Deux Groupes dominicaux sont tombés dans l’escarcelle de l’écurie dirigée par Laurent-Claude Abrivard. Après l’émotion provoquée par Junkie, la vraie consécration a été apportée par Maître Jacques qui a enlevé en poulain déclassé – et c’est peu dire – le Critérium des Jeunes, premier Groupe I du calendrier de la génération des « M », soit des 3 ans. Parti à sa main après un départ prudent, Alexandre Abrivard a propulsé son associé en tête devant les tribunes avant de construire la victoire comme il l’a souhaitée. Sans donner dur à son partenaire, le crack driver ne lui a réellement demandé de s’allonger que dans le dernier kilomètre pour s’envoler en vrai cheval d’avenir sans la moindre opposition. Mille Etoiles se classait logiquement deuxième devant Mack de Blary, le plus riche de l’épreuve dans les raquettes de départ, et Missandei. Uniquement devancé dans le Prix Paul Viel par Golden Gio, qui n’est pas n’importe quel cheval, Maître Jacques écrase sans contestation possible sa promotion française. Un trotteur qui marquera à vie la team Abrivard puisqu’il lui permet de parapher ce Prix Comte de Montesson pour la première fois. Un rêve de longue date pour Laurent-Claude qui n’a désormais plus dans le viseur qu’un Prix d’Amérique. Ce ne serait que logique pour couronner un travail d’orfèvre depuis des décennies. A Maître Jacques de prendre notamment exemple sur les illustres Ready Cash ou Général du Pommeau…

Dimanche, le Prix de la Gacilly n’a pas souri aux favorites. Aucune des trois juments les plus jouées n’a pu intégrer le Quinté. Pourtant, à l’intersection des pistes, encore, Jetida et Picture Perfect, les deux préférées des turfistes, semblaient contrôler la course. Mais dès le tournant final, on devinait très vite que les rapports allaient s’envoler tout comme de nombreux espoirs. Sur une simple accélération, Dada del Ronco enrhumait les deux animatrices sans savoir que le réel danger était vraiment dans son sillage. Elle s’en apercevait quelques mètres plus loin, à mi-ligne droite, quand Junkie passait à l’offensive pour quérir un facile succès qui la fuyait depuis plus d’un an. Jouvence de Carel rappelait que les « Duvaldestin » restent à la pointe du combat en s’octroyant le dernier accessit devant Jalouz d’Oliverie et Icône d’Erable. Junkie offre à la famille Levesque une dose de bonheur en signant la septième victoire de sa carrière, la seconde depuis qu’elle évolue pour la casaque de l’écurie du Béryl.

De la joie et beaucoup de peine suite au succès de I Can Dream. Enorme contraste dans les propos d’Alexandre Abrivard à l’issue du Prix Pontavice de Heussey (Grp. III) dimanche. « C’est sûrement la dernière course de sa carrière, son propriétaire voulant la rentrer au haras, et je l’adore », expliquait le pilote. Deuxième du Prix de Normandie, jument de niveau classique, ayant connu il y a un an une blessure au boulet qui entraînait une intervention chirurgicale, I Can Dream a quitté Vincennes en empruntant le tapis rouge après avoir éliminé au début de la ligne droite le vétéran de la course et favori, le bon Filwell qui perdait sur le fil l’accessit d’honneur au profit de Gold Voice. La petite pépite entraînée par Laurent-Claude Abrivard qui, une fois encore, a réalisé un travail exceptionnel pour la voir revenir au plus haut niveau, pourrait donc quitter la compétition sur deux victoires consécutives et un bilan final de dix succès. Un doute subsiste néanmoins sur sa participation au début du mois de mars dans le Prix Henri-Desmontils (Grp. I) pour les trotteurs d’âge. Pas vraiment de quoi consoler Alexandre, très ému, « ça c’est mon père et son propriétaire qui décideront ».    

