gys a voyagé dans le wagon de deux, puis s’est décidé à attaquer dans le tournant final pour faire plier le favori Hoche à une centaine de mètres du poteau. Même schéma de course, même finish époustouflant et même sourire pour Eric Beauvais, son entraîneur, copropriétaire et éleveur qui tient là un trotteur pétri de vitesse et taillé pour réussir sur les 2100 mètres de Vincennes. Hoche a quant à lui eu du mal à finir son parcours tout en résistant à la double attaque de Furioso Fligny et de Galion alors que Hardi Crown se classait cinquième. De Limours à Breteuil, le nom des Prix de ses victoires de Quintés, il n’y avait qu’un pas… et un Benjamin Rochard parti pour réaliser une toute aussi belle année que la précédente. 

En quittant 2024 avec un cumul de 88 victoires, soit sa meilleure année, l’écurie d’Alain et Arnaud Chavatte a du pain sur la planche pour faire de 2025 un aussi bon cru. Mais dans les boxes de cette sympathique équipe il y a les éléments pour faire tout aussi bien… voire mieux. A commencer par Jabalpur qui restait sur deux succès, dont un Groupe III, et pour qui le réveillon de la Saint-Sylvestre n’a rien changé même s’il fallait souhaiter ses vœux à quelques candidatures européennes ambitieuses. Aimant la vitesse et adorant assurer le tempo de l’épreuve, le partenaire de Gabriele Gelormini a pris les commandes en plaine et n’a jamais laissé Global Dubhe croire un instant à ses chances. L’Italien Dea Sprint Bar s’emparait du dernier accessit, le tiercé se jouant côté corde sans que les positions ne varient dans l’épilogue. Edgar Saba et Coral Coger, pour ses débuts en France, se classaient ensuite. Cela faisait trois ans que le Prix d’Angoulême n’avait plus été remporté par un trotteur français. L’écurie Chavatte a remis les points sur les « i » signant par la même occasion un coup de deux avec ses deux partants, Lizzano d’Alouette volant dans la ligne droite du Prix de Croissanville une demi-heure plus tôt. 

Fidèle à sa constante réussite, Jean-Paul Marmion a remporté mardi le Prix de Poitiers faisant de Halicia Bella la dernière lauréate de l’année 2024. Drivée de façon trop offensive lors de sa plus récente apparition, la fille de Bold Eagle et de Talicia Bella, bénéficiant d’un engagement au cordeau, a eu cette fois le parcours sur mesure dans le sillage de Hasard d’Erable… enfin jusque dans le haut de la montée quand l’associé de Clément Thomain commettait l’irréparable. Nez au vent et en épaisseur, Alexandre Abrivard, en joker de luxe suite à l’absence d’Antoine Wiels, n’avait d’autres choix que d’aller défier plus tôt que prévu Yoann Lebourgeois aux commandes de l’animateur et favori Headscott, ce qu’il fit de brillante manière. Mère courage, Gipsy de Chamant ajoutait une troisième place à sa collection d’accessits tout en dominant Harmonista et Gaotcho Jiel qui perdait son invincibilité à Vincennes tout en rassurant après sa désillusion cagnoise. Avec 87 succès au compteur, Jean-Paul Marmion ferme ce chapitre 2024 en beauté (ou en Bella), lui qui affiche quatre victoires avec ses cinq derniers partants.