Le Prix Beugnot lançait la saison des Quintés sur la Butte Mortemart. Un moment peu évident pour les turfistes qui devaient choisir entre les rentrants et ceux qui avaient déjà beaucoup donné dans les Meetings palois et cagnois. Le lauréat, lui, était entre deux eaux. Revenant de Pau sur une piste d’Auteuil qu’il apprécie, Just In Time Blue arrivait cependant avec beaucoup de fraîcheur n’ayant plus été revu en piste depuis le 2 janvier. Sa position de favori, alors qu’il portait les œillères pour la première fois, était donc toute trouvée. Mais ses preneurs ont dû se ronger les ongles car Jardin Secret, en position de chasse-patate entre la fuyarde Starvina et le peloton, a longtemps donné l’impression de permettre au jeune Arthur Duvacher de remporter le premier Quinté qu’il disputait. C’était sans compter sur le retour en grande pompe de Just In Time Blue qui l’exécutait à quelques mètres du poteau avec un Raphaël Mayeur tout heureux d’enlever le premier événement de sa carrière. Les attentistes n’ont jamais pu refaire de terrain sur Lou Fast, troisième, Rêve de Prince et Numerus Borget qui avaient avalé les 3600 mètres sans jamais sortir des six premiers d’un peloton étiré. Auteuil revient pour une pluie de Quintés lors de nos week-ends. Un signe que le printemps n’est plus très loin. 

Mauzun est un petit village du Puy de Dôme. Peut-être même le plus petit. C’est aussi la signature de l’élevage que dirige Jean-Philippe Ducher, l’Auvergnat le plus connu du Monde hippique. Tout petit village, mais grand entraîneur. Alors, généralement, quand il monte à Paris ce n’est pas pour manger une potée. Mais si ce dernier s’associe à Jean-Michel Bazire c’est tout aussi délicieux. Preuve en a encore été apportée mercredi dans le Prix de Château-Gontier. Grandissime favori, Istoric Mauzun, objet d’une grosse prise au moment du premier faux départ, a longtemps été englué à la corde. Tout du moins depuis la mi-montée. Contraint de reculer derrière Houston de Cuigny, en plein naufrage, il fallait, pour JMB, attendre d’arriver aux raquettes de départ pour voir le jour et sprinter de belle manière pour régler Idréamis qui pensait sûrement avoir créé la décision à deux cents mètres du disque. Hélia de Fromentin à plus de 70/1 subtilisait de justesse le dernier accessit à Indice d’Argent devant Isis de la Ferme. On pourrait parler d’une ligne droite « historique » pour un lauréat qui ne cesse de s’améliorer malgré ses 7 ans. Deux visites à Vincennes cet hiver pour deux succès sur 2100 et 2700 mètres et une neuvième victoire en trente courses. Rien que ça…

Les jours se suivent et se ressemblent pour l’écurie de Romain Derieux. A Cagnes comme à Vincennes. Même si nous étions mardi bien des étages en dessous du Prix de France, l’écurie francilienne a encore raflé la mise dans le Prix de Dieppe grâce à Kwalita Suprême. Les attentistes ont, il est vrai, été favorisés par Kandie Djob qui n’a jamais laissé au peloton le temps de tergiverser. Attaquée peu avant le tournant final par la favorite Kelle Haufor, fautive alors qu’elle semblait comme la dernière fois souveraine, la jument de Mickaël Lecourt reprenait un départ, mais que la ligne droite est longue après plus de deux mille mètres de course. Le rush de Kwalita Suprême devenait alors imparable et Jean-Michel Bazire s’envolait pour l’entraînement de Romain Derieux. Kaline du Jour revenait de très loin pour estampiller le second ticket devant Kandie Djob qui n’a jamais vraiment lâché le morceau. Kaline du Locheur et Kara d’Or faisaient elles aussi plus loin leur entrée dans le Quinté devant un malheureux Alexandre Abrivard. Sixième, Kynte Flush, en effet, en a vu de toutes les couleurs sans bénéficier d’un parcours royal.